Cancers de l’intestin et inégalités de soins en Nouvelle-Zélande

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3 juin 2021

La Nouvelle-Zélande a lancé un programme national de lutte contre le cancer de l’intestin alors qu’un centre de santé a présenté des excuses publiques pour le manque de diagnostics réalisés. Les professionnels de la santé ont demandé une enquête publique dans le cadre de l’inégalité d’accès aux services de santé.

Le cancer de l’intestin est la deuxième cause de décès par cancer en Nouvelle-Zélande, derrière le cancer du poumon. Elle fait partie des 15 pays ayant la plus forte incidence de cancer colorectal, avec plus de 35 cas pour 100 000 personnes. Par ailleurs, une étude internationale sur le cancer du côlon et du rectum réalisée en 2019 a montré que l’incidence a augmenté chez les personnes de moins de 50 ans en Nouvelle-Zélande au cours des dix dernières années.

Ce sont des données préoccupantes étant donné que 90 % des personnes diagnostiquées avec un cancer de l’intestin ont plus de 50 ans, ce qui laisse présager des problèmes beaucoup plus importants dans les années à venir avec le vieillissement de la population.

En 2018, il était estimé que d’ici 2035, il y aurait 917 décès dus au cancer colorectal en Nouvelle-Zélande, ce qui représenterait une augmentation de 52 % tandis que que la population devrait atteindre 5,3 millions d’habitants, soit une croissance 23 %.

Le cancer colorectal est plus présent dans les pays riches et développés. Les facteurs à risque sont le régime alimentaire riche en viandes rouges ou transformées, le manque de fibres, l’alcool, la cigarette et l’hérédité. Cependant, le cancer peut être guéri dans 90% des cas s’il est diagnostiqué à temps.

Pour lutter contre la maladie, la Nouvelle-Zélande a donc investi environ 197 millions de dollars néo-zélandais (142 millions de dollars américains) et a lancé le programme national de dépistage de l’intestin en 2017. L’objectif étant de faire tester 700 000 personnes tous les 2 ans, ce qui pourrait permettre de diagnostiquer entre 500 et 700 cancers colorectaux.

Andrew Little, ministre de la Santé de Nouvelle-Zélande, annonçant la suppression de tous les conseils de santé de district pour mettre en place Health NZ et la création d'une autorité de santé
Andrew Little, ministre de la Santé de Nouvelle-Zélande, annonçant la suppression de tous les conseils de santé de district pour mettre en place Health NZ et la création d’une autorité de santé Māori.

Des délais d’attente préoccupants pour la coloscopie mais pas d’enquête publique

Mais un District Health Board, une structure chargée de fournir des services de santé dans son district, couvrant le programme de dépistage pour les régions méridionales de Southland et d’Otago, a dû présenter des excuses publiques.

Cela faisait suite à un rapport qui reflétait « des préoccupations de longue date et très médiatisées concernant le service ». « Au nom du Southern DHB, je présente des excuses sincères pour les lacunes et les insuffisances des services de coloscopie au cours des dernières années », a écrit en octobre 2020 le président du Southern DHB, où l’incidence est l’une des plus élevées du pays. En raison d’une mauvaise gestion, des personnes n’ont pas été vues assez tôt, tandis que d’autres, présentant des symptômes, se sont vu refuser un dépistage.

Un chirurgien et un chercheur en cancérologie qui remettent en question l’efficacité du programme ont même demandé au ministre de la Santé, Andrew Little, une enquête publique sur le DB du Sud. Mais malgré des temps d’attente inquiétants, le ministre a déclaré qu’il ne voyait pas l’utilité d’une enquête, selon le média Stuff. Le service de coloscopie du Southern DB « répondait plus ou moins aux délais et aux volumes cibles attendus pour cette population ».

Lorsque 181 patients du Southland ont dû attendre plus de 120 jours pour une coloscopie, seuls 10 étaient dans ce cas à Otago.

L’association de lutte contre le cancer de l’intestin a qualifié de « honte nationale » les « inégalités ethniques, socio-économiques et régionales persistantes dans les résultats du cancer de l’intestin ». En 2008, les risques de décès à cinq ans dus au cancer colorectal étaient de 47 % pour les Māori, 59 % pour les communautés du Pacifique et 38 % pour les autres groupes ethniques.

L’inégalité d’accès aux services de santé est une préoccupation du gouvernement néo-zélandais. Les Māori meurent 7 ans plus tôt que les Non-Māori en Nouvelle-Zélande. Pour s’attaquer spécifiquement à ce défi d’inégalité en matière de santé, le ministre de la Santé a annoncé la création de la première autorité sanitaire spécifique aux Māori en avril. Il a également annoncé que le système des conseils de santé de district serait supprimé et remplacé par une agence nationale unique d’ici 2022.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.