La nécessité de maintenir ses réserves de devise et le développement de « La Vaca Muerta », l’un des plus grands gisements de gaz de schiste au monde, ont incité le gouvernement argentin à stimuler les exportations de pétrole et de gaz avec un taux de change spécial.

En Argentine, un taux de change non standard sera temporairement disponible uniquement pour les exportateurs de pétrole et de gaz du pays, afin de renforcer et de stabiliser le peso argentin.
Selon le ministère des finances, 25 % des recettes pétrolières et gazières pourront être converties en pesos en utilisant le « dollar compté avec liquidité » (dólar contado con liqui, dollar CCL) à partir du mois d’octobre, un taux de change qui offre plus de pesos par dollar que le taux standard.
Normalement, l’utilisation du dollar CCL est strictement limitée par la Commission de la valeur nationale, l’organisme financier régulateur de l’Argentine, afin de garantir la stabilité de la monnaie. Pour les producteurs de pétrole, cette limite a été temporairement étendue à un échange de 300 millions de dollars, à condition que la projection initiale des exportations du gouvernement soit correcte. Les 900 millions de dollars restants seront convertis au taux de change conventionnel.
Le remplacement du dollar soja
Cette décision du gouvernement argentin intervient au moment où s’arrête une initiative similaire, prise pour stimuler le marché agro-industriel.
L’initiative du « dollar soja » était identique à l’actuelle pour le pétrole et le gaz, sauf qu’elle s’appliquait aux exportations de soja argentin. L’objectif de cette décision était de renforcer les réserves en dollars de la Banque centrale argentine, afin de faire de l’Argentine une force plus stable dans le commerce international.
L’initiative sur le soja devant expirer à la fin du mois de septembre, celle sur le pétrole et le gaz prendra le relais pour renforcer les réserves de la Banque centrale, afin de maintenir la stabilité du taux de change local et de stimuler l’économie du pétrole et du gaz.
Selon Ambito, le gouvernement argentin serait en discussions avec les compagnies minières pour instituer des mesures similaires pour le marché minier.
Si le volume des exportations s’opère comme prévu, les compagnies pétrolières et gazières disposeront ainsi de plus de liquidités.
En théorie, cela les incitera à exporter davantage de pétrole, car la conversion avec le CCL offrira aux entreprises plus de pesos par dollar engrangé par l’export. Cela dissuadera également ces entreprises d’accumuler des réserves.
Soutenir le secteur de l’énergie et améliorer les réserves monétaires du pays
Parallèlement à cette annonce, le ministre des finances, Sergio Massa, a visité « La Vaca Muerta » (la vache morte), un site archéologique récemment découvert en Argentine. Mais ce site contient également un gisement de gaz et de pétrole de schiste qui représente la deuxième plus grande réserve de gaz non conventionnelle au monde, bientôt exploitée par 31 entreprises.
Lors de sa visite, M. Massa a indiqué sur les réseaux sociaux que ce changement financier visait à renforcer la monnaie argentine, ainsi que les exportations du pays, et à soutenir les entreprises pétrolières et gazières.
L’une des techniques pour extraire le gaz de schiste dispersé dans les roches est la très controversée fracturation hydraulique (fracking), utilisée également à La Vaca Muerta.
Et un article publié par l’université nationale General Sarmiento (UNGS) a révélé que la grande majorité des puits de forage (259) à La Vaca Muerta utilisaient la fracturation, ce qui a des effets secondaires néfastes. La fracturation a notamment utilisé de grands volumes d’eau : 97 millions de litres par puits.
L’université précise que les gaz non conventionnels tels que le gaz de schiste sont souvent formés principalement de méthane, un gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le dioxyde de carbone, dont une partie est inévitablement libérée dans l’air lors de son extraction.