Radio numérique et polémique dans l’armée allemande

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26 septembre 2023

Alors que la polémique enfle au sujet des radios achetées pour l’armée allemande qui pourraient souffrir d’incompatibilité, le ministre de la défense rejette les accusations tout en admettant des retards.

German military
Germany bought digital radios to install on tanks, but there could be compatibility and power issues with them | © Bundeswehr/Florian Sorge

La Bundeswehr, l’armée allemande, n’est pas sûre de pouvoir installer les radios numériques qu’elle vient d’acheter en raison de possibles problèmes de compatibilité et d’alimentation électrique. Mais le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, défend toute erreur dans cet achat de 1,3 milliard d’euros.

Dans l’esprit de la Zeintenwende, la modernisation de la Bundeswehr, et suite à l’initiative de numérisation des opérations terrestres, l’armée allemande a décidé d’acheter des radios numériques à un fabricant allemand, Rohde & Schwarz, en décembre 2022 pour un montant de 1,3 milliard d’euros.

Cette mesure s’inscrivait dans le cadre de l’engagement pris avec l’OTAN de faire de son armée une division pleinement opérationnelle d’ici à 2025, ce qui implique de disposer et de garantir d’une communication numérique efficace.

Cependant, environ 34 000 véhicules, des chars aux véhicules tout-terrain, sont soupçonnés de ne pas pouvoir être équipés en temps voulu.

Selon la lettre interne présumée obtenue par le journal allemand Welt, la Bundeswehr n’aurait pas prévu l’installation des dispositifs D‑LBO dans les véhicules lors du choix des radios. Il existe de nombreux modèles de véhicules dotés avec modules d’adaptation différents, et l’armée doit désormais déterminer lesquels sont compatibles avec les radios et comment les installer.

Un autre problème serait celui de l’alimentation électrique, et plus précisément d’une capacité insuffisante des batteries et d’alternateurs sous-dimensionnés.

L’armée ne serait alors pas sûre que tous les véhicules disposent d’une puissance suffisante pour faire fonctionner efficacement les radios. Dans ce cas, le ministère souhaite procéder à des ajustements techniques au niveau des alternateurs et des systèmes de refroidissement pour permettre aux nouvelles radios d’être opérationnelles, ce qui ne sera possible que dans plusieurs années.

Le ministre de la défense, Boris Pistorius, a abordé ce dilemme lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de sa visite en Lettonie.

Bien qu’il confirme les retards, il conteste fermement le fait que les mauvaises radios aient été achetées.

Mais son collègue du Parti social-démocrate et responsable parlementaire sur le budget des armées Andreas Schwarz n’est pas d’accord et suggère de ne pas commander davantage de ces appareils en raison de l’incertitude quant à leur installation. De plus, il craint que même si les appareils sont installés, ils ne disposent pas des capacités techniques nécessaires pour communiquer avec les partenaires de l’OTAN.

Le député vert Sebastian Schäfer, qui avait mis en garde contre l’obtention de ce marché en décembre, a également exprimé son opinion, affirmant que l’erreur n’est « pas surprenante » et « embarrassante ».

Alors que la Bundeswehr fait face aux défis et aux échéances actuels, l’engagement en faveur de la modernisation reste en cours avec l’objectif de parvenir à une communication numérique efficace le plus rapidement possible.

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Monika Filipovic

Monika Filipović est rédactrice pour Newsendip.

Elle est croate et diplômée en sciences politiques et en études européennes et internationales. Elle a également travaillé au Parlement de l'Union européenne.