La Nouvelle-Zélande veut interdire le tabac pour les jeunes générations et réduire encore la consommation de cigarettes au sein de sa population. Le pays est en retard sur son objectif d’avoir moins de 5% de fumeurs d’ici 2025. Mais la nouvelle réglementation ne sera pas appliquée avant 2024.

Le 9 décembre, la ministre adjointe de la Santé, Ayesha Verrall, a annoncé au Parlement le nouveau plan d’action Smokefree Aotearoa 2025. Il vise à réduire radicalement le tabagisme en Nouvelle-Zélande.
Le tabagisme est la principale cause de décès évitable en Nouvelle-Zélande et provoque un cancer sur quatre. Le tabagisme actif ou passif tue 12 à 13 personnes par jour, soit environ 4 500 à 5 000 personnes par an dans le pays.
Par conséquent, le gouvernement veut créer la première génération de néo-zélandais sans cigarette. « Les personnes âgées de 14 ans lorsque la loi entrera en vigueur ne pourront jamais acheter légalement du tabac », souligne le Dr Ayesha Verrall. Toute personne née après 2009 se verra interdire l’achat de tabac à l’âge de 18 ans si la loi est mise en oeuvre à temps.
« Nous savons que la moitié des personnes qui commencent à fumer meurent de ses effets », a déclaré la Première ministre Jacinda Ardern aux médias.
La Nouvelle-Zélande est en retard sur son objectif d’une nation sans tabac d’ici 2025
En 2011, la Nouvelle-Zélande s’est fixé pour objectif que moins de 5 % des Néo-Zélandais adultes ne fument d’ici 2025. Mais le pays a pris du retard. Le nouveau plan d’action prend donc de nouvelles mesures pour atteindre l’objectif.
La nouvelle législation réduira le niveau de nicotine dans les cigarettes pour aider à arrêter de fumer.
Elle réduira également de 94 % le nombre d’établissement qui peuvent vendre du tabac à fumer. De 8 000 détaillants vendant des cigarettes, les nouvelles règles n’autoriseront que 500 détaillants.
Le gouvernement mettra en œuvre la réduction du nombre de détaillants en 2024 et 7 500 commerces devront changer de modèle économique. Pendant ce temps, les autorités ne connaissent pas l’ampleur du marché noir du tabac. Ils commenceront à étudier sa taille en mars 2022.
La packaging sera également davantage contrôlée afin de réduire l’attrait du tabac.
Consultation publique sur les nouvelles mesures visant à réduire le taux de tabagisme
En avril et mai, le gouvernement avait lancé une consultation publique sur ces mesures, au cours de laquelle il a reçu plus de 5 100 contributions.
Le gouvernement a envisagé de limiter la vente de tabac aux pharmacies et aux points de vente de médicaments, mais les commerces qui seront autorisés à vendre du tabac n’ont pas encore été divulgués dans le plan d’action.
Le gouvernement a également considéré supprimer les filtres sur les cigarettes afin de les rendre moins attractives et de briser l’idée, fausse, selon laquelle les filtres atténuent les méfaits du tabac. Mais des travaux supplémentaires étaient nécessaires pour déterminer la meilleure manière de mettre en oeuvre cette idée.
De plus, le gouvernement déterminé qu’une augmentation des taxes n’aidera pas davantage les personnes à arrêter de fumer, mais cela « ne fera que punir davantage les fumeurs qui luttent pour se débarrasser de cette habitude ».
En l’état actuel des choses, le gouvernement estime que le nouveau plan générera des bénéfices d’une valeur de plus de 11 milliards de dollars néo-zélandais (7,45 milliards de dollars américains), répartis pour moitié entre les économies réalisées sur les dépenses de santé et les gains de revenus résultant d’une productivité accrue. Mais cela ne prend pas en compte les 3,1 milliards de dollars de ventes de tabac en 2020, qui devraient diminuer de manière significative.
31 % des adultes Māori fument
Alors que le taux de fumeurs a diminué pour atteindre 13,4% en 2019–20, le taux de tabagisme chez les Māori est toujours de 31%.
Et les autorités prévoient qu’il faudra des décennies pour que le taux de tabagisme chez les Māori passe sous la barre des 5% sans mesures plus restrictives, a déclaré la ministre adjointe de la Santé. Les Néo-Zélandais dit « européens » sont en passe de devenir non-fumeurs d’ici 2025.
Les communautés à faible revenu, du Pacifique et les Māori sont particulièrement touchées par les méfaits du tabac. De plus, l’accès aux services de santé est inégal en Nouvelle-Zélande. En moyenne, les Māori meurent 7 ans plus tôt que les autres.
Par conséquent, l’un des domaines d’intervention consiste à s’assurer que les Māori soient représentés à tous les échelons d’exécution du plan d’action, avec la création d’un groupe de travail consultatif Māori. En avril, le ministère de la Santé avait annoncé la création de la première autorité sanitaire Māori de l’histoire.
Les nouvelles mesures mises en œuvre qu’après 2024
L’ensemble des mesures est construit de manière à supprimer le tabagisme chez les hommes maoris et l’ensemble de la population non maorie en 2025, et en 2016 pour les femmes maories.
Le ministère prévoit que la législation sera en place en décembre 2022. Mais aucune des nouvelles mesures ne seront mise en œuvre avant 2024.
Selon les autorités, un faible taux de nicotine aiderait rapidement à arrêter de fumer. Mais le calendrier de mise en œuvre montre que la règle ne serait appliquée qu’en 2025 au plus tôt.
La diminution des points de vente devrait devenir réalité en 2024 si aucun retard n’est pris.
Comme le suggère le calendrier, l’objectif de faire de la Nouvelle-Zélande une nation sans tabac d’ici 2025 ne sera donc vraisemblablement pas atteint.
En ce qui concerne l’ensemble de la nouvelle génération sans tabac, le Dr Ayesha Verrall a déclaré que l’interdiction commencerait probablement avec les personnes âgées de 14 ans en 2023, c’est-à-dire les personnes nées après 2009. Mais elle ne sera mise en œuvre qu’en 2027, lorsque la première génération sans tabac aura donc 18 ans.
L’année dernière, le gouvernement a réglementé les cigarettes électroniques en limitant les ventes à trois arômes seulement et en interdisant la vente de produits aux moins de 18 ans. Mais le gouvernement est moins agressif à l’égard du vapotage car il le considère comme moins nocif et comme un moyen d’aider les fumeurs à arrêter la cigarette.
Pendant ce temps, au Chili, le pays débattait de la possibilité de considérer les cigarettes comme des produits de première nécessité lors des restrictions liées à la pandémie de Covid-19.