Les Philippines et les États-Unis ont recommencé le Balikatan, leur exercice militaire annuel à grande échelle, après deux années perturbées par la pandémie de Covid-19 et l’incertitude quant à la continuité des exercices entre les deux alliés.

Les Philippines et les États-Unis ont lancé le Balikatan 22 consistant en des exercices militaires se déroulant du 28 mars au 8 avril.
Balikatan – qui signifie épaule-contre-épaule en tagalog, la langue nationale philippine avec l’anglais – est un exercice militaire annuel conjoint entre les deux pays. Mais en raison de la pandémie de Covid-19, l’opération de 2020 a été annulée et celle de 2021 a été limitée à seulement 640 soldats philippins et américains.
Cette année est l’une des plus grandes itérations organisées avec la participation de 3 800 membres des forces armées philippines et de 5 100 militaires américains. L’entraînement portera par exemple sur la sécurité maritime, les opérations amphibies et les opérations aériennes entre autres exercices, selon l’ambassade des États-Unis.
Ce 37e Balikatan coïncide avec le 75e anniversaire de la coopération américano-philippine en matière de sécurité. Les Philippines et les États-Unis ont un traité de défense mutuelle, ce qui signifie qu’ils doivent s’aider mutuellement en cas d’agression. En outre, les États-Unis peuvent stocker des équipements militaires sur plusieurs bases militaires philippines.
Balikatan 22 permet également de montrer la coopération entre les deux pays, alors que les Philippines étaient censées se retirer de certains accords militaires. « Notre alliance reste une source essentielle de force et de stabilité dans la région indo-pacifique », a déclaré le général de division américain Jay Bargeron, commandant de la 3e division des Marines.
En février 2020, le président Rodrigo Duterte avait soudainement demandé à se retirer du Visiting Forces Agreement. L’accord fournit un cadre juridique permettant aux États-Unis d’organiser des exercices et des opérations militaires conjointes aux Philippines.
Mais après avoir reporté sa décision à plusieurs reprises, le président a décidé de maintenir l’accord avec les États-Unis alors que la Chine se fait plus menaçante en mer de Chine méridionale. Le président avait pourtant choisi de se rapprocher de la Chine lors de son arrivée au pouvoir en 2016, mais « certaines choses dans la vie ne peuvent être négociées », avait déclaré Duterte en avril 2020.
La Chine rejette une décision de la Cour internationale de justice de 2016 disqualifiant ses revendications maritimes d’environ 90 % de la mer de Chine méridionale.
Les exercices se dérouleront principalement dans la partie nord des Philippines, à proximité de Taïwan et de la Chine.
Mais les États-Unis ont déclaré lundi que les exercices ne sont pas une démonstration de force alors qu’ils se déroulent dans un contexte de tensions en mer philippine, de la guerre en Ukraine ou des revendications chinoises sur Taïwan.
Ces exercices seront les derniers sous Duterte qui quittera ses fonctions en juin prochain ; les présidents ne sont pas autorisés à renouveler leur mandat de six ans aux Philippines.
Les Philippines sont le plus grand bénéficiaire de l’aide militaire américaine dans la région indo-pacifique. Depuis 2015, ils ont livré pour plus de 57 milliards de pesos philippins (1,14 milliard de dollars) d’avions, de navires, de véhicules blindés, d’armes légères d’équipements et entraînements aux Philippines. Au cours des deux dernières années, les États-Unis ont fourni 110 millions de dollars (5,65 milliards de pesos philippins) d’aide par le biais du Foreign Military Financing.
Vendredi dernier, les États-Unis, par l’intermédiaire du Bureau des affaires internationales de stupéfiants et du Fonds d’urgence pour la sécurité mondiale, ont fait don de 18 moteurs de bateau d’une valeur de 31,5 millions de pesos philippins (630 000 dollars) pour soutenir les opérations maritimes des forces civiles des Philippines. Le 10 février, ils ont remis quatre avions Cessna 172 Skylark à l’armée de l’air navale des Philippines dans le cadre d’une subvention de 298,1 millions de pesos philippins (5,8 millions de dollars) au titre du FMF qui serviront à former de membres des forces aéronavales.
Cette année, la Chine a également fait don aux Philippines d’équipements militaires d’une valeur d’un milliard de pesos philippins (19 millions de dollars), comprenant notamment des combinaisons pour le déminage et des véhicules de transport, dont un premier lot a été reçu en février. « Ce don militaire de la Chine montre bien que nos deux nations peuvent avoir des relations civiles, diplomatiques et amicales malgré certains problèmes de revendications territoriales », a déclaré le secrétaire à la défense Delfin N. Lorenzana.