Depuis le 28 juin, les citoyens et résidents de Monaco peuvent disposer d’une identité numérique. La Principauté revendique être l’un des pays les plus avancés dans le domaine. Pourtant, elle offre des services communs à de nombreux pays jusqu’à présent.
À partir de juin 2021, les nouvelles cartes d’identité monégasques pourront être délivrées avec la possibilité d’utiliser son identité en ligne pour les procédures légales.
Annoncé le 28 juin, les 10 000 citoyens monégasques et 30 000 résidents de la Principauté pourront décliner leur identité via un smartphone ou un ordinateur. Ils pourront signer électroniquement des documents officiels avec la même valeur juridique qu’une signature manuscrite. Ils pourront demander un acte d’état civil ou se connecter à leurs fournisseurs d’énergie ou de services de télécoms.
Pour ce faire, les nouveaux détenteurs de cartes d’identité devront utiliser un lecteur de carte connecté à l’ordinateur ou télécharger une application mobile gérée par la Principauté. Un code PIN à 5 chiffres sera nécessaire pour les authentifications sur ordinateur, et un mot de passe à 6 chiffres sur mobile. Le téléphone à portée de main peut être nécessaire si les données d’identité doivent répondre au protocole de sécurité le plus élevé.
Les cartes d’identité numériques ne permettent pas le vote électronique, mais le micro-État n’exclut pas cette possibilité à l’avenir.
L’identité numérique est un moyen de protéger le domaine public, alors que des sociétés privées comme Facebook ou Google, en gérant des masses gigantesques de données personnelles, deviennent presque de fait des substituts de l’autorité publique pour les identités en ligne.
Monaco prétend être l’un des cinq pays les plus avancés au monde en matière d’identité numérique, avec l’Estonie ou Singapour. Pourtant, l’identité numérique monégasque ne fournit pour l’instant qu’un service d’authentification électronique et facilite le passage des frontières, à l’instar de ce que font d’autres pays de la région.
46 pays proposent déjà l’authentification pour les services publics numériques
L’Estonie est en effet le pays le plus avancé avec 20 ans d’expérience en la matière. Depuis 2014, l’Estonie fournit en outre des certificats de résidence électronique permettant aux entreprises ou aux entrepreneurs de s’enregistrer dans le pays sans nécessairement y vivre.
Mais en 2020, 46 pays proposaient une authentification pour les services publics numériques similaire à celle de Monaco.
En Italie, la carte nationale d’identité électronique avec un tel service est en place depuis 2016. Pour un prix de 23 euros, environ 21 millions de cartes d’identité numériques italiennes ont été fournies à partir de juin 2021.
Depuis 2009, tous les Belges disposent d’une carte d’identité électronique, qui a ensuite été mise à jour avec les empreintes digitales en 2020. Dans les pays nordiques comme la Suède, la Norvège, la Finlande et le Danemark, l’adoption des cartes d’identité électroniques est l’une des plus élevées au monde.
Cependant, peu de pays ont adopté pour l’instant un service complet soutenu par le gouvernement à grande échelle, avec un système de vote électronique ou l’intégration de services bancaires par exemple.
Selon un rapport de McKinsey, la confiance dans le service et dans le gouvernement est un facteur clé de succès. La récurrence de l’utilisation et une bonne expérience utilisateur en sont d’autres. Si l’identité numérique n’est utilisée qu’une ou deux fois par an, un code PIN ou un numéro d’identification devient juste un mot de passe de plus à retenir.
Les besoins en matière d’identité numérique ont augmenté avec le Covid-19
En fait, certains pays ont des difficultés pour accroître l’adoption des cartes d’identité numériques, comme la Nouvelle-Zélande ou le Japon. L’objectif de Monaco est de faire en sorte que les deux tiers des citoyens et résidents monégasques soient équipés du nouveau système d’ici à la fin 2022, soit environ 25 000 personnes.
Mais la pandémie de Covid-19 a accru les besoins en systèmes d’accès numériques à Monaco et dans d’autres pays.
Au Royaume-Uni, par exemple, environ 35 000 personnes créaient un compte d’identité numérique chaque semaine avant l’apparition du virus. Mais le nombre de comptes créés chaque semaine a plus que doublé entre mars et mai 2020, car les personnes demandaient les aides financières du gouvernement.
En 2019, environ 60 % de la population de l’Union européenne, répartie dans 14 États membres, pouvait utiliser une carte d’identité électronique nationale à l’étranger. Le programme « Une Europe digne de l’ère numérique » fait partie de la stratégie 2019–2024 de l’UE. En juin 2021, la Commission européenne a défini un cadre pour une identité numérique européenne pour 449 millions de personnes.
« Extended Monaco », le programme d’innovation numérique de la Principauté a également démarré en 2019. Mais la mise en œuvre pour 40 000 personnes s’est faite plus rapidement.
