Singapour interdit un livre pour avoir influencé la radicalisation d’un militaire

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24 juin 2021

Singapour a interdit un livre qui a incité un jeune homme de 20 ans à se radicaliser et à planifier un attentat terroriste. Il faisait partie de l’armée singapourienne.

Le 24 juin, le ministère des communications et de l’information de Singapour a déclaré qu’il interdisait un livre parce qu’il faisait la promotion du « djihad armé » et qu’il contenait des « opinions extrémistes qui encouragent l’hostilité entre les différentes communautés religieuses ». Les autorités ont découvert le livre alors qu’elles enquêtaient sur un projet d’attentat par un Singapourien radicalisé contre une synagogue.

Un homme de 20 ans a été arrêté selon la loi sur la sécurité intérieure en février 2021 parce qu’il avait projeté d’attaquer une synagogue de Singapour à l’aide d’un couteau. Comme il craignait de ne pas pouvoir devenir un martyre – c’est-à-dire être arrêté et ne pas mourir en combattant – il avait également prévu de se rendre à Gaza. L’homme était un militaire à temps plein des forces armées de Singapour.

Il s’était radicalisé en raison du ressentiment qu’il avait développé à l’égard du conflit israélo-palestinien.

Sa haine a commencé à émerger lorsqu’il a regardé en ligne des vidéos de bombardements en provenance d’Israël en 2014. Il a commencé à soutenir le Hamas en 2015 après avoir lu un livre qu’il avait acheté à l’étranger sur les actions des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, l’aile militaire du Hamas. Le livre a été édité en 2015 par un éditeur malaisien.

Synagogue Maghain Aboth à Waterloo Street à Singapour
La synagogue Maghain Aboth à Waterloo Street à Singapour, où l’homme voulait mener une attaque terroriste | Gaurav Vaidya, 2010

Un livre « encourageant le djihad armé »

Le gouvernement de Singapour a donc décidé d’interdire la publication en sollicitant la loi sur les publications indésirables (Undesirable Publications Act). Cet outil de censure, appliqué depuis 1967, peut restreindre tout contenu qui inclut de la pornographie, l’horreur, de la cruauté, les discours de haine, les offenses à l’harmonie raciale et religieuse, ou la consommation de drogue qui est « préjudiciable au bien public ».

La liberté d’expression est extrêmement limitée à Singapour. Le pays est 160ème dans le classement mondial de la liberté de la presse 2021 de Reporters sans frontières.

Le Conseil religieux islamique de Singapour, qui conseille le président sur l’identité musulmane singapourienne, estime que le livre « véhicule des idées problématiques en encourageant le djihad armé ».

« La promotion de points de vue religieux extrémistes et d’idéologies qui encouragent la violence, l’hostilité et la méfiance ne correspondent pas aux valeurs de l’islam ou de la communauté musulmane de Singapour », a déclaré le conseil. Nommés par le président de Singapour, les membres du Conseil avaient également approuvé la décision d’interdire neuf livres d’un prédicateur islamique en 2017.

Depuis le 25 juin, l’importation, la publication, la vente ou l’offre de vente, la fourniture ou l’offre de fourniture, l’exposition, la distribution ou la reproduction de tout extrait du livre constituent un délit. Tous ceux qui possèdent déjà le livre doivent le remettre à la police.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.