Le président du Brésil a signé le budget fédéral pour 2022 et n’a pas augmenté le salaire des policiers pour le moment. Mais le budget prévoit toujours cette dépense. Son intention a réveillé les revendications des autres employés du secteur public.

Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, a signé le 21 janvier le budget fédéral pour 2022 et a évité d’ajouter de la tension en suspendant les augmentations de salaire des policiers.
Mais s’il repousse pour l’instant l’augmentation de salaire qu’il voulait offrir aux policiers en 2022, la dépense est toujours prévue dans le budget.
Les policiers brésiliens constituent une corporation de partisans fidèles de Bolsonaro et le président leur avait dit qu’il augmenterait leur salaire en 2022.
La version finale du budget avait été votée au Congrès en décembre dernier et prévoyait 1,7 milliard de réaux (313 millions de dollars) pour les augmentations de salaire dans le secteur public, soit moins que ce que le président voulait initialement allouer aux forces de police.
Mais le président a décidé la semaine dernière de suspendre les réajustements de salaires en avançant un manque de moyens.
Le Brésil n’a pas les ressources financières nécessaires pour augmenter les salaires de tous les fonctionnaires
« Les fonctionnaires méritent une augmentation mais il n’y a pas de possibilités dans le budget pour cette année », a expliqué M. Bolsonaro lors d’une interview radio pour Jovem Pan News le 19 janvier.
Le Congrès avait sous-estimé le budget de 9 milliards de réaux selon le ministère de l’Économie. Environ 3 milliards étaient censés être coupé pour couvrir les dépenses de l’administration.
En signant le budget 2022, le président a déclaré qu’il avait été « contraint d’opposer son veto » à 2,8 milliards de réaux, soit moins qu’attendu, dans les ressources allouées à la recherche, à l’éducation ou à l’emploi par exemple.
Bolsonaro a toutefois conservé les 1,7 milliard de réaux consacrés aux augmentations de salaire des fonctionnaires. Aucune décision n’a été prise quant à l’affectation de cet argent pour le moment, évitant de créer davantage de tension avec les catégories de fonctionnaires laissées de côté dans le cadre de l’augmentation des salaires.
Il aurait été conseillé au président de calmer la polémique et d’éviter de faire trop de remous autour des augmentations de salaire des fonctionnaires en pleine période de propagation du variant Omicron et de la pression sur le système de santé brésilien.
À l’origine, Bolsonaro n’avait pas fait mystère de sa volonté d’offrir une augmentation aux employés de la police fédérale, de la police fédérale des autoroutes et du département pénitentiaire national.
En décembre, le président avaient déclaré que les hausses s’élèveraient à 2,8 milliards de réaux en 2022, soit plus que ce que le Congrès a finalement approuvé. Il prévoyait également une enveloppe d’un total de 11 milliards de réaux d’ici 2024 pour les forces de police.
Plus tôt en novembre, M. Bolsonaro avait également évoqué une augmentation de salaire pour tous les fonctionnaires.
Essayer de ne pas contrarier tout le monde en suspendant les augmentations de salaire de la police
La police brésilienne représente une part importante de l’électorat de Bolsonaro, qui briguera un nouveau mandat lors des élections présidentielles d’octobre 2022.
Mais selon O Globo, des membres de son équipe lui ont déconseillé d’augmenter les salaires des policiers, estimant qu’il était « préférable d’arrêter de plaire à 6 000 plutôt que d’en contrarier 600 000″.
L’intention initiale du président brésilien a en effet irrité d’autres catégories du secteur public, entraînant des grèves et des manifestations comme à la Banque nationale ou chez les douaniers.
Plus d’un millier de fonctionnaires ont remis leur lettre de démission afin de faire pression sur le gouvernement pour obtenir des augmentations de salaire. Les douanes ont également bloqué l’entrée dans le pays de camions transportant de la nourriture à la frontière argentine.
Le Brésil est confronté à des difficultés économiques et des taux d’inflation élevés. La hausse des prix à la consommation a atteint un taux de 10 % en 2021.
Dans ce contexte, le salaire minimum fédéral dans le pays a augmenté en janvier de 10 %, passant de 1 100 à 1 212 réaux (223 dollars ; les gouvernements des États peuvent décider d’un minimum plus élevé). Mais les salaires de la plupart des fonctionnaires sont gelés depuis cinq ans.
M. Bolsonaro a assuré qu’il y aurait des augmentations de salaire pour le secteur public en 2023. Toutefois, le prochain budget sera décidé par le Congrès, et M. Bolsonaro, mais seulement s’il est élu président pour un nouveau mandat en octobre.
M. Bolsonaro a dû signer le budget pour 2022 le 21 janvier, bien que sa mère soit décédée le matin à l’âge de 94 ans, et qu’il n’ait pas examiné les détails avec attention, a‑t-il déclaré.
Il a également approuvé les fonds pour les élections municipales de 2022, l’un des points les plus controversés car il les avait trouvés excessifs.