Dans le cadre de l’étude scientifique Weed Care, quelques personnes en Suisse peuvent pour la première fois acheter légalement du cannabis à usage récréatif.

Depuis le 30 janvier et pendant au moins un an, environ 180 personnes en Suisse sont désormais autorisées à acheter légalement du cannabis dans les neuf pharmacies de Bâle qui participent au programme Weed Care.
L’étude menée par le département de la santé du canton Bâle-Ville, des cliniques psychiatriques universitaires, les services psychiatriques d’Aarau et l’Université de Bâle vise à examiner l’évolution de la consommation et les effets sur la santé du cannabis dans le cadre d’une vente réglementée, en comparaison avec la situation actuelle en Suisse, où le cannabis est illégal. L’étude durera au moins jusqu’en mars 2025.
Les participants seront autorisés à acheter légalement six produits à base de cannabis. Appelés Diesel Pollen, Lemon Tart, ou encore Strawberry Resin, les six produits du fabricant suisse Pure Production contiennent tous du THC, le principal psychoactif du cannabis. Quatre d’entre eux se présentent sous la forme de fleurs de cannabis séchées et deux sont du haschisch, de la résine de cannabis. Ils sont vendus entre 8 francs suisses et 12 francs suisses (entre 8 et 12 euros) le gramme selon la teneur en THC.
Les participants sont autorisés à acheter 10 grammes de produits par achat, limite en dessous de laquelle la possession de cannabis n’est pas une infraction pénale en Suisse, et un maximum de 10 grammes de THC par mois.
Comme toute autre personne en Suisse, ils ne peuvent pas consommer dans les lieux publics ou conduire sous l’influence de la drogue. Ils peuvent également se voir confisquer le cannabis qu’ils possèdent par la police s’ils ne peuvent pas justifier qu’elle fait partie de l’étude ou s’ils ont plus que les 10 grammes de cannabis autorisés. Ils ne peuvent pas non plus le partager avec d’autres.
Les participants ne sont pas rémunérés pour l’étude et doivent acheter à leurs frais du cannabis. Mais d’un autre côté, le produit est légal avec une liste des ingrédients et une quantité de THC clairement définie, et sans cannabinoïde synthétique. Ils devront répondre à un questionnaire sur leur santé et leurs habitudes de consommation tous les deux mois.
Le programme a reçu un grand nombre d’inscriptions et a dû cesser d’accepter d’autres demandes. Près de 700 personnes se sont inscrites en quelques jours seulement.
Un total de 374 personnes ont été sélectionnées pour participer à l’étude. L’âge moyen est de 36 ans, les participants étant âgés entre 18 et 76 ans, dont plus de quatre sur cinq sont des hommes. Les participants vivent dans le canton de Bâle-Ville, ont au moins 18 ans et consomment du cannabis au moins une fois par mois.
Les participants sont répartis en deux groupes. Le premier groupe, composé d’environ 180 personnes, peut dès à présent acheter du cannabis directement dans les pharmacies sélectionnées, tandis que le second, le groupe témoin, ne sera autorisé à en acheter que dans six mois. Ils peuvent acheter du cannabis pendant au moins 12 mois et pourront se retirer de l’étude à tout moment.
L’étude devait initialement démarrer mi-septembre l’année dernière, mais elle fut retardée parce que les premiers produits ne répondaient pas aux normes de qualité fixées par les autorités. L’importation de cannabis fut évoquée comme une alternative pendant un temps, mais cette solution avait été écartée.
Le cannabidiol, également connu sous le nom de CBD, un autre cannabinoïde présent dans les plants de cannabis, est légal en Suisse depuis 2011. Mais la culture, l’importation et la vente de cannabis sont interdites dans le pays.
Une modification en 2021 de la loi sur les stupéfiants a fourni une base juridique pour des essais pilotes sur la vente réglementée de cannabis à des fins récréatives en Suisse, alors que les autorités suisses débattent de la légalisation de l’usage récréatif du cannabis.
En plus de Bâle-Ville, d’autres études scientifiques sont également prévues dans d’autres cantons et villes suisses, notamment à Zurich, Bienne, Lucerne, Genève. Dans le canton de Berne, le conseil gouvernemental s’est récemment opposé aux tests en justifiant qu’il y avaient déjà suffisamment d’études pour décider si le cannabis doit être légalisé.