La Suisse de plus en plus délaissée par les milliardaires et les exilés fiscaux au profit de Singapour et Hong Kong

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27 octobre 2023

 Singapour et Hong Kong tendent à devenir les lieux privilégiés par les fortunés pour placer des fonds offshore offrant des avantages fiscaux considérables aux dépends de la Suisse. Les investissements immobiliers offshore, comme à Dubaï, constituent une pratique d’évasion fiscale de plus en plus répandue.

Richesse
Illustration | © Marten Bjork

L’Observatoire fiscal de l’UE, un laboratoire de recherche hébergé par l’École d’économie de Paris, a mené une étude sur l’évasion fiscale mondiale. Elle a examiné son ampleur et cherché des solutions pour y remédier.

Les actifs financiers détenus à l’étranger représentent une grande part de l’économie mondiale. Ils s’élèvent aujourd’hui à plus de 12 000 milliards de dollars.

Avant la crise des subprimes, la Suisse était le pays de référence en termes de placements de fonds, gérant la moitié des actifs offshore mondiaux, où 90% de ces actifs échappaient en plus à toute déclaration fiscale. Actuellement, elle n’en gère plus que 20%.

Ce changement de situation est dû notamment à l’introduction en 2017 du Common Reporting Standard, un système qui favorise l’échange automatique d’informations bancaires à l’international. Plus de 100 pays, dont la Suisse, participent à cet échange d’informations fiscales sur leurs citoyens qui a contribué à ce que l’évasion fiscale à l’étranger ait baissé de plus de deux tiers.

Actuellement, un quart des fonds offshores échappent à la vigilance des autorités suisses, en comparaison à plus de 90% en 2007. Ces fonds restent non détectés car certaines institutions financières optent délibérément pour dissimuler ces avoirs offshore, par crainte de perdre leurs clients les plus fidèles.

Evolution de la part du patrimoine financier offshore des ménages dans les différents centres offshore du monde
Le graphique montre l’évolution de la part du patrimoine financier offshore des ménages dans les différents centres offshore du monde (en % du patrimoine offshore total) au cours de la période 2001 – 2022 | © Observatoire fiscal de l’UE

D’après l’étude, de nouvelles pratiques sont mises en œuvre pour éviter les taxes, comme l’immobilier off-shore par exemple. Ils prennent l’exemple de Dubaï où 25% des fonds monétaires off-shore ont été convertis en biens immobiliers échappant ainsi plus efficacement à l’imposition et au Common Reporting Standard.

Ainsi, les individus fortunés optent désormais pour la création de comptes et l’investissement de leurs fonds en Asie, où les avantages fiscaux, pour les entreprises et les particuliers, sont devenus plus attractifs qu’en Suisse. Singapour et Hong Kong se distinguent comme les deux destinations privilégiées par les riches pour placer leurs avoirs.

Et cela même si Singapour et Hong Kong font partie du Common Reporting Standard et doivent donc apporter un minimum de transparence sur les activités fiscales des entreprises et des individus en son sein. Cette obligation renforce leur réputation internationale en tant que hubs transparents et constituent de véritables portes d’entrée vers l’Asie.

Singapour offre une fiscalité favorable sur les investissements et sur les fonds placés. De plus, les entreprises bénéficient de réductions d’impôts en établissant leur résidence fiscale à Singapour, ce qui attire de nombreuses sociétés. Singapour propose également de nombreux contrats, à la fois pour les entreprises mais aussi pour les particuliers, visant à minimiser voire à exempter totalement d’obligations fiscales.

Afin de lutter contre cette évasion fiscale toutefois toujours persistante, l’étude suggère l’imposition d’une taxe mondiale de 2% sur les milliardaires ainsi que des taxes accrues pour les riches établis à l’étranger, réduisant ainsi leurs avantages fiscaux.

Paul Raymond

Paul est rédacteur pour Newsendip.

Il a étudié les sciences politiques et les relations internationales à l'European School of Politics, Il adore la culture japonaise.