En Colombie, le Movilidad Segura, un programme test mené par les États-Unis pour aider la procédure d’immigration aux États-Unis, a été lancé. L’administration Biden espère que cela réduira le nombre de personnes franchissant illégalement la frontière mexicaine. Mais il n’est pas destiné aux Colombiens. D’autres initiatives similaires sont également en place au Guatemala et au Costa Rica.
Depuis le 28 juin, le programme Movilidad Segura (Mobilité sûre) s’est ouvert en Colombie avec le lancement d’un site internet destiné à recevoir les demandes d’immigration vers les États-Unis.
Ce programme test de six mois vise à aider les aspirants migrants à se rendre aux États-Unis par des voies légales et à réduire le trafic d’êtres humains et les passages illégaux à la frontière mexicaine.
Selon les données du service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (Customs and Border Protection, CBP), un nombre record de 131 000 Colombiens ont été appréhendés en tentant de franchir illégalement la frontière américaine entre octobre 2022, le début de l’année fiscale de l’administration américaine, et mai 2022. Des statistiques qui dépassent déjà les chiffres pour l’ensemble de l’année fiscale 2022.
Jusqu’à présent, au cours de l’exercice fiscal 2023, les Colombiens représentent la quatrième nationalité la plus stoppée par les États-Unis à la frontière.
Toutefois, au cours de l’exercice fiscal 2022, les patrouilles américaines ont arrêté plus de Mexicains (823 000), de Guatémaltèques (233 000), de Cubains (225 000), de Honduriens (215 000), de Vénézuéliens (190 000) ou de Nicaraguayens (165 000) que de Colombiens (131 000).
En effet, le programme Movilidad Segura en Colombie n’est ouvert qu’aux personnes originaires du Venezuela, d’Haïti et de Cuba qui peuvent prouver qu’elles résidaient légalement en Colombie avant le 12 juin.
Le programme en Colombie n’est ouvert qu’aux citoyens du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et d’Haïti
Movilidad Segura est un projet pilote des États-Unis soutenu par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Il vise à aider les réfugiés et les migrants des pays d’Amérique du sud et latine à se rendre en toute sécurité et légalité aux États-Unis et dans d’autres pays. Grâce à ce site internet, les autorités américaines espèrent orienter les demandeurs vers des voies légales pour entrer sur le sol américain et réduire les passages illégaux aux frontières, notamment via le Mexique.
Au début de l’année 2023, l’administration Biden a annoncé que les États-Unis, en coordination avec le Mexique, accepteraient jusqu’à 30 000 migrants par mois en provenance du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et d’Haïti à la frontière mexicaine. Mais d’un autre côté, ils renforceront les restrictions imposées à ceux qui tentent de franchir la frontière avec le Mexique sans les documents nécessaires.
Les États-Unis espèrent atténuer la crise migratoire à la frontière mexicaine longue de 3 100 km qui s’est amplifiée depuis 2021.
Fin avril, le Département d’État et le Département de la sécurité intérieure ont annoncé, entre autres mesures, l’ouverture de centres de régionaux dans les pays partenaires « afin de réduire la migration irrégulière et de faciliter des voies d’accès sûres, ordonnées, humaines et légales depuis les Amériques ».
Sur le site internet de Movilidad Segura, les personnes peuvent remplir des formulaires en ligne pour demander un visa aux États-Unis. Si elles remplissent les critères d’entrée, elles peuvent ensuite être invitées à un entretien en personne dans ces centres de traitement locaux. L’ensemble de la procédure est gratuit. Les agents vérifient également si les demandeurs peuvent prétendre à un statut de réfugié ou à d’autres visas au Canada et en Espagne.
Le programme Movilidad Segura est une extension d’un programme similaire lancé en octobre pour les Vénézuéliens, avec un maximum de 24 000 personnes par an, lui-même inspiré d’un programmes pour les Ukrainiens fuyant la guerre avec la Russie.
CBPOne, une application mobile qui permet aux personnes de prendre rendez-vous à un poste frontalier, a été introduite en octobre dernier et est maintenant étendue aux autres nationalités.
Près de 2 millions de Vénézuéliens ont fui vers la Colombie
La Colombie est le pays d’Amérique du Sud qui accueille le plus de réfugiés vénézuéliens.
Malgré la fermeture de la frontière de 2 200 kilomètres pendant plusieurs années, 1,8 million de Vénézuéliens ont migré vers la Colombie entre 2015 et 2021, et la moitié d’entre eux ont franchi la frontière sans papiers. L’ancien président colombien Iván Duque, grand opposant au régime de Nicolás Maduro, souhaitait naturaliser tous les Vénézuéliens déjà présents en Colombie. En 2021, le pays a vu 1,2 million de personnes s’inscrire en ligne pour obtenir un statut de protection de 10 ans en Colombie, ce qui leur permettait de travailler légalement.
Avec l’élection de Gustavo Petro en 2022, le premier président de gauche de la Colombie a reconnu Nicolás Maduro comme le dirigeant légitime du Venezuela, les relations diplomatiques et la frontière furent rétablies entre les deux voisins.
Les Colombiens ne font pas partie du programme pilote et ne peuvent pas demander un visa par l’intermédiaire de Movilidad Segura.
Néanmoins, les États-Unis ont promis d’élargir les possibilités de résidence légale pour les citoyens colombiens qui ont émigré ou espèrent émigrer aux États-Unis avec la mobilité économique, les visas d’étude et les programmes de regroupement familial, et de réduire les délais d’obtention des rendez-vous pour les demandeurs de visa.
Les demandes de visa temporairement indisponibles
Le lancement du site internet en Colombie, retardé d’une douzaine de jours, n’est pas sans accrocs.
Le site prévient que le formulaire en ligne peut occasionnellement ne pas être disponible pour les nouvelles demandes car le programme est « en cours de lancement ». Il peut périodiquement cesser d’accepter des demandes afin de résoudre les divers problèmes qui peuvent surgir. Et jeudi, un jour après le lancement, les candidatures en ligne étaient déjà temporairement fermées et les personnes invitées à revenir plus tard.
Le programme de mobilité sûre existe également dans deux autres pays à l’heure actuelle. Au Guatemala, le programme est ouvert aux Guatémaltèques et aux ressortissants du Salvador, du Honduras et du Nicaragua, mais le 29 juin, les candidatures en ligne étaient également temporairement fermées.
Au Costa Rica, le programme est réservé aux Nicaraguayens et aux Vénézuéliens, du moins pour une phase initiale de deux mois.
