Les manifestations d’agriculteurs contre la pénurie d’eau en Iran ont donné lieu à des affrontements entre la police et les manifestants. Les autorités accusent des personnes extérieures malveillantes : les États-Unis.
Depuis deux semaines, des agriculteurs protestaient contre la pénurie d’eau à Ispahan, la troisième ville d’Iran. Ils avaient installé un camp sur le lit asséché de la rivière.
Mais le 25 novembre, les forces de sécurité sont venues démanteler le camp et brûler leurs tentes, a rapporté Iran International. Les autorités ont estimé que la question avait été abordée lors d’une réunion tenue quelques jours auparavant.
En réaction, des personnes se sont rassemblées dans le centre de la ville vendredi, où les autorités ont dispersé les manifestants, utilisant semble-t-il des gaz lacrymogènes, des matraques et des tirs de grenaille. Jeudi, les connexions Internet auraient été coupées pour éviter la diffusion de nouvelles vidéos et images sur les réseaux sociaux. Le nombre de personnes blessées ou arrêtées n’est pas connu.
À l’origine, les agriculteurs demandaient leur part d’eau pour la rivière Zayanderud. Cependant, la rivière est à sec la plupart du temps depuis plus de deux décennies entre Isfahan et Yazd, une ville située à environ 300 km à l’est d’Isfahan.
Les sécheresses et le changement climatique aggravent la situation, mais la gestion de l’eau par les autorités est également remise en question.
En effet, plus d’un million de mètres cubes d’eau sont stockés dans un énorme réservoir situé à moins de 100 km en amont d’Ispahan : le barrage de Zayanderud.
Pour l’Iran, les États-Unis étaient derrière les manifestations
Le barrage a été mis en service dans les années 70 afin de réguler les inondations et la distribution de l’eau. Le barrage abrite également une centrale électrique.
Le 21 novembre, le ministre iranien de l’énergie a dénoncé la pire sécheresse qu’ait connue le pays depuis 50 ans, tout en estimant que le problème était principalement lié à la répartition inéquitable des ressources en eau. Les problèmes de gestion de l’eau touchent les provinces de Chaharmahal et Bakhtiari, Ispahan, Yazd et Khuzestan.
Certains projets destinés à remédier à la pénurie d’eau ont été interrompus pendant dix ans, a‑t-il encore justifié. Pour le président Ebrahim Raisi, le « système administratif complexe du pays suscite le scepticisme des investisseurs ».
Mais une semaine plus tard, alors que la manifestation s’était déplacée du lit de la rivière à la rue, le président de la Cour suprême d’Iran a justifié la répression policière par la présence de personnes malveillantes qui s’étaient introduites dans les rangs des manifestants pour troubler l’ordre public. Il a affirmé que « l’ennemi » – les États-Unis – était à l’œuvre en coulisses.
Le 27 novembre, un porte-parole du département d’État américain s’est déclaré « profondément préoccupé par la répression violente contre des manifestants pacifiques à Ispahan ».
Les manifestations ont lieu environ deux ans après le « Novembre sanglant », lorsque le gouvernement a réprimé des manifestants et tué 1 500 personnes.
Par ailleurs, le 29 novembre, les négociations sur le programme nucléaire iranien ont repris avec la communauté internationale à Vienne, après avoir été suspendues pendant cinq mois.