Les conservateurs écossais préfèrent que l’interdiction des thérapies de conversion s’étendent aux personnes transgenres

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6 avril 2022

Le gouvernement conservateur du Royaume-Uni prévoit d’exclure les personnes transgenres du projet de loi visant à interdire les thérapies de conversion, mais le Parti conservateur écossais n’est pas d’accord, à un mois d’élections locales.

chaussettes lors d'une gay pride soutenant les droits LBGT

Le projet d’interdire les thérapies de conversion crée des dissensions au sein des conservateurs du Royaume-Uni, à un mois seulement des élections locales du 5 mai.

Depuis 2018, le Royaume-Uni prévoit d’interdire les thérapies de conversion, mais la controverse a éclaté après une modification du projet la semaine dernière. En 2018, le plan établi par l’administration de Theresa May interdisait les thérapies de conversion qui tentaient de changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’un individu.

Mais le gouvernement de Boris Johnson a décidé que les personnes trans ne seraient pas incluses dans la loi. Elle ne s’appliquerait donc qu’à l’orientation sexuelle d’une personne. En décembre dernier, il avait été décidé d’étendre la période de consultation sur le projet pour entendre toutes les opinions.

Boris Johnson a déclaré que « nous aurons une interdiction de la thérapie de conversion des homosexuels, une pratique qui est pour moi tout à fait odieuse. Mais il y a des complexités et des sensibilités lorsque vous passez du domaine de la sexualité à la question du genre. Là, je crains qu’il y ait des choses qui, à mon avis, restent encore à définir. » Il considère également que les personnes nées hommes ne devraient concourir avec les femmes dans les événements sportifs et que les femmes devraient pouvoir avoir accès à des installations, comme les toilettes ou des vestiaires, qui leur soient spécifiquement dédiés.

Le ministre de la Santé, Sajid Javid, a justifié qu’une approche « plus prudente » doit être adoptée pour les personnes qui disent avoir une dysphorie de genre car il « semble que des médecins devraient pouvoir chercher si quelque chose en est la cause », comme un traumatisme ou un abus sexuel dans l’enfance.

Cette décision a provoqué un tollé parmi les groupes LGBT et le gouvernement a été contraint d’annuler une conférence phare autour des droits des LGBTQ+.

Elle a également créé des dissensions du côté des conservateurs.

Iain Anderson, conseiller du gouvernement pour les questions LGBTQ+, a démissionné et envoyé une lettre à Boris Johnson demandant « tolérance et respect » pour les personnes transgenres. Jamie Wallis, un député conservateur qui a fait son coming-out la semaine dernière se disant trans, s’est dit « amèrement déçu » par le nouveau cadre législatif.

Le Scottish Conservative Party, en pleine campagne pour les élections locales du 5 mai, a décidé d’avoir un point de vue différent de ses homologues de Westminster et est favorable à l’inclusion des personnes transgenres dans une loi interdisant les thérapies de conversion.

Le parti est autonome par rapport au parti conservateur britannique dans sa direction et sa structure interne et peut parfois avoir des visions différentes de Londres.

Contrairement au gouvernement britannique, les Tories sont le parti d’opposition au sein du gouvernement écossais. Ils sont unionistes, c’est-à-dire favorables à une Écosse faisant partie du Royaume-Uni, tandis que le principal parti politique, le Scottish National Party, qui prône l’indépendance, fait partie d’un gouvernement de coalition avec les Verts écossais.

Les conservateurs soutiendraient une interdiction des thérapies de conversion incluant les personnes transgenres si elle était discutée au parlement écossais, le Holyrood. Selon le Scotsman, une porte-parole du parti, Meghan Gallacher, a déclaré que les Tories s’en tiendraient à leur promesse du manifeste.

Le manifeste est le programme politique du deuxième parti d’Écosse publié en 2021 pour les élections locales. Ils se sont engagés à « travailler avec le gouvernement britannique pour mettre fin à la thérapie de conversion en Écosse » afin de « s’attaquer aux préjugés et à la discrimination sous toutes ses formes pour s’assurer que personne n’est empêché de réussir en raison de sa couleur de peau, de sa sexualité, de son genre, de sa religion ou de son handicap ».

Cependant, les conservateurs écossais se sont malgré tout engagés à avoir des toilettes et des vestiaires non mixtes dans les services publics locaux des comtés qu’ils remportent aux élections. Cette mesure peut potentiellement exclure les personnes transgenres des lieux pour lesquels elles s’identifient. Leur manifeste local comprendra un engagement à protéger des espaces réservés aux femmes, a déclaré Meghan Gallacher au Daily Mail, affirmant que « nous ne pouvons pas permettre que des droits acquis de longue date soient érodés ».

La vision se rapproche donc de celle du Scottish National Party, même si celui-ci est également divisé sur ces questions, qui proposait de voter une loi contre les thérapies de conversion si le gouvernement britannique ne le faisait pas.

Des élections locales auront lieu à travers le Royaume-Uni le 5 mai durant lesquelles les 1 219 sièges des 32 administrations territoriales écossaises seront soumis au vote de la population.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.