La Malaisie et l’Indonésie ont signé un accord visant à améliorer les conditions des travailleurs domestiques indonésiens. L’Indonésie est le plus grand vivier de travailleurs étrangers en Malaisie.
Alors que de récents cas de violences et de problèmes de sécurité ont émergé, les dirigeants d’Indonésie et de Malaisie ont signé début avril un accord garantissant une meilleure protection des travailleurs domestiques indonésiens chez leur voisin.
La Malaisie étant un pays relativement stable économiquement, de nombreux Indonésiens et travailleurs d’autres pays voisins s’y rendent à la recherche d’emplois dans la construction, l’agriculture ou en tant qu’employés de maison. En Malaisie environ 15 % de la main-d’œuvre totale est étrangère, selon le département des statistiques du pays. Avec approximativement 700 000 travailleurs en 2018, les Indonésiens constituent le plus grand contingent de travailleurs étrangers, bénéficiant d’une proximité géographique, culturelle et linguistique.
Mais se posent également des problèmes de violence et de discrimination dont sont victimes les travailleurs indonésiens en Malaisie. Engagés dans des emplois peu qualifiés, les travailleurs étrangers sont particulièrement vulnérables aux abus. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), chaque année, plus de 200 travailleurs indonésiens sont confrontés à des cas de violences verbale ou physique, de violation de leurs droits avec de bas salaires et des horaires excessifs. Le nombre est en augmentation et a atteint 500 victimes au cours des dernières années.
Un protocole d’accord a été signé le 1er avril entre les responsables des deux pays lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté le président indonésien Joko Widodo et le premier ministre malaisien Ismail Sabri Yaakob, afin d’offrir une meilleure protection aux travailleurs domestiques.
Avec la fermeture des frontières due à la pandémie de COVID-19 et l’accord précédent qui a expiré en 2016, le protocole d’accord pourrait inciter davantage de migrants indonésiens à aller travailler en Malaisie qui est en recherche de main-d’œuvre.
Les Malaisiens pourraient embaucher une main d’œuvre moins chère que les Indonésiens
L’accord instaure un mécanisme qui garantira un environnement adapté aux travailleurs indonésiens tout en fixant des règles et des règlements pour les employeurs qui préserveront la protection des salaires tout en établissant des mécanismes de plainte. Les recrutements seront centralisés et facilités, réduisant les coût de procédure.
Il vise à fixer le salaire minimum à 1 500 ringgit malaisiens (347 USD) pour les travailleurs domestiques indonésiens. Il y aura également un jour de congé par semaine et un minimum de 10 heures de repos par jour.
Cette mesure a toutefois suscité des inquiétudes en Malaisie. Elle pourrait inciter les employeurs malaisiens à chercher des travailleurs étrangers ailleurs qu’en Indonésie, dans des pays comme le Vietnam, le Cambodge, le Sri Lanka, le Népal, le Bangladesh ou les Philippines. Par ailleurs, de nombreux ménages malaisiens pourraient ne pas être en mesure de payer un tel salaire minimum, ce qui réduirait les possibilités d’emploi pour les employés de maison. Le président de la Malaysian Maid Employers Association (Mama), Engku Ahmad Fauzi Engku Muhsein, a fait part de ses préoccupations et a appelé les autorités à se pencher sur la question.
En revanche, l’accord pourrait à l’avenir s’avérer bénéfique pour l’industrie de l’huile de palme en Malaisie, principalement composée de travailleurs indonésiens. Les travailleurs attendent cet accord depuis des mois, car il devrait faciliter l’embauche de travailleurs indonésiens dans les plantations. Bien que l’Indonésie soit le plus grand producteur d’huile de palme au monde, de nombreux Indonésiens partent travailler en Malaisie, le deuxième producteur mondial. Les Indonésiens sont mieux payés et profitent d’un taux de change favorable pour renvoyer de l’argent dans leur pays.
Ce nouvel accord aide également à lutter contre l’immigration clandestine et les plus de 1,5 million de travailleurs indonésiens sans papiers en leur offrant des moyens légaux d’entrer en Malaisie, principalement par le biais de visas professionnels. Selon Migrant CARE, un groupe de défense des droits humains basé à Jakarta, près de 100 000 à 200 000 Indonésiens entrent illégalement en Malaisie par la mer pour y travailler chaque année.