Le Pérou et le Venezuela s’accordent sur le rapatriement 42 000 Vénézuéliens qui souhaitent rentrer dans leur pays. La crise actuelle des réfugiés est la deuxième plus grave au monde. La position du Pérou vis-à-vis du Venezuela a également semé la confusion au sein d’un gouvernement récemment formé. Elle a été renforcée par les discussions actuelles entre le régime de Maduro et les partis d’opposition.
Le 21 septembre, le président contesté du Venezuela, Nicolás Maduro, a annoncé une coordination avec le Pérou pour rapatrier 42 000 Vénézuéliens dans leur pays d’origine.
Cela fait partie du plan vénézuélien « Vuelta a la Patria », retour à la patrie, un programme destiné à soutenir les migrants qui souhaitent retourner au Venezuela. Le Venezuela les appelle des migrants et non des réfugiés étant donné que les réfugiés sont « des personnes qui se trouvent hors de leur pays d’origine par crainte de persécutions, de conflits, de violences ou d’autres circonstances qui ont gravement troublé l’ordre public ».
On compte actuellement 5,4 millions de réfugiés et de migrants vénézuéliens dans le monde, soit la deuxième plus grande migration humaine forcée au monde après celle causée par la guerre civile syrienne.
Le Pérou est le deuxième pays qui accueille des réfugiés vénézuéliens, derrière la Colombie.
À ce jour, environ 25 000 Vénézuéliens sont rentrés dans leur pays depuis le début du plan. Caracas a indiqué qu’elle fournirait les avions et demanderait le soutien du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HRC).
En juin 2021, la communauté internationale, en collaboration avec le HCR, s’est engagée à fournir 1,5 milliard de dollars pour aider les réfugiés vénézuéliens. La dictature vénézuélienne avait alors qualifié ce projet d” »opération de propagande politique ».
« Prenez vos compatriotes qui sont venus commettre des crimes »
Cette annonce intervient après des discussions avec Pedro Castillo, le président du Pérou élu après un long imbroglio autour des votes, au Mexique lors du 6e sommet de la CELAC, un forum intergouvernemental comprenant trente-trois pays d’Amérique latine et des Caraïbes.
Au cours des discussions, Nicolás Maduro a également exprimé son intérêt pour la reprise des échanges commerciaux, en achetant au Pérou des denrées alimentaires pour leur programme de distribution de nourriture aux familles à faibles revenus, ainsi que des produits industriels.
Mais la position du Pérou vis-à-vis du régime vénézuélien est peu lisible depuis l’élection de Pedro Castillo en juillet.
Pedro Castillo, un politique de gauche, a parlé du Venezuela comme d’une démocratie et a estimé qu’ils devaient résoudre leurs problèmes en interne. Mais il a également déclaré qu’il n’y avait « pas de chavisme » au Pérou, faisant référence à l’héritage d’Hugo Chavez prolongé par Maduro.
En avril, pendant sa campagne présidentielle, le président du Pérou souhaitait que Maduro « vienne reprendre ses compatriotes qui sont venus commettre des crimes ».
Tandis que les discussions entre les deux pays lors de la CELAC n’ont pas été officiellement reconnues, le vice-ministre des affaires étrangères, Luis Enrique Chávez, a souligné que le Pérou ne reconnaissait officiellement aucune autorité légitime au Venezuela. Il a fait référence à la position que le Pérou a énoncée conjointement en janvier dernier avec le Groupe de Lima, un consortium de pays américains formé dans la capitale péruvienne et destiné à surmonter la crise institutionnelle au Venezuela.
Le président Castillo « respecte l’autodétermination »
Cependant, le Premier ministre Guido Bellido Ugarte a répondu que l’affirmation du vice-ministre n’était « pas la position du gouvernement ». Et il a révélé la réunion entre le président Castillo et « le président Nicolás Maduro pour résoudre la crise migratoire ».
Le ministre de l’Intérieur s’est, lui, rallié à la position du vice-ministre des affaires étrangères. Cependant, le jour même de l’annonce du Venezuela, le ministère des affaires étrangères du Pérou lui-même a publié une déclaration officielle expliquant que le pays n’a jamais rompu ses relations diplomatiques avec le Venezuela.
« Ces relations ont été maintenues au cours des administrations précédentes et sont actuellement au niveau consulaire. »
Le premier ministre a réaffirmé que le gouvernement devait rester cohérent avec les récentes positions du président pendant sa campagne électorale, qui avait « une inclination au respect de la souveraineté et de l’autodétermination des pays ».
Discussions au Venezuela pour des élections libres et démocratiques
Cette confusion est renforcée alors que le gouvernement et les partis d’opposition vénézuéliens ont entamé depuis le mois d’août des discussions afin de mettre fin à la crise par l’intermédiaire de processus démocratiques.
La déclaration du ministère des affaires étrangères a en outre « salué les progrès réalisés […] en vue de normaliser la vie politique [du Venezuela] par la convocation d’élections justes, libres et démocratiques, et la fin des sanctions économiques qui affectent le peuple vénézuélien. »
Des questions sur l’utilité ou l’existence du Groupe de Lima ont été mises sur la table. L’Argentine l’a quitté en mars ; le Mexique et la Bolivie ont reconnu le régime actuel du Venezuela.
Le président colombien, Iván Duque, un fort opposant au régime de Maduro, est resté sceptique quant aux négociations en cours. Bien qu’il ait apprécié les « efforts déployés par le gouvernement intérimaire pour s’asseoir avec la dictature », il a souligné que le seul résultat validant ce processus serait des élections présidentielles « libres et transparentes ».