Le Parlement de Roumanie a voté en faveur de la suppression du régime spécial des parlementaires, première étape pour des plus amples réformes du système de retraite. Les députés percevaient à nouveau des allocations depuis juin dernier, à la suite d’une décision de la Cour constitutionnelle.
Le Parlement roumain a approuvé la fin de son régime spécial de retraite. L’allocation que recevront les représentants du pays sera exclusivement basée sur le montant de leur contribution au système de retraite de l’État.
La Chambre des députés et le Sénat de Roumanie ont tenu une session conjointe le 26 juin au cours de laquelle les deux chambres ont adopté la fin du régime spécial des retraites pour les membres du Parlement. Avec cette réforme, le gouvernement veut ouvrir la voie à la suppression des régimes spéciaux pour d’autres catégories de travailleurs.
Les deux partis politiques formant un gouvernement de coalition, le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti national libéral (PNL), de centre-droit, ont fini par s’occuper de l’ajustement des indemnités des élus plusieurs mois après l’avoir annoncé.
Le Premier ministre Marcel Ciolacu, chef de file du PSD, a réagi peu après le vote. « C’est la première réforme que j’ai entreprise en tant que Premier ministre. Les prochaines étapes porteront sur le cumul de la retraite et du salaire de l’État, et la réforme des régimes spéciaux. […] Ce gouvernement sera celui des réformes et de l’économie », a déclaré M. Ciolacu, en poste depuis le 15 juin dans le cadre d’une rotation convenue par les deux plus grands partis de Roumanie.
Une commission parlementaire permanente sur le statut des députés et des sénateurs avait publié la semaine dernière un rapport en faveur de l’abrogation avec huit voix pour et une abstention. L’abstention venait d’un membre du parti politique d’extrême droite Alliance pour l’unité des Roumains (AUR).
Initié par le PSD, le projet de loi pour l’abrogation de l’allocation vieillesse spéciale des députés visait à « supprimer la discrimination à l’égard des personnes qui perçoivent des pensions sur cotisation » et à « faire un pas vers l’équité entre les citoyens ».
Face aux difficultés économiques liées à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, le PSD « estime que les députés devraient être les premiers à faire preuve de solidarité et de respect dans l’utilisation des fonds publics afin de regagner la confiance des citoyens dans les institutions publiques ».
La Roumanie aura accès à des fonds importants, 29 milliards d’euros sous forme de subventions et de prêts, de la part de l’Union européenne dans le cadre d’un Plan de relance et de résilience pour se remettre de la pandémie de Covid-19, « ce qui nécessite également des réformes », selon le premier parti politique roumain.
Plus tôt dans la journée, le président du PNL, Nicolae Ciucă, avait annoncé que le Bureau politique du PNL exclurait les membres du parti qui ne voteraient pas en faveur de l’abrogation de la loi. Les membres du PSD qui auraient voté contre le projet de loi auraient également été sanctionnés.
Ce n’est pas la première fois que les politiques roumains suppriment les pensions de vieillesse spécifiques aux membres du Parlement.
Cependant, en mai dernier, la Cour constitutionnelle a jugé que la loi était inconstitutionnelle en raison de délais non respectés. Par conséquent, depuis juin dernier, des centaines de politiques retraités et actifs recevaient à nouveau une allocation retraite.
Pour 2022, à partir de juin, la Roumanie a versé 583 allocations pour un montant total de 19,4 millions de lei (3,9 millions d’euros) aux parlementaires. Une retraite de membre du Parlement peut aller de 2 187 lei (440 euros) à partir de 28 mois de mandat à 15 317 lei (3 100 euros) pour les sénateurs au-delà de trois mandats, selon le quotidien roumain Adevarul.
L’ancien député PSD Eugen Nicolicea, et représentant de l’Association des anciens députés, a déclaré la semaine dernière à l’agence de presse roumaine Agerpres qu’il amènerait le projet de loi devant la justice s’il était adopté. Il affirme que ces indemnités sont une mesure de protection économique visant à garantir l’indépendance et à éliminer « les tentations de corruption et les pressions économiques ».
La députée d’extrême droite et pro-russe Diana Șoșoacă, ex-AUR, a interrompu les débats du Parlement à plusieurs reprises en sifflant, en faisant sonner une cloche et en criant « les pensions spéciales sont un mensonge. La loi est anticonstitutionnelle ! »