L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde selon la Banque Mondiale. L’une des sources principales de cette inégalité réside dans l’héritage de l’apartheid, tandis que les inégalités ont même augmenté depuis 1994.
L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde selon la Banque Mondiale.
La Banque Mondiale a publié le rapport « Inégalités en Afrique australe » le 7 mars après avoir analysé les sources d’inégalité au sein de l’Union douanière d’Afrique australe qui comprend le Botswana, l’Eswatini, le Lesotho, la Namibie et l’Afrique du Sud.
La SACU est la région la plus inégalitaire au monde. L’Afrique du Sud, le plus grand pays de la SACU, est également le plus inégalitaire des 164 pays de la base de données de la Banque Mondiale. L’étude fut menée avant que la pandémie de Covid-19 a probablement empiré la situation.
En 2018, le coefficient de Gini de consommation (ou revenu) par habitant en Afrique du Sud était de 67, soit le taux le plus élevé au monde. Tous les pays membres de la SACU font partie 20% des pays les plus inégalitaires au monde.
Malgré quelques progrès observés ces dernières années, les inégalités ont principalement stagné dans la région selon la Banque Mondiale. Entre 2008 et 2018, le coefficient de Gini de l’Afrique de Sud, un indice permettant de mesurer les inégalités, n’a seulement réduit de 68 à 67.
L’Afrique du Sud a pourtant l’une des économies les plus dynamiques de la région, même si le pays doit faire face à une taux de chômage extrêmement élevé dernièrement.
Un million de personnes pauvres en plus en Italie en 2020 ?Mais le taux de pauvreté en Afrique du Sud est deux fois plus élevé comparé aux pays avec des revenus similaires. Basé sur le seuil de pauvreté international de 1,90 dollar par personne par jour, le taux de pauvreté en Afrique du Sud approche les 20% en parité de pouvoir d’achat de 2011.
“L’héritage du colonialisme et de l’apartheid continue de renforcer les inégalités”
L’un des facteurs d’inégalité en Afrique du Sud est le manque de revenus moyens. Les salaires sont soient élevés soit bas.« Il est extrêmement difficile d’accéder à des emplois très bien rémunérés, et une fois que les personnes atteignent de tels postes, il très peu probable qu’elles les abandonnent ».
Par ailleurs, les inégalités de richesse sont aussi plus élevées que les inégalités de salaires, laissant penser que le problème est profondément ancré dans le pays. Il a été récemment estimé que 10% de la population détenait 81% des richesses, tandis que 60% n’en possédait que 7%. Par comparaison, les chiffres des pays membres de l’OCDE, dont l’Afrique du Sud aspirerait à une adhésion, sont respectivement de 50% et 13%. Et 10% de la population sud-africaine détient 81% des actifs financiers.
Les inégalités peuvent survenir à différentes étapes. Avant la répartition des revenus, la source initiale d’inégalité est l’inégalité d’opportunités, qui résulte de ses conditions à la naissance ou du contexte familial.
Et pour l’Afrique du Sud, le facteur d’inégalités préalable à la répartition des revenus et l’héritage laissé par l’apartheid pourtant aboli il y a 30 ans de cela. « L’héritage du colonialisme et de l’apartheid, ancré dans une ségrégation raciale et spatiale, continue de renforcer les inégalités finales », la Banque Mondiale signale.
Les inégalités se sont en fait accrues depuis le fin de l’apartheid en 1994.
Le fait que des circonstances héritées par un individu, et sur lequel il n’a que peu ou pas de contrôle, puissent nourrir un système général inégalitaire est la principale source de préoccupation selon la Banque Mondiale.
Avec la Namibie, l’Afrique du Sud a de fortes inégalités au niveau des propriétaires terriens. En Namibie par exemple, 70% des terres agricoles commerciales appartiennent toujours à des « Namibiens descendants d’Européens », le rapport note.
L’égalité de genre est également élevé en Afrique du Sud. La différence de salaire est de 38%, ce qui est plus qu’au Botswana, en Namibie ou au Lesotho.