Avec une courte majorité, l’Uruguay a décidé de maintenir 135 lois promulguées sous l’administration de Luis Lacalle Pou lors d’un référendum qui s’est avéré être un test de mi-mandat pour le gouvernement.
Le 27 mars, l’Uruguay a organisé un référendum portant sur l’abrogation d’un ensemble de règles. La population a décidé de les maintenir.
Les résultats, légalement contraignants, maintiennent 135 lois qui faisaient partie des 476 articles de la Loi sur les considérations urgentes (LUC). Introduite en mars 2020 après la récente élection de Lacalle Pou, la LUC a été adoptée au Congrès en juillet 2020 et fut la première loi promulguée par le gouvernement de coalition nouvellement formé. Présentée comme le projet phare du gouvernement libéral, elle réforme les secteurs de l’éducation, du travail, de l’administration publique, des finances et de la sécurité.
Mais 28 % de la loi aurait pu être abrogé en cas de victoire du oui.
Les articles contestés comprenaient une législation plus sévère concernant les affaires de trafic de drogue, les crimes d’adolescents ou la résistance aux forces de police. Des articles réduisent également l’utilisation de l’argent en espèces. Les loyers sans garantie sont facilités avec le processus d’expulsion des locataires. Les manifestations sous forme de sit-in ou qui « occupent les espaces publics ou empêchent la libre circulation » sont interdites. L’Uruguay a également introduit un contrôle accru des prix des carburants et préparé la libéralisation d’entreprises publiques dans les secteurs des télécommunications et de l’énergie, comme la compagnie pétrolière Ancap.
La possibilité de conserver son numéro de téléphone après avoir changé d’opérateur était également l’un des articles de la LUC remis en cause lors du référendum d’initiative populaire.
Environ 85% des 2,6 millions de personnes ayant le droit de vote ont participé au référendum. Les personnes qui ne votent pas ou qui n’ont pas de raison valable de ne pas l’avoir fait sont exposées à une amende de 1 428 pesos uruguayens (33 dollars) dans le pays.
Compte tenu du nombre d’articles de loi contestés, le référendum était considéré comme un test d’approbation de l’action gouvernementale. Les sondages d’opinion montraient que l’issue du scrutin était incertaine car ils montraient une grande proportion d’indécis.
Le non, soutenu par le président uruguayen Luis Lacalle Pou, l’a emporté avec 51,1% des voix. Les votes blancs ont été considérés comme un vote en faveur du maintien des lois, c’est à dire du non. Il y a eu 1,31% de votes blancs, attestant de la victoire serrée du gouvernement.
Le PIT-CNT, un syndicat national de travailleurs, et le parti d’opposition de gauche Frente Amplio, qui a dirigé le pays de 2005 à 2020, avaient recueilli plus de 672 000 signatures, soit 25 % de l’électorat, pour demander un référendum. Ils ont accepté les résultats du scrutin.
« Regarder la situation dans son ensemble est ce qui fait la force institutionnelle de l’Uruguay », a déclaré le président après avoir voté dimanche. « Il y a peut-être deux visions politiques différentes, mais il n’y a qu’une Uruguay », a ensuite réagi le président, critiqué par l’opposition pour avoir fait campagne pour le non, après l’annonce des résultats.
Malgré une victoire serrée à mi-chemin de son mandat de 5 ans, le chef de l’État semble conforté par le résultat puisqu’il a promis de poursuivre sur d’autres séries de réformes. « Nous continuons avec la même volonté, avec une coalition qui a offert de la solidité dans la diversité, » a‑t-il déclaré en conférence de presse.