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Pourquoi la Norvège investit dans l’avenir numérique du Ghana ?

5 minutes de lecture
29 mars 2021

En novembre 2020, la Norvège a décidé d’aider 14 000 Ghanéens à acquérir des compétences professionnelles autour du numérique au cours des trois prochaines années. Cet investissement de 3 millions de dollars est un exemple modeste mais révélateur de la relation commerciale étroite qui unit les deux pays depuis 2007 et un programme de développement pétrolier.

Le Ghana, la Norvège et l'UIT signent un partenariat numérique sur la formation de 14 000 Ghanéens
Le Ghana, la Norvège et l’UIT signent un partenariat numérique sur la formation de 14 000 Ghanéens | Crédits : UIT, novembre 2020

L’ambition du Ghana de devenir un leader de l’économie numérique africaine

En novembre 2020, l’Union internationale des télécommunications et la Norvège ont signé un partenariat de trois ans visant à améliorer les compétences numériques des minorités isolées au Ghana, en collaboration avec l’entreprise technologique américaine Cisco et le Ghana Investment Fund for Electronic Communications (GIFEC). L’UIT est une institution spécialisée des Nations unies qui vise à connecter le monde grâce aux technologies de l’information et de la communication.

Le programme permettra à 14 000 personnes d’acquérir des compétences numériques pour le travail dans 200 centres de formation répartis dans tout le Ghana.

Au cours des dernières années, le gouvernement ghanéen a tenté de numériser le pays et de fournir davantage de services numériques à ses citoyens.

Plus tôt en 2020, 3 initiatives ont été conçues pour améliorer l’inclusion financière de la population ghanéenne dont l’âge médian n’est que de 21,5 ans. Les autorités ont lancé de nouvelles politiques pour faciliter les paiements numériques et le commerce électronique. Le pays a été le premier pays africain à déployer un système de paiement par code QR.

En 2019, le programme Ghana Beyond Aid prévoyait de faire du pays un leader de l’économie numérique en Afrique d’ici 2028.

Selon un rapport de 2019 de la Banque mondiale, l’industrie des technologies de l’information et de la communication a contribué à environ 3,6 % du PIB du pays, qui est l’un des secteurs solides du pays avec une croissance rapide.

Le Ghana avait demandé à la Norvège de l’aider à gérer ses ressources pétrolières

Le Ghana et la Norvège sont tous deux coprésidents du groupe de défense des objectifs de développement durable des Nations unies et ont de multiples occasions de travailler ensemble en plus de leurs collaborations bilatérales.

En février 2020, le président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo s’est rendu en Norvège et a rendu visite à la la Première ministre Erna Solberg. « Le Ghana est l’un de nos plus proches partenaires en Afrique », a déclaré la Première ministre norvégienne.

L’année précédente, Mme Erna Solberg était venue au Ghana pour signer l’initiative « Fish for development » qui soutient l’établissement de systèmes de pêche et d’écosystèmes sûrs et durables.

Si l’industrie de la pêche est l’un des secteurs les plus actifs de la Norvège, les relations bilatérales ont débuté une décennie plus tôt avec une autre des ressources industrielles cruciales de la Norvège : le pétrole.

Une plateforme offshore en Norvège
Une plateforme offshore en Norvège. Le pays nordique partage son expérience de l’industrie pétrolière et gazière avec le Ghana | Crédits : Jan-Rune Smenes Reite

La Norvège n’a ouvert une ambassade au Ghana qu’en 2011, mais les liens politiques et commerciaux remontent à 2007, lorsque le pays africain a découvert des ressources pétrolières offshore dans ses eaux territoriales.

Cette opportunité massive de revenus et d’autosuffisance en pétrole peut également s’avérer être une malédiction, source de tension et de violence, si elle n’est pas gérée correctement.

Le Ghana a donc décidé de faire appel à l’expérience de la Norvège et à sa gestion prudente de la ressource. C’est alors qu’a débuté le programme « Oil for development program ».

Ce programme représente une belle opportunité commerciale pour le Royaume de Norvège.

Le Ghana, une opportunité business pour la Norvège

En fait, lors de sa visite dans le pays nordique l’année dernière, le président ghanéen a également assuré que son gouvernement « continuerait à maintenir une atmosphère propice aux investissements » pour les plus de 50 sociétés norvégiennes opérant sur son territoire.

L’une des sociétés les plus en vue est Aker Energy, une entreprise qui extrait du pétrole et du gaz et gère les opérations du Ghana dans le domaine. Avec des bureaux à Acra et Oslo, la société est détenue à 50 % par le holding Aker, un conglomérat norvégien présent dans les secteurs du pétrole, du transport maritime, de l’ingénierie ou encore de la pêche.

À l’instar du programme de compétences numériques, la bourse Aker-GNPC a permis d’aider financièrement certains étudiants vivant dans la région de Takoradi, la Oil City, la ville du pétrole, et de leur apporter un soutien comme des conseils pour leur carrière.

Et l’investissement de la Norvège dans l’avenir numérique du Ghana est également lié à la volonté du pays de diversifier son économie. Si l’industrie pétrolière et gazière représentait encore 18% du PIB de la Norvège en 2018, elle a également pris conscience de la vulnérabilité d’une haute volatilité des prix de cette énergie et de la nécessité de se diversifier.

Elle essaye donc de faire croître son économie numérique, notamment dans la fintech ou la medtech.

En 1995, la Norvège a accueilli les créateurs de la société de logiciels Opera qui a développé le navigateur web éponyme. S’il n’est que le 6e navigateur le plus utilisé au monde avec 2% du marché, il est en revanche plutôt populaire en Afrique.

Opera est classé en 3ème position des opérateurs avec 7% du marché sur ce continent. C’est le deuxième navigateur le plus populaire au Ghana, derrière Chrome, avec 15 % du trafic en 2020.

Le Nigeria est également un autre marché important pour Opera, avec une part de marché de 29 %. Le pays est aussi le marché d’origine de l’application grand public OPay – pour Opera pay. La filiale norvégienne propose un portefeuille numérique, des services de paiement mobile et une plateforme grand public permettant aux utilisateurs d’envoyer et de recevoir de l’argent, de payer des factures ou de commander de la nourriture.

Fondée en 2018, Opay a levé 120 millions de dollars en 2019 afin de se développer en Afrique du Sud, au Kenya et.…au Ghana.

Heureusement que les autorités ghanéennes ont accéléré le rythme pour un système de paiement numérisé en 2020. Et la Norvège sera évidemment là pour apporter son soutien.

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Sources et liens utiles :

Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.