Le ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov a annulé sa visite en Serbie et l’a justifiée par le fait que la Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro ont fermé leur espace aérien aux avions russes. La visite avait eu de chances de se concrétiser dès le début.
Vendredi, la porte-parole russe Maria Zakharova a annoncé que le ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov se rendrait en Serbie les 6 et 7 juin. Il devait rencontrer le président Aleksandr Vucic et Porphyre, le patriarche de l’Église orthodoxe serbe.
Le responsable russe était attendu en Serbie pour discuter d’un contrat gazier de trois ans entre les deux pays.
Mais la Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro, trois pays voisins de la Serbie, ont fermé leur espace aérien à M. Lavrov, rendant le voyage impossible, a justifié la Russie.
Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé dimanche soir l’annulation du voyage et dénoncé « un autre canal de communication fermé » de la part des pays occidentaux. « Notre diplomatie n’a pas encore maîtrisé la téléportation », a déclaré une source du ministère des Affaires étrangères à l’agence de presse russe Interfax.
Le voyage avait peu de chances de se concrétiser dès le début. Le président serbe, M. Vučić, a déclaré en début de semaine dernière qu’il n’était pas sûr que la rencontre ait lieu. La Première ministre serbe Ana Brnabić a déclaré dimanche que la situation était « très compliquée » et que le président devait s’occuper lui-même de la logistique de la visite.
La Serbie est très dépendante du gaz russe et a annoncé le 29 mai avoir obtenu un accord verbal avec la Russie sur la fourniture de 2,2 milliards de mètres cubes de gaz au cours des trois prochaines années à un prix favorable indexé sur les prix du pétrole.
La Serbie entretient des liens étroits avec la Russie et est l’un des seuls pays d’Europe à ne pas avoir interdit son espace aérien aux avions russes. Air Serbia assure toujours des vols directs vers Moscou.
Le Kremlin soutient la politique de Belgrade qui ne reconnait pas l’indépendance du Kosovo aux Nations unies. Début mars, des milliers de Serbes ont défilé à Belgrade avec des drapeaux russes pour soutenir l’invasion de l’Ukraine.
La Serbie a voté la résolution de l’ONU condamnant l’invasion russe mais a refusé de se joindre aux sanctions de l’Union européenne contre la Russie. « Nous ne voulons pas choisir un camp dans cette guerre », a justifié le président de la Serbie. Pourtant, la Serbie est candidate à l’adhésion à l’UE depuis 2012 et pour y devenir potentiellement membre en 2025, ce qui lui imposerait de s’aligner sur la politique étrangère des autres États membres.
L’UE a imposé une interdiction de vol aux avions russes depuis la fin du mois de février. Sergei Lavrov est également interdit à titre personnel en tant que proche soutien de Vladimir Poutine.
La Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie sont trois membres de l’UE qui partagent des frontières avec la Serbie à l’est et au nord du pays. La Roumanie, la Bulgarie, le Monténégro et la Macédoine du Nord, qui ont tous deux des frontières avec la Serbie au sud du pays, ainsi que l’Albanie qui partage des frontières avec le Kosovo, font partie de l’OTAN.
De plus, la Macédoine du Nord a décidé fin février de s’aligner sur les recommandations de l’UE visant à interdire l’entrée dans son espace aérien aux compagnies aériennes de la Fédération de Russie. Elle s’est également alignée sur toutes les sanctions de l’UE émises depuis l’invasion de l’Ukraine.
Au Monténégro, l’opinion est divisée sur les sanctions, la population serbe du pays étant traditionnellement favorable à la Russie. Bien qu’ayant approuvé les sanctions recommandées par l’UE, le gouvernement du Monténégro a traîné leur mise en œuvre pendant des semaines. La situation politique du Monténégro est instable et le gouvernement n’a pas encore imposé toutes les sanctions prévues. Toutefois, il a fermé son espace aérien aux compagnies aériennes et aux avions russes.
Aucun des trois ministères des affaires étrangères n’a commenté la situation.
L’annulation de la visite de M. Lavrov intervient également alors que le chancelier allemand Olaf Scholz devait arriver en Serbie trois jours après l’officiel russe.