Alors que le drapeau norvégien fête son 200e anniversaire, le gouvernement propose une loi pour s’adapter à la vie avec le COVID-19 en donnant plus de flexibilité pour hisser divers drapeaux au sommet des bâtiments publics indépendamment des événements physiques qui se déroulent au même moment. Mais une consultation publique a montré que les Norvégiens semblaient rejeter cette libéralisation du hissage de drapeau.

A ce jour, seuls le drapeau norvégien, le drapeau sami – d’une communauté autochtone nordique – ou les drapeaux officiels locaux peuvent être hissés sur les bâtiments publics.
Mais le gouvernement propose de laisser les municipalités et les comtés décider d’arborer un autre drapeau lors de célébrations, d’anniversaires ou d’événements d’intérêt général. Il pourrait s’agir du blason de l’équipe sportive locale lors d’un match important, du drapeau des Nations unies lors de la journée de l’ONU ou du drapeau arc-en-ciel lors du défilé de la marche des fiertés.
La loi initiale fut adoptée en 1933 lorsque des drapeaux rouges, symboles du communisme, avaient été hissés sur les mairies lors de célébrations du 1er mai.
Depuis, les municipalités ont reçu le droit de hisser différents drapeaux depuis 2014, à condition que cela soit lié à un événement se déroulant à l’intérieur du bâtiment. Mais avec le COVID-19, un rassemblement a peu de chances de se produire physiquement dans les locaux de la mairie, ce qui rend impossible le changement de drapeau ou un soutien symbolique. Ainsi, le gouvernement cherche à adapter sa législation et à offrir plus de flexibilité aux municipalités.
Une consultation a déjà été faite en 2016 auprès des municipalités, mais le gouvernement n’a pas donné suite avec un amendement. Une consultation plus récente lancée en 2020 a montré que la position des représentants publics et de la population diffère.
Sur les 50 municipalités qui ont donné leur avis, 62% d’entre elles étaient en faveur de la possibilité de hisser un drapeau sans lien avec un événement se déroulant dans le bâtiment. En revanche, sur les 3 000 particuliers, dont 1 600 ont donné leur nom, seules 21 personnes soutiennent la même position que les municipalités. Plus de 2 000 d’entre eux souhaitent en fait que la loi reste inchangée.
Les Norvégiens craignent des drapeaux qui pourraient créer la polémique
Les personnes qui ont exprimé leur point de vue craignent des débats inutiles, les poliémiques, les frustrations ou un manque d’unité dans le pays.
Comme le mentionne un particulier, « ceux qui se voient refuser le droit de hisser leur drapeau risquent de se sentir discriminés et traités injustement ». Une autre personne souligne qu’un nouveau règlement peut rendre « très exigeant le fait de fixer des limites au niveau local. […] Je pense qu’il est très important qu’à une époque de polarisation croissante dans de nombreux pays démocratiques, les bâtiments des pouvoirs publics et le symbole de l’autorité locale soient maintenus comme unificateurs ».
Une préoccupation majeure pour les municipalités ou les organisations est en effet la définition de l’intérêt général, afin qu’il n’apporte pas de division au sein de la population.
La municipalité de Fredrikstad, qui compte 80 000 habitants, déclare qu” »un accès étendu au pavoisement peut conduire à des situations de conflit et de division entre les habitants ». De même, l’association Human-Ethical considère que « les drapeaux qui peuvent être interprétés comme un soutien à des mouvements controversés ou à des organisations qui sèment la discorde et des valeurs qui ne sont pas dans l’intérêt du public ne devraient pas être autorisés ».
Les consultations publiques récoltent-elles majoritairement l’avis de ceux qui rejettent les propositions ? Le gouvernement a tout de même décidé de proposer l’amendement de la loi.
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Sources et liens utiles :
- Prop. 105 L (2020–2021), gouvernement norvégien, mai 2021, accès libre