À Taïwan, McDonald’s condamné à payer 650 000 euros pour la mort d’un employé qui ne portait pas de vêtements chauds

2 minutes de lecture
10 janvier 2023

Un tribunal taïwanais a jugé que McDonald’s, en 2010, n’avait pas assuré la sécurité d’un employé qui s’est évanoui après avoir déplacé plus d’une tonne de nourriture dans le congélateur en 40 minutes et qui est décédé à l’hôpital cinq mois plus tard.

McDonald's
© Waid1995

En 2010, Li Yuanrui, 23 ans, avait un job étudiant au McDonald’s de Kaohsiung, une ville portuaire de 2,7 millions d’habitants située dans le sud de Taïwan.

Mais un jour, Li Yuanrui s’est évanoui alors qu’il déplaçait et rangeait de la nourriture dans le congélateur du restaurant de la chaîne de fast food avec d’autres collègues. Il a brièvement repris conscience et a pu répondre à des questions. Le directeur du restaurant a alors appelé un taxi pour que l’employé puisse se rendre à l’hôpital. Il y est ensuite resté pendant cinq mois où il est décédé en octobre 2010 d’un choc septique dû à une infection du système nerveux central causée par une hémorragie interne crânienne.

Plus de dix ans plus tard, le tribunal de district de Kaohsiung, à Taiwan a jugé le 4 janvier que McDonald’s n’avait pas mis en place de mesures de sécurité suffisantes sur le lieu de travail et avait fait preuve de négligence, causant ainsi la mort de Li Yuanrui. La défense a affirmé que le décès était dû à une hémorragie cérébrale spontanée qui n’avait pas été causée par un accident grave, une charge de travail trop importante à court ou à long terme et que cela ne constituait pas un accident du travail.

Le Bureau de l’assurance du travail du ministère du Travail avait d’ailleurs initialement considéré qu’il n’y avait pas d’accident du travail d’après les rapports médicaux. Mais les parents de Li Yuanrui ont refusé ces conclusions. Et les médecins du département de médecine du travail et de l’environnement du Kaohsiung Medical University Chung-Ho Memorial Hospital ont estimé, après examen de sa cadence, que ce qui était arrivé à l’employé ce jour-là était un accident du travail causé par une surcharge d’activité.

Li Yuanrui travaillait dans les cuisines du restaurant McDonald’s Kaohsiung Yisin 8 heures par jour sans pause, deux à trois jours par semaine, généralement les samedis et dimanches, chaque semaine de septembre à mai.

Le jour où il s’est effondré, en mai 2010, Li Yuanrui avait déplacé 1,1 tonne de nourriture, des cartons de frites et de galettes de pommes de terre surgelés, dans le congélateur en seulement 40 minutes. Il entrait et sortait du congélateur et a alterné entre le chaud et le froid 48 fois pendant cet intervalle. Il est resté dans le froid sans porter de vêtements chauds pendant environ 29 minutes, selon les documents de la décision de justice.

À la suite des nouvelles conclusions, le Bureau de l’assurance du travail du ministère du Travail a alors accepté que le décès soit considéré comme lié à son travail. Les parents ont intenté un procès contre la chaîne de restauration rapide pour négligence.

À l’origine, McDonald’s a dédommagé la famille en lui versant 40 mois de salaire et en couvrant les frais d’obsèques avec cinq mois de salaire, soit un total d’environ 480 000 yuans (environ 52 000 euros à l’époque).

Mais les juges ont estimé que le décès était imputable à McDonald’s à 70 % en raison de la négligence de l’entreprise qui n’a pas suffisamment informé les employés des mesures de sécurité et qui ne les a pas supervisés pour qu’ils portent des vêtements chauds lorsqu’ils travaillent dans le congélateur. Le tribunal a estimé que Li Yuanrui avait 30 % de tort parce qu’il n’avait pas porté pas de vêtements chauds.

McDonald’s doit indemniser les parents à hauteur de 4,72 millions de yuans (649 000 euros) pour la mort de leur fils. McDonald’s peut faire appel de la décision.

Découvrez plus d’actualités sur Taïwan

Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.