Des étudiants de la ville de Perth ont récemment été la cible d’escrocs qui les manipulent en les forçant à simuler leur propre enlèvement afin d’extorquer une rançon à leurs parents.
Quatre étudiants âgés de 18 à 22 ans et leurs familles ont été victimes d’un nouveau type d’escroquerie qui sévit en Australie depuis le début du mois d’août : les faux kidnappings.
Les escrocs utilisent des informations recueillies sur les réseaux sociaux pour falsifier des documents et faire croire à leurs victimes qu’elles sont liées à un crime commis sur le territoire australien et menacés d’extradition vers la Chine, leur pays d’origine, ou de poursuites judiciaires s’ils ne paient pas une grosse somme d’argent, explique différents médias locaux.
Les escrocs leur conseillent alors d’organiser un faux enlèvement et d’envoyer des photos à leurs parents à l’étranger pour leur extorquer l’argent nécessaire. La police australienne a récemment indiqué que les parents d’un étudiant de 17 ans ont reçu un message WeChat de leur fils contenant des enregistrements et des photos de lui avec les pieds et mains liés, en mars dernier. Les faux ravisseurs exigeaient que 215 000 dollars australiens (132 000 euros) soient envoyés sur un compte bancaire chinois, faute de quoi la sécurité de leur fils serait compromise.
Un ami de la famille a signalé l’incident à la police le matin même, et les inspecteurs de Perth ont localisé l’adolescent dans un hôtel quelques heures plus tard. L’étudiant a admis qu’il n’était pas retenu en otage, mais qu’il avait été contraint de simuler son enlèvement dans le cadre d’une escroquerie.
Un phénomène mondial
« Les escrocs profitent de leur vulnérabilité et exploitent la distance qui sépare les victimes de leur famille », déclare le directeur de la station de police de Perth, Peter Foley, interrogé par 7news. « Il est pratiquement impossible pour les familles de confirmer que la victime est en sécurité et se porte bien, et qu’aucune accusation n’a été portée contre elle par les autorités étrangères. Les sentiments d’impuissance et de honte découragent les victimes de contacter la police après avoir été escroquées », ajoute-il.
La police australienne a formulé une série de recommandations pour éviter que d’autres étudiants étrangers ne tombent dans le même piège et conseillé aux étudiants de contacter la police si quelqu’un les appelle pour les menacer d’expulsion ou d’arrestation.
Un phénomène similaire avait déjà été signalé aux Etats-Unis en janvier dernier. Kai Zhuang, un étudiant chinois de 17 ans, avait été porté disparu près de Salt Lake City, avant d’être retrouvé quelques jours plus tard, seul, dans des montagnes du nord de la ville.
Comme rapporté par VOA News, des escrocs avaient tenté d’obtenir une rançon de 80 000 dollars en faisant croire à la famille de Zhuang qu’il avait été kidnappé. Les criminels s’étaient fait passer pour des policiers chinois afin de convaincre l’étudiant de quitter son lieu de résidence et de s’installer dans un hôtel. Ils avaient ensuite menacé sa famille.
Le 3 janvier, quelques jours seulement après la découverte de Kai Zhuang, le Federal Bureau of Investigation (FBI) avait lancé un avertissement concernant les faux enlèvements de Chinois aux États-Unis.
« Les Chinois ont naturellement peur de la police », expliquait alors Han Jiang Du Diao Seng, un influenceur chinois basé aux États-Unis, interrogé par VOA. Il gère des comptes YouTube et Weibo très populaires parmi les étudiants chinois participant à des échanges sur le territoire américain.
Seng a expliqué avoir aidé quatre étudiants chinois victimes de faux enlèvements. Les criminels, qui se font passer pour des fonctionnaires chinois, commencent par demander aux étudiants s’ils ont récemment reçu de l’argent de leur famille. S’ils répondent par l’affirmative, ils font croire aux étudiants que l’argent a été envoyé illégalement. Ils demandent ensuite aux étudiants de cesser de communiquer avec leur famille pendant que les autorités examinent le problème. Rapidement, cela fait croire à la famille que leur enfant a été kidnappé.
Un nombre de cas en hausse
Des experts en cybersécurité ont déclaré à la VOA qu’il n’existait pas d’informations précises sur le nombre de cas de faux enlèvements aux États-Unis ou dans le monde. Toutefois, le nombre de cas semble augmenter.
Et l’amélioration des technologies, en particulier de l’intelligence artificielle (IA), pourrait faciliter cette pratique. L’IA peut créer des « deepfakes » : des faux sons et fausses images qui peuvent donner l’impression que les victimes ont réellement été enlevées, a déclaré M. Payton, PDG de Fortalice Solutions, une entreprise de sécurité.
En février dernier, au Canada, la police a publié un avertissement concernant une vague d’escroqueries visant les ressortissants chinois dans le pays, précisant que des étudiants s’étaient fait soutirer des centaines de milliers de dollars par des escrocs prétendant être des représentants du gouvernement chinois. Des problèmes similaires ont été observés au Japon l’été dernier. La police locale a fait état d’au moins six étudiants chinois visés par des projets de faux enlèvements, poussant l’ambassade de Chine à Tokyo à publier une mise en garde contre ces escroqueries en août.
L’université de Bournemouth en Angleterre a également lancé un avertissement concernant des escroqueries visant des étudiants chinois il y a quelques mois.