Kenya : une usine de smartphones locaux pour baisser les prix, et contrer la fraude fiscale

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2 novembre 2023

Le Kenya a ouvert sa première usine d’assemblage de smartphones pour produire des téléphones mobiles 4G à bas prix et contrer un problème de fraude fiscale.

Usine d'assemblage de smartphones au Kenya
Le Kenya a ouvert sa première usine d’assemblage de smartphones pour produire des téléphones mobiles 4G à bas coût | © Présidence du Kenya

Le gouvernement kényan a annoncé cette semaine qu’il mettait en circulation son premier lot d’un million de smartphones assemblés localement, le Neon Smarta et le Neon Ultra, au prix de 40 dollars (6,000 shillings kényans).

La plupart des téléphones portables importés sur le marché kényan échappent aux taxes. Le président William Ruto a souligné ce lundi que cette situation représentait un défi de taille pour le gouvernement en matière de collecte de recettes fiscales.

« L’importation de smartphones présente de nombreuses difficultés. La plupart des téléphones sont importés et selon nos statistiques, près de 50% des téléphones importés au Kenya ne passent pas par le processus fiscal normal », a déclaré M. Ruto. « La meilleure façon de résoudre le problème est de fabriquer tous les téléphones localement. L’usine locale contribuera également à créer des emplois pour les jeunes », a‑t-il ajouté.

Depuis 2022, les mesures prises par la Kenya Revenue Authority (KRA) pour endiguer la fraude fiscale ont entraîné une hausse des prix à la consommation et des pénuries d’approvisionnement. Les importations de smartphones ont chuté de 13,5 % au cours des trois mois précédant décembre 2022, par rapport au même trimestre de 2021, selon les données publiées par International Data Corporation (IDC).

De nombreux fournisseurs officiels et non officiels ont exprimé leurs inquiétudes face à la pénurie, certains déclarant avoir été contraints de fermer leurs opérations ou de réduire leurs effectifs. Le faible nombre de smartphones dans les rayons des magasins a également contraint les détaillants à augmenter les prix de leurs appareils.

Les importateurs de marchandises ont été invités à payer des taxes basées sur la valeur de la transaction, conformément à une nouvelle directive émise par la KRA. Précédemment, les importateurs déclaraient les marchandises en vrac et payaient un droit fixe de 1,5 dollar (200 shillings kényans) par kilogramme. Selon la KRA, la décision d’adopter le nouveau tarif, basé sur la valeur transactionnelle, fait suite à un abus de la directive gouvernementale initiale, qui visait à alléger les coûts pour les petits importateurs.

En effet, certains importateurs d’articles soumis à restrictions contournaient les permis d’importation. D’après le gouvernement kényan, certains importateurs auraient reçus des appareils mobiles haut de gamme mais les qualifiaient de téléphones multifonctions. De cette manière, ils ne payaient qu’une fraction de la taxe sur la valeur réelle des appareils.

L’usine East Africa Device Assembly Kenya Limited (EADAK), établie à Athi River, dans le comté de Machakos, répond à la promesse du gouvernement d’établir une capacité locale d’assemblage de smartphones. Elle a été créée dans le cadre d’une coentreprise entre des opérateurs de réseaux mobiles locaux et fabricants d’appareils internationaux. Les appareils seront disponibles dans tout le pays dans les magasins Faiba et chez les revendeurs, ainsi que dans les magasins Safaricom et sur la plateforme en ligne Masoko.

Grâce à un plan d’étalement de paiement, les Kényans auront la possibilité de déposer 7 dollars (1 000 shillings kényans) à l’achat et de payer l’appareil au fur et à mesure qu’ils l’utilisent. Le plan de paiement pour ces appareils débutera en janvier 2025. Le président William Ruto a assuré que le gouvernement continuait de travailler avec leurs partenaires pour réduire les coûts. Les smartphones devraient cibler plus de 60% des utilisateurs de téléphones dans le pays.

« Cette usine d’assemblage soutiendra le programme du gouvernement visant à améliorer l’inclusion numérique dans le pays », a par ailleurs déclaré Joshua Chepkwony, président de l’EADAK et président-directeur général de Jamii Telecom, un opérateur téléphonique local. En effet, avec un volume de production attendu de 21 000 téléphones par mois, le projet vient soutenir le programme gouvernemental d’inclusion numérique qui a déjà permis de former 300 000 personnes en 2023. Le gouvernement étendra également la connectivité par fibre optique à des zones auparavant inaccessibles.

D’autres appareils devraient également être lancés dans les prochains mois, notamment une tablette numérique assemblée localement.

Julie Carballo

Julie Carballo est correspondante pour Newsendip.

Auparavant, elle a notamment travaillé pour Le Figaro et au bureau de Rome pour l'AFP.