En Israël, le gouvernement veut sévir contre les entreprises avec des positions monopolistiques qui, comme Coca-Cola, seraient responsables de la hausse des prix dans le pays.

Dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé qu’il allait former une équipe pour s’attaquer au coût de la vie, après des critiques selon lesquelles le gouvernement aurait négligé la hausse des prix au profit de ses réformes judiciaires controversées.
L’indice des prix à la consommation dans le pays est supérieur à la fourchette cible de 5 % depuis plusieurs mois. La Banque d’Israël augmente régulièrement le taux d’intérêt pour limiter l’inflation.
Peu de détails ont été donnés sur le groupe chargé de lutter contre l’inflation, si ce n’est qu’il impliquera les ministres des finances et de l’économie.
Et Nir Barkat, le ministre de l’économie, répète qu’il est en « guerre contre les monopoles et les cartels » (dans le sens oligopole). Il envisage de présenter un projet de loi pour obliger les entreprises privées dont le chiffre d’affaires dépasse 300 millions de shekels israéliens (75 millions d’euros) à publier les bilans financiers de leurs produits ayant des grosses parts de marché selon Arutz Sheva, un média proche de l’ultra-orthodoxie.
L’objectif est alors de savoir comment les prix des produits sont fixés et si les entreprises génèrent des profits excessifs sur les ventes.
Face à l’inflation, le ministre affirme que les marchés israéliens ont souffert de « monopoles et de cartels enracinés depuis des décennies ». Il vise à renforcer la concurrence pour faire baisser les prix et menace les entreprises de poursuites pénales avec cette loi si elles ne se conforment pas aux demandes d’informations.
Ce projet de loi vient après que les autorités n’ont pas reçu les données financières des géants de l’agroalimentaire sur leurs produits.
Le ministre avait commencé par cibler Coca-Cola en demandant à la Central Beverage Company, un important producteur et distributeur israélien de boissons gazeuses, de produits laitiers et de boissons alcoolisées qui détient la franchise Coca-Cola en Israël, de remettre aux autorités leurs bilans financiers sur leur rentabilité. Cette annonce fut faite après que Coca-Cola Israël a annoncé une augmentation des prix de près de 7 %.
Pourtant, en mars, le ministre des finances Bezalel Smotrich venait de signer une directive visant à annuler une taxe sur les boissons sucrées mise en place récemment. Il avait alors déclaré que cette mesure constituerait « une réduction significative du panier de courses ». Les Israéliens ultra-orthodoxes, qui ont tendance à avoir des familles nombreuses et sont de grands consommateurs de boissons sucrées, estimaient qu’ils étaient particulièrement visés par la taxe introduite par le gouvernement précédent, selon le Times of Israel.
Début mai, Yonatan Bezalel, le contrôleur des prix du ministère de l’économie et de l’industrie, a dénoncé « un monopole sur le marché des boissons au cola » et a demandé à l’entreprise de fournir des informations financières détaillées, allant des quantités vendues et des bénéfices opérationnels jusqu’aux bilans financiers audités des dernières années.
La demande fut justifiée par l’intention des autorités d’étudier la nécessité de contrôler les prix des produits de l’entreprise.
En Israël, les prix de certains produits alimentaires de base, comme le pain et le lait, sont contrôlés par l’Etat. Mais le Coca-Cola n’est évidemment pas un produit de première nécessité.
La semaine dernière, les autorités sont allées plus loin et ont demandé à 15 géants de l’alimentation de leur transmettre leurs bilans et d’y détailler les coûts opérationnels et les bénéfices. Mais les acteurs de l’industrie ont fait valoir que cette demande était illégale.
Dimanche, le site d’actualité Wallah a rapporté que la Central Beverage Company a été la première à répondre qu’elle n’avait pas envoyé d’informations financières, affirmant que la demande était illégale et dépassait l’autorité du ministère. La Central Beverage Company est une entreprise privée qui n’est pas tenue de publier ses données financières.
Pour l’Association des Industriels d’Israël, « le monopole le plus prédateur en Israël est le gouvernement israélien. Contrairement à tous les autres pays du monde, le gouvernement israélien rend non seulement difficile le commerce, mais il augmente constamment les prix des logements, des voitures, du carburant, de l’électricité, de l’eau, des taxes foncières, des produits et des services en Israël », a déclaré l’organisme représentant les industries du pays le 21 mai.
Dimanche, M. Barkat a également soumis à la Knesset, le Parlement israëlien, un projet de loi visant à réduire le portefeuille des importateurs et ainsi leur pouvoir de négociation, estimant que les fournisseurs ont trop de pouvoir et dictent les prix. Ce projet reprend son idée de janvier visant à obliger les grands importateurs à ne pouvoir importer des produits qu’auprès d’une seule grande entreprise.
Le ministère de l’économie a également lancé un programme de communication intitulé « Pas fidèle à la marque – fidèle au prix ! » avec un site informant du prix un panier de produits alimentaires avec des marques connues contre un panier avec des produits de premier prix.
Selon l’étude du ministère, le panier contenant des marques premium peut coûter de 19 à 32 % plus cher que celui contenant des produits de substitution, en fonction des distributeurs.
« Il est temps d’arrêter de payer un prix élevé pour les marques. Achetez intelligemment et bon marché », a déclaré Amnon Merhav, directeur général du ministère de l’économie et de l’industrie.
Mais il n’est pas certain qu’aucun des deux projets de loi soit adopté.
Le projet de janvier visant à limiter les activités commerciales des importateurs a été retiré par le ministère des finances, qui avait annoncé à la place la création d’un comité public chargé d’examiner les mesures visant à démanteler les monopoles et les géants de l’agroalimentaire.