La police berlinoise soupçonne la société allemande d’autopartage Miles Mobility d’avoir fraudé 25 à 30 millions d’euros de frais de stationnement en manipulant les données des voitures depuis 2019. L’an dernier, l’entreprise estimait que le gouvernement berlinois favorisait trop les voitures privées.
Hier, la police berlinoise a annoncé avoir effectué des perquisitions dans les bureaux d’une société d’autopartage dont le siège se trouve à Berlin.
Les perquisitions ont été menées à cause de soupçons de fraude et de falsification, car l’État de Berlin a constaté que cette entreprise a eu de nombreuses violations de stationnement associées à leurs voitures, évitant ainsi un montant estimé de 25 à 30 millions d’euros en frais de stationnement depuis 2019.
Tagesspiegel a ensuite révélé que la société en question était Miles Mobility GmbH, une société d’autopartage basée à Berlin. « Nous pouvons confirmer qu’une perquisition a eu lieu le 11 octobre 2023, au cours de laquelle nous avons coopéré pleinement et divulgué tous les ensembles de données et documents demandés aux autorités chargées de l’enquête », a déclaré une porte-parole de l’entreprise au journal allemand.
Selon le rapport de police, l’enquête vise deux responsables de l’entreprise. L’un d’eux est âgé de 36 ans, ce qui correspond à l’âge d’Oliver Mackprang, le PDG et l’un des trois cofondateurs de l’entreprise.
Les sociétés d’autopartage offrent la possibilité de louer des voitures sur une courte durée, en payant à la minute ou au kilomètre parcouru.
Dans le cadre du service fourni par Miles Mobility, les clients peuvent se garer gratuitement dans les parkings publics, y compris ceux gérés par le gouvernement de Berlin qui entraînent des frais de parking.
Fondée en 2016, l’entreprise, qui propose également de la location de voitures, affirme être la plus grande entreprise indépendante d’autopartage en Allemagne avec plus de 2 millions d’utilisateurs de son application et de ses services dans les 14 villes où elle opère en Allemagne et en Belgique.
La police berlinoise a signalé que Miles Mobility avait un « nombre exceptionnellement élevé » d’infractions aux règles de stationnement, suspectant que les données GPS ont été manipulées. Elle estime que 25 à 30 millions d’euros de frais de stationnement ont ainsi été évités.
Dans une interview accordée à Tagesspiegel en mars 2022, Oliver Mackprang s’était plaint des frais de stationnement élevés pour les voitures partagées. Il déclarait que la « répartition des charges » entre les voitures privées et les voitures partagées de Miles n’était pas appropriée compte tenu des impositions du gouvernement berlinois.
M. Mackprang a expliqué que Berlin favorisait clairement les propriétaires de voitures, car la réservation d’une place de stationnement pour les résidents est beaucoup moins chère que le stationnement public à Berlin.
Les Berlinois qui vivent dans l’une des 56 zones de stationnement peuvent en effet garer leur voiture gratuitement, à l’exception des 20 euros de frais administratifs à renouveler tous les deux ans. Les autres conducteurs doivent payer 25 à 75 centimes par quart d’heure, et de 1 à 2 euros par heure de stationnement.
Si l’entreprise était amenée à être condamnée, l’entreprise de Mackprang évitait déjà de payer des millions au gouvernement au moment de l’interview.
Le rapport de police indique que six lieux, incluant des entreprises partenaires de l’entreprise, ont fait l’objet d’un mandat de perquisition : Trois à Berlin, deux dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et un à Vienne, en Autriche.
Miles et d’autres sociétés d’autopartage font appel à des entreprises qui calculent automatiquement les coûts de stationnement à l’aide d’un système de téléphonie mobile : La durée du stationnement est enregistrée via le téléphone portable et la voiture envoie des informations de localisation GPS pour calculer le coût.
L’un des partenaires technologiques de Miles, INVERS, est basé en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Miles utilise la technologie d’INVERS pour ses voitures en leur fournissant des informations de localisation et des mises à jour sur l’état de leurs véhicules. Joint par téléphone et email, INVERS n’a pas répondu aux questions de Newsendip.
