Le ministère des Affaires étrangères de la Bolivie a annoncé cette semaine l’inclusion du pays dans le MERCOSUR, le plus grand accord commercial d’Amérique du Sud. Alors que la Bolivie est affiliée au groupe depuis 1996, cette démarche lui donnera du poids pour négocier avec des partenaires majeurs, espérant augmenter ses exportations industrielles et redresser son déficit commercial.
Le Marché commun du Sud (MERCOSUR), comprenant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela (suspendu), a accepté l’adhésion de la Bolivie en tant que membre.
Cette démarche était en cours depuis 2015 et la Bolivie fut finalement incluse après l’acceptation du Brésil. Bien qu’il y ait des inquiétudes sur les conséquences économiques de cette démarche dans le pays, le gouvernement espère que cela améliorera la position économique de la Bolivie.
La Bolivie a ainsi l’ambition d’augmenter ses exportations grâce à cet accord, en mettant l’accent sur son développement industriel. Alors que la Bolivie était principalement exportatrice de ressources primaires, le pays souhaite diversifier ses exportations en fournissant des produits manufacturés aux pays du MERCOSUR. Cela comprend des pièces automobiles, des pièces mécaniques et des produits de menuiserie.
Quatre ans de négociations
Bien que le MERCOSUR comporte plusieurs dispositions économiques et financières pour ses membres, il s’agit d’un accord d’intégration globale. Pour être membre du MERCOSUR, les pays doivent respecter un seuil de dispositions en matière de droits de l’homme et de démocratie. L’échec du Venezuela à respecter ces conditions a conduit à sa suspension en 2017.
La Bolivie a déclaré qu’elle incorporera les prérogatives du MERCOSUR au cours des quatre prochaines années, à la fin desquelles elle sera officiellement intégrée au groupe. Le gouvernement a également déclaré qu’il négociera bon nombre de ces termes afin de bénéficier des meilleures conditions possibles pour eux.
Une des principales stipulations du MERCOSUR est le tarif extérieur commun. Tous les pays du MERCOSUR partagent le même tarif pour le commerce avec d’autres pays, tandis que le commerce entre les membres est exempt de droits de douane.
La Bolivie a déjà bénéficié de l’absence de droits de douane en tant que membre affilié depuis 1996, cependant, elle n’avait pas la capacité de négocier sur les droits de douane de certains produits. Le résultat a été qu’elle exportait à peine autre chose que du gaz (dont l’accord avec l’Argentine prend fin), et son déficit public n’a cessé d’augmenter depuis 1996.
Selon Benjamín Blanco, vice-chancelier de Bolivie, la Bolivie a signé un accord qui leur garantit le « meilleur traitement » de la part des autres membres. M. Blanco a déclaré que la Bolivie travaillera à négocier des conditions qui leur permettront d’augmenter leurs exportations, similaire aux négociations du Paraguay.
Le Paraguay a réussi à conclure un accord avec le MERCOSUR qui lui a permis d’exporter des textiles en utilisant seulement 40 % de produits locaux, alors que la stipulation officielle est un minimum de 60 %.
Des exportations de ressources primaires vers des biens manufacturés
Le vice-chancelier Blanco a ajouté que faire partie du MERCOSUR leur permettra de faire partie de la chaîne de production industrielle des autres pays. Par exemple, les voitures exportées et vendues par le Brésil ont leurs pièces fournies par plusieurs pays du MERCOSUR. La voiture est ainsi considérée comme un produit fabriqué dans le MERCOSUR.
Les préoccupations entourant la démarche de la Bolivie concernent les résultats de la dernière adhésion de la Bolivie au MERCOSUR en 1996. Bien que la démarche en théorie offrait un plus grand potentiel commercial, elle a abouti à un déficit commercial. Des inquiétudes subsistent également concernant les pratiques de déforestation de la Bolivie, qui pourraient entraver les négociations avec l’Union européenne.
Le Brésil et l’Allemagne ont été en pourparlers pour finaliser un accord entre l’UE et le MERCOSUR, avant même l’inclusion de la Bolivie. Cependant, l’élection récente de Javier Milei en Argentine, qui s’oppose au MERCOSUR, a peut-être compliqué l’accord.
Un des avantages perçus de la démarche est la position commerciale centrale renouvelée de la Bolivie en Amérique du Sud, entre les blocs commerciaux du MERCOSUR et de la Communauté andine. Avec l’inclusion de la Bolivie dans le MERCOSUR, le pays est la seule entité à faire partie des deux blocs commerciaux. La Communauté andine comprend la Colombie, l’Équateur, le Chili et la Bolivie.
L’intégration de la Bolivie dans la Communauté andine a augmenté les exportations de produits transformés, notamment de produits carnés et d’huile de soja. M. Blanco a déclaré que cela était dû à des négociations réussies avec les pays membres et qu’il espère que le pays pourra connaître le même succès avec le MERCOSUR, mais en exportant des produits industriels.