La Colombie et le Venezuela ont rouvert leur frontière fermée depuis sept ans, principalement en raison de divergences politiques. L’élection de l’homme de gauche Gustavo Petro à la présidence de la Colombie a amorcé un changement dans les relations diplomatiques avec le Venezuela.
La Colombie et le Venezuela ont rouvert leur frontière de 2 219 kilomètres aux camions de marchandises le 26 septembre. La frontière avait été partiellement fermée pendant quatre ans puis complètement pendant trois autres années.
Le président colombien, Gustavo Petro, et le ministre vénézuélien des transports, Ramón Araguayan, se sont rencontrés au pont Simón Bolívar lors de la cérémonie de réouverture lundi. Connectant le département du nord-est de la Colombie, Norte de Santander, et l’État vénézuélien de Táchira, la zone est le principal point de passage entre les deux voisins. La présence du président colombien avait été annoncée seulement quelques heures auparavant par la présidence.
Un vol de la petite compagnie aérienne vénézuélienne Turpial, le 26 septembre, a également marqué la réouverture de la liaison Caracas-Bogotá. Jusqu’au 23 septembre, l’entreprise publique vénézuélienne Conviasa était censée assurer le premier vol, mais la compagnie figure toujours sur une liste des États-Unis qui aurait impliqué une série de sanctions. Vingt-sept vols entre le Venezuela et la Colombie sont prévus jusqu’à la fin de l’année.
La réouverture des liaisons aériennes et routières marque un changement dans les relations entre la Colombie et le Venezuela, et constitue les premières étapes pour « restaurer des relations fraternelles », a déclaré M. Petro.
Ancien guerillero, Gustavo Petro est considéré comme étant devenu le premier homme politique de gauche élu président de la Colombie le 19 juin. Pendant sa campagne, M. Petro a promis d’améliorer les relations avec le Venezuela et de « normaliser » la situation à la frontière.
Gustavo Petro et Nicolás Maduro, le chef du régime vénézuélien, ont eu une conversation téléphonique officielle trois jours après son élection, au cours de laquelle tous deux ont convenu de rouvrir des consulats. Ils ont nommé des ambassadeurs respectifs en août. Bogota et Caracas ont ensuite annoncé simultanément le 9 septembre le projet de réouverture de la frontière commune de 2 219 kilomètres, et assuré que la liaison aérienne, suspendue depuis la pandémie de COVID-19, reprendrait également.
Les relations diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie suspendues en 2019
« Aujourd’hui est un jour historique pour la région, pour le pays, pour l’Amérique du Sud, pour l’Amérique en général », a déclaré le président Petro lors de son discours. Nicolás Maduro a écrit sur Twitter que « la réouverture de la frontière entre la Colombie et le Venezuela est sans aucun doute historique, qui marque le début d’une étape de relations de fraternité, de respect et de paix. Nous sommes des peuples unis par le lien indestructible du bolivarisme. »
Nicolás Maduro avait décidé de fermer partiellement la frontière en août 2015 sous prétexte de lutte contre la contrebande, le trafic de drogue et les paramilitaires. M. Maduro a ensuite rompu complètement les relations diplomatiques en 2019. M. Guaidó avait tenté d’acheminer de l’aide humanitaire des États-Unis via la Colombie lors de violents troubles politiques, ce que M. Maduro considérait comme un complot visant à prendre le pouvoir par les armes.
L’ancien président colombien Iván Duque, opposant notoire au régime de M. Maduro, a reconnu cette année-là le leader de l’opposition Juan Guaidó comme « président en charge » du Venezuela. M. Petro considère M. Guaidó comme un président « non-existant » qui n’a aucun pouvoir dans le pays et a reconnu M. Maduro comme le dirigeant légitime du Venezuela.
Le groupe d’opposition de Juan Guaidó gérait depuis 2019 les actifs de Monómeros, une filiale pétrochimique de l’entreprise publique Petróleos de Venezuela, située en Colombie, car il était considéré comme le président en charge. Armando Benedetti, le nouvel ambassadeur de Colombie au Venezuela, a annoncé la semaine dernière que les actifs de Monómeros retourneraient aux mains du régime de Maduro.
La frontière est restée toutefois poreuse, les personnes faisant du trafic de marchandises ou traversant les champs et les rivières. Confronté à de fortes crises économiques, sanitaires et politiques, le Venezuela a connu un exode forcé massif de sa population depuis 2015, notamment vers la Colombie, ce qui a également créé une opportunité pour les trafiquants d’êtres humains. En conséquence, la fermeture de la frontière a laissé plus de place aux criminels et aux groupes armés et s’est avérée favoriser les activités illégales, selon les autorités colombiennes. « Espérons que l’immigration massive en provenance du Venezuela […] puisse être calme désormais », a déclaré M. Petro. Environ 1,8 million de Vénézuéliens, dont près de la moitié sans papiers, ont quitté leur pays pour la Colombie.
Depuis juin 2021, après la pandémie, la frontière fut partiellement rouverte aux personnes à pied, mais toujours avec des restrictions et des horaires définis.
Le président colombien espère que les échanges commerciaux atteindront les 4 milliards de dollars d’ici la fin de son mandat dans quatre ans, puis à moyen terme 8 milliards de dollars, proche des niveaux de 2008 selon la chambre d’intégration colombo-vénézuélienne (CAVECOL).
Le pont de Tienditas, beaucoup plus grand que le pont Simón Bolívar, devrait être rénové d’ici quelques semaines. La frontière devrait également s’ouvrir prochainement aux particuliers.