Avec la fin prématurée du gaz de la Bolivie, l’Argentine accélère sur le gaz de schiste

2 minutes de lecture
20 octobre 2023

Les exportations annuelles de gaz de la Bolivie vers l’Argentine devraient prendre fin deux ans plus tôt que prévu. Alors que les réserves de gaz de la Bolivie s’épuisent, l’Argentine souhaite exploiter sa source de gaz de schiste de « La Vaca Muerta », ce qui nécessite l’inversion de ses gazoducs.

Vaca Muerta
Le site industriel de la Vaca Muerta, où l’Argentine extrait du gaz par fracturation hydraulique. | © Gouvernement argentin

On sait aujourd’hui que Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB), la société de production de pétrole et de gaz du gouvernement bolivien, cessera de fournir du gaz à l’Argentine à la mi-2024.

Le contrat de fourniture entre les deux pays avait été initialement signé en 2006 et sa dernière modification, en 2022, prévoyait que le gouvernement bolivien fournisse 18 millions de mètres cubes de gaz par jour pendant les mois d’hiver, à un prix de 12,18 dollars par million d’unités thermiques britanniques, une mesure utilisée dans les ventes de gaz naturel. Mais les réserves de gaz boliviennes ont progressivement diminué et se sont épuisées plus tôt que prévu.

Le contrat perdurait parce que les villes argentines dépendaient entièrement du gaz étranger d’un côté, et que l’autre la Bolivie bénéficiait de la vente de gaz à des importateurs comme l’Argentine et le Brésil, dont les ventes à ces deux pays ont généré 3,4 milliards de dollars en 2022, selon l’YPFB.

Toutefois, compte tenu de la baisse des taux de production de gaz de la Bolivie depuis 2014, le contrat avec l’Argentine se finira en 2024, alors qu’il devait durer jusqu’en 2026.

Autrefois exportateur d’énergie sous la présidence d’Evo Morales, qui avait nationalisé les ressources naturelles de la Bolivie pour financer ses programmes sociaux, le pays est devenu importateur net. Alors que cela peut remettre en question la stratégie mise en œuvre par le président de 2006 à 2019, la Bolivie affirme aujourd’hui qu’elle cherche à « inverser » le déclin de ses réserves.

Le développement de « La Vaca Muerta » pour réduire ses importations de gaz

Pendant ce temps, l’Argentine s’est engagée à exploiter un gisement de gaz de schiste récemment découvert dans le sud-est du pays, appelé « La Vaca Muerta » (La vache morte), une source gigantesque de gaz non conventionnel.

En développant le gisement, en sollicitant 31 entreprises et en utilisant la fracturation hydraulique pour fournir du gaz à l’échelle nationale, l’Argentine prévoit de réduire ses importations de gaz.

L’Argentine a élaboré un plan pour tenter de passer de la dépendance à l’égard de pays comme la Bolivie à une autosuffisance énergétique.

Mais le principal obstacle à cette adaptation est constitué par les gazoducs déjà construits. Ils ont été élaborés pour transporter le gaz du nord, d’où il provenait d’autres pays, jusqu’au sud, en traversant les principales régions argentines.

Aujourd’hui, le sens doit être inversé car la source de gaz se trouve dans le sud et doit être acheminée vers le nord, ce qui a donné lieu au projet argentin « d’inversion du gazoduc ».

Ce projet nécessitera notamment de la construction d’un nouveau conduit de 122 km de long et coûtera 710 millions de dollars. Toutefois, la majeure partie de ce coût (540 millions de dollars) sera couverte par la Banque de développement de l’Amérique du Sud et des Caraïbes (CAF), un comité de développement international regroupant 21 pays.

Selon les estimations du gouvernement argentin, ce projet permettra d’économiser 1,96 milliard de dollars par an. Cependant, ce gisement de schiste dépend entièrement de la fracturation hydraulique, une pratique controversée en raison de ses conséquences environnementales majeures.

En Bolivie, YPFB a également annoncé son intention d’augmenter ses réserves en investissant dans l’exploration et la perforation dans un plus grand nombre de zones. Selon le président d’YPFB, il ne s’agit pas seulement de « plans », mais de projets de perforation qui ont déjà été lancés. L’entreprise envisage actuellement 42 perforations différentes dans tout le pays pour trouver du gaz.

Alexander Saraff Marcos

Alexander est rédacteur pour Newsendip.

Il possède la double nationalité américaine et espagnole et vit entre l'Espagne et la France. Il est diplômé de l'université de Pittsburgh avec une spécialisation en philosophie et en langue française. Il aime regarder et écrire sur l'e-sport sur son temps libre.