La Banque mondiale constate que près de 40 % des Pakistanais, soit environ 95 millions de personnes, luttent contre la pauvreté. Elle recommande de réduire les dépenses inutiles et d’augmenter les impôts, notamment sur l’agriculture et l’immobilier, que l’économiste en chef pour le Pakistan qualifie de « vaches sacrées ».
Le Pakistan a le revenu par habitant le plus faible d’Asie du Sud, selon la Banque mondiale.
L’institution financière a constaté qu’en un an, le taux de pauvreté est passé de 34,2 % à 39,4 %, avec 12,5 millions de personnes supplémentaires tombant sous le seuil de pauvreté de 3,65 dollars par jour.
Elle a souligné que le taux de croissance réel moyen par habitant du Pakistan, qui exclut l’inflation, était de 1,7 % entre 2000 et 2020, ce qui est nettement inférieur à la moyenne aux 4 % des pays d’Asie du Sud.
Najy Benhassine, directeur national de la Banque mondiale au Pakistan, explique que le pays est confronté à une série de difficultés économiques telles que l’inflation, la hausse des prix de l’électricité, une vulnérabilité climatique et l’insuffisance des ressources publiques pour financer les politiques de développement et de lutte contre le changement climatique. Pour M. Benhassine, le Pakistan est « également confronté à une crise “silencieuse” du capital humain : Des taux anormalement élevés de retard de croissance chez les enfants, des résultats d’apprentissage médiocres et une mortalité infantile élevée ».
La Banque mondiale a publié un ensemble de mesures pour le Pakistan lors du lancement de son programme Reforms for a Brighter Future : Time to Decide, une série de débats et de conférences au niveau national qui a débuté le 22 septembre. Les discussions sur les réformes ont lieu alors que le Pakistan se trouve à un moment important avant le prochain cycle électoral en janvier 2024 suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en août.
Tobias Haque, économiste en chef de la Banque mondiale pour le Pakistan, a déclaré que « le modèle économique pakistanais ne réduit plus la pauvreté et que le niveau de vie a reculé par rapport à celui des pays pairs ». M. Haque exhorte le pays à prendre des mesures urgentes pour taxer ses « vaches sacrées » – l’agriculture et l’immobilier – et réduire les dépenses superflues afin de parvenir à la stabilité économique.
Par exemple, les fonds d’investissement immobilier bénéficient d’exonérations fiscales que l’institution financière recommande de supprimer. De même, les agriculteurs possédant entre 10 et 20 hectares de terres ne paient que 250 roupies (81 centimes) d’impôts par acre (environ 40 ares), et 300 roupies (1 euro) par acre pour les propriétaires de plus de 20 hectares.
De manière générale, la Banque mondiale recommande au Pakistan d’augmenter de 5 % son rapport d’impôts sur le produit intérieur brut tout en réduisant ses dépenses d’environ 2,7 % du PIB.
Actuellement, la capacité du Pakistan à collecter des impôts s’élève à 22 % du PIB, mais le ratio réel est nettement inférieur et descend à 10,2 %. Augmenter les impôtes sur les terres et la propriété pourrait ajouter 2 % de recettes supplémentaires au PIB, et également générer 1 % de PIB en plus dans le secteur de l’agriculture.
Parmi les autres propositions figurent l’amélioration de la qualité des dépenses de développement, la réduction des subventions à l’énergie et aux produits de base et le retrait d’exonérations fiscales sur l’importation de machines et dans les secteurs pharmaceutique et énergétique.