Les émissions de gaz à effet de serre de l’économie de l’Union européenne en 2021 sont inférieures aux niveaux d’avant la pandémie de COVID-19. Mais le dernier trimestre montre une augmentation des émissions par rapport à 2019. S’agit-t-il d’une hausse à court terme due à la reprise de l’économie de fin d’année dernière ?

Au quatrième trimestre 2021, les émissions de gaz à effet de serre de l’économie de l’Union européenne ont atteint 1 041 millions de tonnes d’équivalent CO2 (Mt CO2e), selon les dernières estimations d’Eurostat publiées le 16 mai. Cela représente une hausse de 8 % par rapport au quatrième trimestre 2020, ou 78 Mt CO2e de plus émis par l’UE.
Cette augmentation est en grande partie due au rebond économique de la fin de l’année dernière explique le bureau statistique de l’UE, ce qui a conduit à une hausse de l’empreinte carbone dans la région.
Toutes les émissions trimestrielles de 2021 ont été supérieures à celles de 2020. Mais seul le dernier trimestre a dépassé les niveaux des émissions de gaz à effet de serre de 2019 et les niveaux d’avant la pandémie de COVID-19.
L’empreinte carbone de 2021 était en effet inférieure à celle de 2019 et des années précédentes jusqu’à 2010 au moins. « Malgré l’effet du rebond économique entre les mêmes trimestres de 2020 et 2021, la tendance à long terme des émissions de gaz à effet de serre de l’UE affiche une réduction constante », explique Eurostat.
Pour l’ensemble de l’année 2021, l’UE a émis 3 781 Mt CO2e. C’est 278 millions de tonnes de plus qu’en 2020 ; 61,5 millions de tonnes de moins qu’en 2019 (en 2020, l’empreinte de l’UE a diminué de 340 Mt CO2e par rapport à 2019). Ainsi, l’empreinte carbone en 2021 a augmenté de 8 % par rapport à 2020 mais a diminué de 2 % par rapport à 2019.
Mais le rebond économique a tout de même ralenti la réduction des émissions de carbone. Par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, les émissions en 2021 ont diminué 59 % plus lentement qu’en 2019–2018 et 16 % plus lentement qu’en 2018–2017.
Si toutes les émissions économisées durant la pandémie de COVID-19 n’ont pas été totalement annulées par le rebond économique de 2021, cela ne signifie pas que 2022 ne verra pas une autre augmentation des émissions.

Les réductions d’émissions de GES en 2021 par rapport à 2019 sont principalement dues à deux secteurs économiques
En fait, l’examen des données par catégories montre que les réductions d’émissions en 2021 par rapport à 2019 sont principalement le fait de deux activités : La fourniture d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné (-37,5 Mt CO2e), et le transport et le stockage (-57 Mt CO2e).
Toutes les autres activités, à l’exception de l’agriculture (-4 Mt CO2e), ont vu leurs émissions augmenter en 2021 par rapport à 2019. C’est notamment le cas de l’industrie manufacturière, +25 Mt CO2e, de loin l’activité économique qui a connu la plus forte croissance, suivie des activités domestiques (+2,6 Mt CO2e).
Si toutes les activités présentaient une empreinte carbone plus faible en 2020, y compris les ménages malgré les confinements, elles ont ensuite presque toutes annulé les gains en 2021 (si la pandémie a modifié de façon spectaculaire les comportements de la société, les données montrent que les parts d’émissions entre les activités restent en fait globalement relativement stables).
Et si, en 2022, l’empreinte carbone des secteurs du transport et du réseau d’approvisionnement de l’électricité, du gaz naturel et d’eau chaude cesse de diminuer ou diminue plus lentement, l’empreinte carbone de l’UE pourrait à nouveau croître comme en 2015, 2016 et 2017.
Et ce sont précisément ces deux secteurs qui ont eu parmi les trois plus fortes augmentations d’émissions au cours du quatrième trimestre 2021, avec +18 % pour le transport par rapport à 2020, et +10 % pour l’approvisionnement en électricité, gaz et eau chaude. Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est qu’indépendamment des tensions observées en 2021 sur les chaînes d’approvisionnement et du transport maritime, les émissions du secteur des transports étaient en constante augmentation au cours des cinq années précédant la pandémie.
L’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, elle ne doit pas émettre plus de 2 543 Mt CO2e par an, soit encore 33 % de moins que l’empreinte carbone de 2021.