Le ministre de l’Intérieur a présenté un rapport de faisabilité sur la commercialisation du cannabis à usage médical, cosmétique et industriel. Le premier marché projeté serait l’Europe. Pour les agriculteurs cela pourrait être plus rentable que la production avec une augmentation de 46% des revenus.
Le 4 mai, le ministre de l’intérieur Abdelouafi Laftit a présenté à la Chambre des représentants un rapport de faisabilité détaillant l’opportunité commerciale du cannabis légal. Le gouvernement marocain a en effet proposé une loi dans laquelle la plante pourrait être utilisée à des fins thérapeutiques, cosmétiques ou industrielles.
Le cannabis à usage thérapeutique est un marché qui connaît une croissance annuelle de 60% en Europe. Le marché pourrait croître de 564 millions d’euros aujourd’hui à 58 milliards d’euros en 2028.
Le premier marché prévu pour les produits médicaux du Maroc serait l’Europe en raison de son potentiel de consommation et de son accessibilité. Les États-Unis interdisent le commerce international des produits issus du cannabis. Les exportations vers l’Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne pourraient rapporter 25 milliards de dollars par an en 2028, soit 43% des recettes d’exportation anticipées. La France et l’Italie ont le potentiel de générer 17 milliards de dollars, soit 29% des recettes en 2028, mais le cannabis n’est pas légal dans ces deux pays.
Le pays dispose des infrastructures logistiques, des conditions climatiques et du savoir-faire technique nécessaires pour investir le marché d’une plante qu’il produit depuis des décennies.
Le Maroc, premier producteur mondial de haschisch
Le Maroc est le premier producteur de haschisch au monde, la forme compressée du cannabis. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, le pays produit chaque année 700 tonnes de cannabis, pour une valeur de 23 milliards de dollars (19 milliards d’euros). Selon le Royaume du Maroc, 55 000 ha ont été cultivés en 2019, soit plus que la taille de petits pays comme Malte ou Andorre. Pourtant, les terres dédiées à la culture du cannabis ont diminué au cours des 20 dernières années malgré un rebond ces dernières années. En 2003, l’ONUDC évaluait la production de cannabis à 47 000 tonnes sur 134 000 hectares de parcelles. En 2014, le gouvernement a déclaré que les terres cultivées de cannabis avaient été réduites à 47 000 hectares, avec l’objectif, non atteint, d’atteindre 30 000 hectares seulement.
Le commerce du cannabis pourrait augmenter les revenus des agriculteurs qui le cultivent illégalement. Aujourd’hui, un hectare de cannabis peut rapporter jusqu’à 75 000 dirhams par an (7 000 euros). Avec la dépénalisation du cannabis à usage thérapeutique dans un plus grand nombre de pays, le cannabis thérapeutique pourrait rapporter 110 000 dirhams (10 000 euros) par hectare chaque année. Il s’agit d’une augmentation potentielle de 46 % des revenus des agriculteurs selon le gouvernement.
Avec son projet de dépénalisation du cannabis, le gouvernement vise à convertir les terres en cultures légales utilisées pour la médecine, les vêtements ou les cosmétiques. Il espère également réduire les divers risques liés à la contrebande et à l’utilisation de la plante.
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Sources et liens utiles :
- Cannabis médical : le revenu net annuel pourrait atteindre les 110.000 DH/Ha, Gouvernement marocain, mai 2021