Une votation pourrait interdire les pesticides en Suisse et avoir des conséquences sur les terrains de football

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19 mai 2021

Une initiative citoyenne visant principalement les produits alimentaires et agricoles pourrait interdire les fongicides de synthèse en Suisse, ce qui pourrait avoir des conséquences sur le gazon utilisé dans le sport.

Pelouse F.C. Lorient
En 2018, le F.C. Lorient a dû délocaliser un match en raison du mauvais état de sa pelouse.

Si elle est approuvée le 13 juin, l’initiative populaire interdira l’utilisation de pesticides de synthèse en Suisse pour l’agriculture, la transformation des aliments ou l’entretien des jardins publics et privés.

L’initiative populaire est une forme de démocratie directe introduite en Suisse en 1891. Les citoyens peuvent proposer de modifier les lois fédérales s’ils recueillent 100 000 signatures, soit 1,2 % de la population suisse, en moins de 18 mois. Les Suisses votent pour ou contre l’initiative qui, si elle est adoptée, sera appliquée malgré les avis du Conseil fédéral et de l’Assemblée fédérale.

Les deux entités ont désapprouvé l’initiative car elle interdirait également l’importation de denrées alimentaires produites à l’aide de pesticides.

Le Conseil fédéral, composé de 7 membres qui font office de chef d’État collectif de la Suisse, considère que l’initiative est trop abrupte car elle « affaiblirait l’offre de denrées alimentaires produites en Suisse et réduirait le choix des aliments importés ».

Mais la loi aurait également un impact sur les activités autour du gazon et des pelouses, comme le football ou le golf.

Pour les joueurs de football professionnels, une bonne pelouse peut être essentielle pour le jeu.

L’entretien du terrain s’avère être un coût substantiel pour les clubs. Par exemple, le club de Swansea, engagé dans la 2ème ligue anglaise, dépense environ 30 000 livres par an et a changé son terrain pour 550 000 livres au printemps dernier. Et la plupart des clubs utilisent des fongicides pour tuer les champignons, les mauvaises herbes ou les insectes qui affecteraient le gazon.

En France, un décret donne plus de temps aux clubs professionnels pour arrêter les pesticides

Les rayons ultraviolets sont parfois utilisés pour tuer les germes présents sur le terrain. Mais selon David Gadze, porte-parole du FC Saint-Gall, le plus ancien club de football suisse engagé en première division, « les rayons UV ne peuvent tuer que les champignons sur l’herbe, pas ce qui est souterrain et attaque les racines » a‑t-il expliqué à Blick. En 2017, le FC Bâle, deuxième club de football le plus titré de Suisse, a dû changer complètement sa pelouse à cause d’un champignon.

L’été peut être dangereux pour les pelouses de football, surtout en cas de canicule. Avec les sécheresses estivales de 2018, les clubs de football français ont dû faire face à une prolifération du Magnaporthe oryzae, responsable d, Gray leaf spot, la tache grise, qui tuait à l’origine les plants de riz, et qui donnait une teinte jaune au gazon. En 2018, Le FC Lorient, qui venait d’abandonner sa pelouse synthétique pour du gazon naturel pour 1,6 million d’euros, a dû délocaliser un match 500 kilomètres plus loin à cause de l’état de sa pelouse.

Néanmoins, la France a publié en janvier 2021 un décret interdisant l’utilisation de pesticides dans les infrastructures accueillant du public, ce qui inclut donc les stades de football. Les terrains de football devront respecter la loi d’ici juillet 2022.

Cependant, les clubs professionnels ont jusqu’à 2025 pour s’y conformer, un délai principalement pour éviter de perturber les organisations sportives dans le cadre de la préparation des Jeux olympiques de Paris en 2024.

Dans l’histoire de la Suisse, environ 10 % des initiatives populaires sont approuvées sans modification ni processus parlementaire. Cependant, elles jouent toujours un rôle dans l’évolution de la politique du pays.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.