L’Inde a lancé l’Indian Space Association afin d’accroître son influence dans l’économie spatiale. Elle partagera les connaissances de son agence spatiale civile avec des entreprises privées.
Le 11 octobre, le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé la création de l’Indian Space Association (ISpA), l’Association spatiale indienne, un groupement d’entreprises privées présenté comme une « association industrielle de sociétés spatiales et de satellites ».
Ainsi, le gouvernement indien partagera les connaissances de l’Indian Space Research Organisation (ISRO), l’équivalent indien de la NASA, avec des entreprises privées sélectionnées. M. Modi souhaite que l’Inde agisse comme un « facilitateur » plutôt que comme un « opérateur ». « Aujourd’hui, de la défense au secteur spatial, le gouvernement partage son expertise et sert de rampe de lancement au secteur privé. »
Nelco, une entreprise du groupe TATA, est l’un des douze membres de l’ISpA. L’entreprise a annoncé la semaine dernière un partenariat avec le canadien Telesat afin d’offrir des communications commerciales par satellite d’ici 2024.
Un autre membre est OneWeb, une entreprise de communications par satellite en orbite basse sauvée de la faillite en 2020 par le gouvernement britannique et le conglomérat du milliardaire indien Sunil Bharti Mittal, le propriétaire de Bharti Airtel, une autre organisation faisant partie de l’ISpA et l’un des plus grands opérateurs de réseaux mobiles au monde.
Bientôt plus de satellites dans l’espace que pendant toute l’histoire de l’ère spatiale cumulée
En fait, l’Inde veut se positionner dans l’économie spatiale, en pleine croissance, et s’emparer de parts de marché.
« Aujourd’hui, nous passons de l’ère de l’information à l’ère spatiale », a expliqué le Premier ministre. « Nous passons désormais du statut de fournisseur de composants spatiaux à celui d’acteur d’un bout à l’autre de la chaîne des systèmes spatiaux. »
OneWeb a partagé son ambition d’atteindre une flotte de 648 satellites au total, soit trois fois plus qu’aujourd’hui, d’ici la fin 2022 et de couvrir le monde entier. Il y a un mois, OneWeb a signé un accord de fourniture de satellites avec AT&T afin que la société de télécommunications américaine puisse offrir des services internet dans des zones reculées où les câbles, la fibre optique ou les connexions sans fil sont pour l’instant hors de portée.
Mais la concurrence n’a pas attendu l’Inde pour se lancer dans la course.
Starlink, le réseau de satellites de SpaceX destiné à fournir un accès à Internet, ambitionne d’avoir jusqu’à 42 000 satellites en orbite et a déjà reçu l’autorisation de la Commission fédérale des communications des États-Unis (FCC) de faire voler 12 000 satellites. C’est plus que tous les satellites envoyés dans l’espace dans toute l’histoire de l’humanité.
De plus, le projet Kuiper d’Amazon, un investissement de 10 milliards de dollars, a reçu l’approbation de la FCC pour exploiter une constellation de 3 236 satellites en juillet 2020.
Pour mettre ces chiffres en perspective, seuls 12 070 satellites furent lancés depuis 1957 et le début de l’ère spatiale, selon l’Agence spatiale européenne. En septembre 2021, environ 7 550 satellites, dont 38% ne fonctionnant pas, étaient encore dans l’espace.
L’Inde veut une part de marché de 9% dans l’économie spatiale d’ici 2030
Selon l’ISRO, la taille actuelle de l’industrie spatiale est d’environ 360 milliards de dollars. Et l’Inde ne représente que 2 % de l’économie spatiale, soit 7,2 milliards de dollars aujourd’hui, mais elle veut conquérir 9 % de parts de marché d’ici 2030.
Cette annonce s’inscrit également dans le cadre du plan AatmaNirbhar Bharat, le projet de M. Modi de rendre l’Inde autonome. Le Premier ministre envisage que l’Inde soit autonome en termes de communications par satellite.
Alors que le gouvernement indien utilise Internet comme outil politique, M. Modi promeut également les investissements dans les télécommunications et l’imagerie par satellite comme une innovation aidant les Indiens en améliorant les projets d’infrastructure, en fournissant de meilleures prévisions météorologiques aux agriculteurs ou en surveillant mieux les catastrophes naturelles.