La majorité des Belges opterait pour des jours de vacances supplémentaires au lieu d’une semaine de travail de quatre jours, selon une nouvelle étude.

Depuis le 21 novembre 2022, la loi donne la possibilité aux salariés qui travaillent en Belgique d’effectuer leur semaine de travail sur quatre jours, après autorisation de leur employeur. Mais à peine 0,5% des salariés y ont recours, selon une étude menée par Acerta, une entreprise de service de ressources humaines, en février 2023.
Une nouvelle étude du prestataire de services RH Tempo-Team, menée en collaboration avec la professeure Anja Van den Broeck, experte en motivation au travail à l’université de KU Leuven, l’université catholique de Louvain, et citée par la RTBF, montre que près de six personnes interrogées sur dix (57 %) déclarent craindre les inconvénients d’une semaine complète de travail en quatre jours. Pour les employés, ce chiffre s’élève même à 61%. La première raison invoquée : beaucoup craignent que la charge de travail soit trop importante pour être achevée en quatre jours ou qu’une semaine de travail de quatre jours à temps plein soit trop fatigante ou stressante.
Une grande majorité de travailleurs (74%) préfèrent maintenir la semaine de travail de cinq jours et bénéficier davantage de jours de vacances.
Près de la moitié des salariés (51%) sont même prêts à voir leur salaire diminuer de 10% contre davantage de jours de vacances, qu’ils considèrent comme un meilleur moyen de parvenir à un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. La diminution de salaire est légèrement plus populaire parmi les employés (54%) que chez les ouvriers (46%). L’idée est particulièrement appréciée par les salariés ayant des enfants à charge (54 %).
Actuellement en Belgique, la durée des vacances doit être de 24 jours au moins pour douze mois de travail.
L’étude montre également que la motivation et la satisfaction au travail jouent un rôle prépondérant dans les préférences des sondés : ceux qui apprécient leur travail déclarent qu’ils ont moins besoin de jours de vacances supplémentaires ou de temps libre.
Un échantillon représentatif de 2 500 salariés a été interrogé pour cette étude en septembre 2023.
En Belgique, dans la majorité des entreprises, les salariés travaillent en moyenne 38 ou 39 heures par semaine. La loi sur la semaine de quatre jours du 21 novembre 2022, aussi connue sous le nom de « deal pour l’emploi », proposait de maintenir la même durée hebdomadaire en la répartissant sur quatre jours au lieu de cinq. Pas de perte de salaire, ni d’incidence sur le montant de la retraite. En revanche, pour un salarié à 38 heures par semaine, cela représente quatre journées de travail de 9h30.
Pour obtenir cette réorganisation du temps de travail, le salarié doit en faire la demande auprès de son employeur, qui a un mois pour répondre. En cas d’accord, celui-ci est valable pour une durée de six mois, renouvelable. Tout refus doit être motivé.
L’objectif affiché était de favoriser la conciliation entre vie professionnelle et vie privée.
Le pourcentage des 20–64 ans ayant un emploi en Belgique est inférieur à la moyenne européenne : 71 %, contre 73 % dans la zone euro et 81 % en Allemagne ou aux Pays-Bas, selon Stabel, l’office belge de statistiques. L’objectif du deal pour l’emploi était de passer à 80 % d’ici à 2030, notamment pour préserver le système des retraites. La mesure n’a apparemment pas su convaincre son public.
Au Royaume-Uni, de juin à décembre 2022, 61 entreprises ont participé à la plus grande expérimentation jamais menée sur le sujet : le temps de travail de 2 900 salariés a été réduit de 20 %, sans toucher aux salaires. Les résultats montrent qu’une semaine de travail réduite a des effets significatifs sur le bien-être du personnel et facilitent la rétention des salariés, ont expliqué les chercheurs de l’université de Cambridge, qui ont travaillé en collaboration avec l’université de Boston et le think tank Autonomy sur cette expérimentation menée par 4 Day Week Global, une organisation mondiale dont l’objectif est de changer l’avenir du travail en travaillant plus intelligemment.
Plus récemment, l’Allemagne a également vu l’idée de la semaine de quatre jours gagner du terrain. La société de conseil en organisation du travail Intraprenör va piloter la première grande expérimentation à travers le pays, en partenariat avec 4 Day Week Global.
Début 2024, 50 entreprises de tailles et de secteurs différents vont tester pendant six mois la réduction du temps de travail à salaire égal, avec l’objectif d’une productivité maintenue. Intraprenör, qui a déjà instauré la semaine de quatre jours pour tous ses salariés depuis 2016, dit avoir à l’heure actuelle 33 candidatures d’entreprises intéressées.