L’OCDE met en évidence certaines spécificités de l’Irlande à l’origine de problèmes environnementaux : les places de stationnement et la gestion de l’eau. Malgré des progrès considérables, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour poursuivre les objectifs liés au climat, à l’énergie, à l’eau et à la biodiversité.
L’Irlande a l’un des taux les plus élevés d’émissions de gaz à effet de serre par habitant en Europe, selon le dernier examen des performances environnementales de l’Irlande effectué par l’Organisation de coopération et de développement économiques. Les transports sont la première source d’émissions de gaz à effet de serre en Irlande, et 74 % d’entre elles proviennent des déplacements en voiture de particuliers. L’agriculture vient en deuxième position.
La population de l’Irlande est répartie dans tout le pays, 57 % des habitants vivent dans une zone rurale, avec une faible densité de population (69 personnes par km²), ce qui fait de la route le mode de transport privilégie.
Parmi les 43 recommandations, le rapport suggère d’augmenter progressivement les taxes sur le diesel pour les aligner sur celles de l’essence. Le fait que les voitures à moteur thermique soient plus chères devrait inciter les gens à se tourner vers les véhicules électriques. Jusqu’à présent, il s’agit d’une suggestion plutôt classique, que l’on retrouve dans la plupart des pays développés.
Mais l’OCDE a également souligné qu’il y a trop de places de parking dans le pays, ce qui représente une « puissante subvention aux voitures et aux déplacements en voiture ».
Au cours des dernières années, l’Irlande a pris des mesures pour réduire « les exigences excessives en matière de stationnement pour les nouveaux développements immobiliers », reconnaît le rapport. Et l’OCDE de suggérer une redevance de stationnement en temps réel comme l’une des solutions potentielles pour mieux gérer les déplacements en voiture. Plusieurs villes comme San Francisco, Seattle ou Washington testent des prix de places de stationnement ajustés en temps réel en fonction de l’occupation de l’emplacement. De plus, moins de 4 % des conducteurs paient eux-mêmes leur stationnement lorsqu’ils travaillent à Dublin, ce qui encourage les personnes à utiliser leur voiture pour venir travailler.
Les traitement de l’eau uniquement géré avec le budget de l’État irlandais
Le rapport met également l’accent sur le cas spécifique de l’Irlande en matière de gestion de l’eau. Les problèmes de gestion des eaux usées de l’Irlande peuvent en fait poser des risques sérieux pour la santé humaine et l’environnement. En 2019, la Cour européenne de justice, saisie par la Commission européenne en 2017, avait estimé que l’Irlande ne respectait pas les lois européennes dans près de 30 stations d’épuration à travers le pays. Les États membres de l’UE avaient jusqu’en 2005 pour assurer un traitement approprié des eaux usées des agglomérations.
L’Irlande se distingue des membres de l’OCDE car elle ne fait pas payer les ménages pour les services d’eau potable et d’assainissement, un modèle qui « pourrait ne pas être en mesure de répondre à l’ampleur des investissements requis ». L’introduction d’une taxe en 2015 fut retirée en raison d’une forte opposition sociale. En 2022, l’Irlande ne fera payer que les ménages qui dépassent un certain seuil de consommation d’eau. Moins de 10 % des ménages sont responsables de 40 % de la consommation d’eau domestique, et la plupart sont censés être dus à des fuites dans les canalisations. Près de 45 % de l’eau traitée n’est pas comptabilisée dans les statistiques.
Par conséquent, 20 % de la population irlandaise dispose de son propre système d’eau potable et 40 % de la population n’est pas raccordée à un système avancé de traitement des eaux usées. Les mauvaises performances en matière de gestion de l’eau entraînent des conséquences environnementales et sanitaires qui sont étroitement liées.
De grandes quantités d’engrais et une eau de mauvaise qualité
Par exemple, les puits privés peuvent ne pas être scellés de manière adéquate et être propices à des maladies. L’Irlande a le plus haut niveau d’infection pour des maladies comme l’E. Coli en raison de la contamination de l’eau par le lisier de bovins. De plus, un tiers de la population dépend de son propre système de traitement de l’eau, comme les fosses sceptiques, dont la moitié environ ne serait pas conforme aux normes légales.
Et les 8,5 milliards d’euros investis dans les infrastructures publiques de l’eau pourraient ne pas suffire, selon l’OCDE.
La concentration de nutriments dans les eaux irlandaises est l’une des plus faibles de l’Union européenne. Cette mauvaise qualité de l’eau est principalement due à l’agriculture et au traitement inadéquat des eaux usées. Les niveaux d’azote ont augmenté depuis 2011, et la quantité d’engrais azotés utilisée en Irlande est plus de 3 fois supérieure à la quantité moyenne parmi les membres de l’OCDE.
De manière générale, les performances environnementales de l’Irlande suivent les performances économiques. L’OCDE note que la pression sur l’environnement a augmenté pendant la période de forte croissance de 2014 à 2019, mais que le pays a connu des problèmes environnementaux moins importants pendant sa récession économique de 2007–2012.
Les effets environnementaux positifs de la crise du COVID-19 devraient être temporaires. Pendant la période de récession, grâce à la dette souveraine, l’Irlande a pu atteindre l’objectif du protocole de Kyoto. Cependant, la réduction estimée à 10 % des gaz à effet de serre due aux conséquences du COVID-19 ne serait pas suffisante pour atteindre l’objectif de réduction de 20 % pour 2020.
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Liens et sources utiles :
- OECD Environmental Performance Reviews : Ireland 2021, accès gratuit