Un partenariat entre le gouvernement sud-africain et Google pour supprimer des itinéraires des GPS

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14 novembre 2023

Le géant mondial de la technologie a déclaré avoir commencé à supprimer de son système un itinéraire qui a conduit plusieurs touristes aux abords d’un bidonville à problèmes.

Vue aérienne du Cap
Vue aérienne du Cap | © Tobias Reich

La ministre sud-africaine du Tourisme, Patricia de Lille, a cosigné ce lundi 13 novembre un protocole d’accord avec le directeur de Google Afrique du Sud, Alistair Mokoena, dans le but de stimuler le tourisme sud-africain.

L’une des mesures phares du projet consiste à retirer certains itinéraires Google Maps, notamment un trajet conduisant à l’aéroport international du Cap, qui dirigeait les voyageurs aux abords du bidonville de Nyanga.

La décision de Google intervient après une série d’incidents aux alentours du quartier de Nyanga. Il y a quelques semaines, un touriste américain, Walter Fischel, a été blessé d’une balle dans la tête alors qu’il était coincé dans les embouteillages aux abords du bidonville, sur la route de l’aéroport international du Cap.

L’attaque de Fischel s’est produite peu de temps après qu’un chirurgien britannique, le Dr Kar Hao Teoh, a été tué par balle alors qu’il se rendait à l’aéroport via cette même route.

En mars 2023, une femme sudafricaine, Leonie van der Westhuizen, est décédée aux alentours du même quartier, après qu’une pierre eut brisé la vitre de sa voiture et touché à la tête, déclenchant un arrêt cardiaque.

Lors de la signature de l’accord ce lundi, le directeur de Google Afrique du Sud, Alistair Mokoena, a déclaré qu’il avait été en contact avec les autorités locales pour identifier les zones à risques. Il s’agit notamment du quartier de Nyanga et de l’intersection de l’aéroport, qui ne seront bientôt plus recommandés par Google comme itinéraires les plus rapides entre la ville du Cap et l’aéroport international.

Dans le communiqué annonçant le partenariat avec Google, De Lille a expliqué l’avantage des collaborations avec ces entreprises. « À l’ère de la transformation numérique, les alliances entre géants de la technologie et les entités gouvernementales ont le potentiel de remodeler les industries et d’améliorer les services publics », a‑t-elle déclaré.

« Ce protocole d’accord vise à accroître la collaboration entre le gouvernement et le secteur privé, car il est de notre responsabilité collective de développer et de renforcer le secteur du tourisme. Si nous voulons développer de manière significative le tourisme et sa contribution à l’économie et à la création d’emplois, la collaboration avec le secteur privé est vitale », a‑t-elle déclaré.

Les autres points clés du partenariat comprennent une formation numérique dispensée par Google aux acteurs du tourisme pour commercialiser leurs activités en ligne et une présentation du patrimoine culturel et des sites touristiques sud-africains via le portail Google Arts & Culture, un service mis en ligne par Google en février 2011, permettant notamment de faire la visite virtuelle de divers musées ou projets à caractère culturels et patrimoniaux.

Le projet inclut également un partage de données entre Google et le gouvernement sud-africain pour fournir un aperçu des tendances en matière de tourisme. Ces informations pourraient ensuite être utilisées par le gouvernement pour cibler des marchés touristiques spécifiques et adapter les expériences aux attentes des visiteurs, indique le communiqué.

Cela fait suite à un protocole d’accord signé le 29 août dernier par la ministre avec un autre géant de la tech, la plateforme mondiale d’hébergement Airbnb, dans le but de créer un système national d’enregistrement des locations à court terme. Une base de données nationale sera créée afin d’assurer la transparence du marché. Airbnb et le ministère du tourisme collaboreront également sur un programme de développement des compétences axé sur la diffusion des avantages du tourisme auprès des personnes défavorisées.

« En tirant parti de la portée mondiale d’Airbnb et de sa compréhension du marché, cette collaboration vise à créer un impact positif sur les communautés locales, les voyageurs et l’industrie du tourisme dans son ensemble. L’objectif principal de cette collaboration est de développer une relation entre le ministère et Airbnb, pour exploiter et stimuler le tourisme au niveau national et international. Les données dont nous disposons sur le secteur non réglementé de la location à court terme sont insuffisantes, ce qui empêche une prise de décision politique réfléchie. L’accès aux données Airbnb ne peut que contribuer à engendrer de meilleures décisions de notre part », avait alors commenté la ministre.

En mars 2020, Airbnb avait déjà signé un partenariat incluant un partage de données avec la Commission européenne.

« Cela permettra aux pouvoirs publics de mieux comprendre le développement de l’économie collaborative et de soutenir des politiques fondées sur des données concrètes », avait commenté Paolo Gentiloni, commissaire chargé de l’économie la Commission européenne, dans un communiqué.

Les données partagées incluent notamment le nombre de clients utilisant les plateformes de location à court terme et le nombre de nuits réservées.

Julie Carballo

Julie Carballo est correspondante pour Newsendip.

Auparavant, elle a notamment travaillé pour Le Figaro et au bureau de Rome pour l'AFP.