La légalisation du cannabis à usage récréatif a été initialement adoptée dans l’intention d’assurer la santé publique, de réduire la consommation des jeunes et de diminuer la criminalité. Cinq ans après, les études montrent des résultats mitigés, avec une augmentation des problèmes de santé mais une évolution positive sur des critères sociaux. Cependant, il est encore tôt pour tirer des conclusions définitives.
Il y a cinq ans, en octobre 2018, le Canada a mis en œuvre la légalisation de la consommation et de l’offre de cannabis à des fins non médicales pour les adultes (la consommation de cannabis à usage thérapeutique est légale depuis 2001).
La légalisation du cannabis au Canada avait pour principaux objectifs d’améliorer la santé et la sécurité publiques, de réduire l’accès des jeunes au cannabis et de réduire la criminalité et les marchés illégaux liés au cannabis.
Cinq ans après la mise en œuvre de la politique, un rapport du Journal de l’Association médicale canadienne suggère que les résultats liés à la santé – tels que la prévalence de la consommation de cannabis, les visites aux services d’urgence et les admissions à l’hôpital liées au cannabis, ainsi que la conduite sous l’influence du cannabis – ont pour la plupart augmenté ou sont restés stables par rapport à la période précédant la légalisation.
Le rapport s’est penché sur les études nationales qui ont suivi la consommation de cannabis avant et après la légalisation à usage récréatif.
Les réductions substantielles du nombre d’arrestations et d’inculpations pénales liées à la consommation de cannabis, ainsi que de la baisse de la stigmatisation, tant chez les adultes que chez les jeunes, sont considérées comme un élément positif de la justice sociale. Cet aspect est positif notamment en raison de la baisse des sanctions inscrites dans des casiers judiciaires qui affectent les opportunités sociales et professionnelles.
Une autre étude publiée dans le JAMA Network Open suggère que la disponibilité accrue du cannabis a entraîné des problèmes de santé et des hospitalisations.
L’étude du JAMA a examiné les hospitalisations liées à la consommation de cannabis dans quatre provinces canadiennes, avant et après la légalisation.
L’étude a examiné les données d’hospitalisation de près de sept millions de personnes âgées de 15 ans et plus en Ontario, au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique. Les résultats indiquent qu’il y a eu 105 000 hospitalisations liées au cannabis entre janvier 2015 et mars 2021. Un tiers d’entre elles concernaient des personnes âgées de 15 à 24 ans, et 66 % étaient des hommes.
La prévalence de la consommation de cannabis chez les jeunes (de 30 à 50 %) et l’accès perçu au cannabis par les mineurs sont restés pratiquement stables aux niveaux déjà élevés observés avant la légalisation.
Benedikt Fischer et Simon Fraser, de l’Université de Vancouver, et co-auteurs de l’étude publiée dans le Journal de l’Association médicale du canadienne ont déclaré qu’à « ce stade, la légalisation du cannabis au Canada ne semble pas avoir été le désastre de santé publique anticipé par certains de ses opposants, mais elle ne peut pas non plus être décrite comme un succès complet ou sans équivoque pour la santé publique ».
« Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur l’impact de la légalisation du cannabis au Canada qui puissent éclairer solidement la réforme des politiques. Les évaluations de la légalisation du cannabis aux États-Unis ont également conclu qu’il est trop tôt pour évaluer les effets complets d’un changement de politique aussi fondamental », ajoute l’étude.
L’année dernière, le ministre de la santé et le ministre de la santé mentale et des addictions ont annoncé qu’un groupe d’experts indépendants dirigerait un examen de la loi sur le cannabis adoptée en 2018.
Étant donné qu’une période de cinq ans n’est pas très longue et que les résultats ne sont pas définitifs, le groupe d’experts chargé de l’examen législatif fournira des conseils sur la manière de progresser vers la réalisation des objectifs de la loi et aidera à identifier les domaines dans lesquels il est possible d’améliorer la législation.
Les questions abordées sont les suivantes : les impacts économiques, sociaux et économiques de la loi sur le cannabis ; les impacts sur les populations autochtones, les communautés racialisées et les femmes ; la réglementation du cannabis à des fins médicales ; et une réglementation plus stricte pour les produits du cannabis à faible risque.