PwC Australie, englué dans un scandale fiscal, se sépare de 8 associés et tente de sauver sa réputation

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3 juillet 2023

PwC Australie s’est séparé de huit associés alors que l’entreprise essaye de sauver sa réputation engluée dans un scandale fiscal.

Immeuble PwC
Immeuble PwC à Milan en Italie. Illustration | © Adriano

Le 3 juillet, PricewaterhouseCoopers Australie a annoncé le départ de huit associés pour « manquements professionnels ou de gouvernance ». Les huit associés ont quitté la société ou sont en cours de départ.

Il s’agit de la dernière annonce en date d’une série de mesures prises par PwC Australie pour tenter de limiter les dégâts sur la réputation de l’entreprise, engluée depuis le début de l’année dans un scandale fiscal avec le gouvernement australien.

PwC aidait le gouvernement fédéral australien à élaborer une fiscalité internationale plus stricte. Mais dans le même temps, elle aurait conseillé des entreprises étrangères pour les éviter.

Après une enquête interne, l’entreprise a déclaré qu’elle avait « identifié un certain nombre de cas précis où les normes professionnelles ont été violées concernant l’utilisation abusive d’informations confidentielles ou d’autres problèmes examinées par l’ATO », l’Australia Tax Office, ainsi qu’un « manquement de la direction et de la gouvernance à traiter ces problèmes de manière adéquate ».

Fin mai, PwC avait demandé à neuf associés ayant un rôle de direction ou de gouvernance de se mettre en congé dans l’attente des résultats de leur enquête interne.

PwC a maintenant nommé les personnes impliquées et Tom Seymour est l’un des huit associés quittant l’entreprise. Ancien directeur général de PwC Australie, il a démissionné en mai après avoir admis avoir reçu des emails contenant des informations confidentielles sur les projets fiscaux du gouvernement.

Comme annoncé la semaine dernière, Kevin Burrowes, Global Clients and Industries Leader basé à Singapour, déménagera et prendra la direction de l’entreprise en Australie. Ce mouvement est considéré comme une reprise en main des opérations australiennes par PwC Global, alors que les conséquences du scandale sur l’entreprise à l’échelle internationale sont encore incertains.

Pour PwC Australie, l’objectif de ces changements est « d’assumer la responsabilité, de remodeler la culture de l’entreprise et, surtout, de regagner la confiance de ses parties prenantes ».

La semaine dernière, un groupe anonyme d’associés de PwC Australie a émis des doutes quant à l’indépendance des enquêtes internes destinées à identifier les personnes directement impliquées dans le scandale fiscal et dénonçait que l’on faisait porter le gros du scandale sur les associés les plus récents et les moins expérimentés.

Les huit départs s’ajoutent aux quatre anciens associés qui ont déjà quitté le cabinet pour avoir été impliqués dans les fuites de données confidentielles.

Le scandale oblige l’entreprise à vendre ses activités de conseil au gouvernement australien, tant au niveau des États qu’au niveau fédéral, qui représentent environ 20 % de son chiffre d’affaires en Australie. Environ 1 750 employés et 130 partenaires travaillent dans le secteur du conseil aux gouvernements, qui génère un chiffre d’affaires annuel d’environ 600 millions de dollars australiens (367 million d’euros).

Il semblerait en effet peu probable que PwC obtienne de nouveaux contrats avec le gouvernement fédéral et les gouvernements des États à la suite de ce scandale.

Le 25 juin, PwC Australie a annoncé qu’il avait conclu un accord d’exclusivité pour céder ses activités auprès du gouvernement fédéral et des États à l’investisseur privé Allegro Funds pour 1 dollar australien. Les deux parties prévoient de signer un accord d’ici la fin du mois de juillet.

PwC fait l’objet de multiples enquêtes, y compris d’une enquête criminelle concernant l’affaire.

En 2015, l’ancien responsable de la fiscalité internationale de la filiale australienne, Peter Collins, aidait le gouvernement fédéral à élaborer des lois fiscales internationales plus strictes. Le gouvernement cherchait à empêcher les entreprises d’échapper aux impôts en transférant plusieurs fois leurs bénéfices d’une structure à l’étranger à une autre pour finir dans un paradis fiscal.

Malgré les accords de confidentialité, l’ancien responsable de la fiscalité internationale a communiqué au personnel de PwC, en Australie et à l’étranger, des informations et des documents confidentiels obtenus dans le cadre de contrats avec le gouvernement.

En janvier, l’Australian Financial Review a révélé que M. Collins avait été radié par le Tax Practitioners Board en fin d’année dernière parce qu’il avait partagé des informations et des documents confidentiels obtenus lors de consultations avec le Trésor public.

En 2016, le Bureau australien des impôts (ATO) s’inquiétait déjà du fait que quelques entreprises multinationales cherchaient « de manière suspecte et rapide » à restructurer leurs opérations en réponse aux nouvelles régulations contre l’évasion fiscale.

Mais PwC affirme que les clients n’ont jamais été impliqués dans de tels agissements et qu’aucune information confidentielle n’a été utilisée pour leur permettre de payer moins d’impôts.

Le scandale soulève également des questions sur les conflits d’intérêts entre l’audit, l’expertise comptable et le travail de conseil, et sur la question de savoir si une seule entreprise peut opérer dans tous les domaines à la fois, comme le font PwC et d’autres grands groupes de conseil.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.