La Namibie a vendu des éléphants sauvages aux enchères, ce qu’elle justifie par une cohabitation difficile avec les humains. La vente et le transfert de 22 éléphants vers le zoo de Al-Aïn aux Émirats arabes unis a été particulièrement critiqué.
La Namibie a vendu 22 éléphants sauvages à un zoo des Émirats arabes unis au sein d’un programme controversé qui a proposé 170 éléphants d’Afrique aux enchères.
Le processus a été dénoncé par les associations de protection des animaux et l’exportation récente à un zoo Émirati a même suscité le débat entre les membres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).
CITES est un accord intergouvernemental régulant le commerce international de la faune et la flore sauvage afin de s’assurer qu’il ne menace pas la survie des espèces.
Lors d’une conférence de CITES tenue en France du 6 au 9 mars, plusieurs membres ont condamné la Namibie pour l’exportation de ces éléphants selon National Geographic.
La convention en effet stipule que l’exportation d’éléphants d’Afrique du Botswana, du Zimbabwe, de la Namibie et de l’Afrique du Sud ne peut pas s’opérer vers des pays qui n’ont jamais eu d’éléphants sauvages sur leur territoire, sauf si cela aide à la conservation de l’espèce.
Mais le gouvernement de Namibie affirme que le processus était complètement légal et que le CITES ne s’y est pas opposé.
CITES a tweeté qu’il y avait eu des opinions divergentes entre les membres pendant le sommet et que les parties « se pencheront davantage sur le problème du commerce d’éléphants vivants » au Panama lors de la prochaine conférence en novembre.
Les défenseurs de la protection animale ont exprimé leur déception face au manque d’actions de la part du CITES. Ils estiment également que la Namibie interprète un vide juridique de manière à justifier la légalité de la vente.
392 000 dollars pour 57 éléphants sauvages
Pour le gouvernement de Namibie, la transaction d’éléphants sauvages a été effectué entre parties privées et donc que le pays n’était pas responsable du futur des éléphants une fois vendus.
Dans un communiqué en date du 6 mars, le ministère de l’Environnement, des forêts et du tourisme avance que tous les éléphants furent vendus à des enchérisseurs namibiens mais que leurs transferts ne relevaient pas d’une décision du gouvernement. « Une fois que les enchérisseurs ont la possession des éléphants, ils sont dans leur droit de les utiliser de quelque manière que ce soit tant que cela reste dans le cadre des lois nationale et internationale ».
L’Association mondiale des zoos et des aquariums, une alliance d’associations, de fédérations nationales, de zoos et d’aquariums dédiée à la conservation des animaux reconnaît que l’acquisition d’espèces sauvages est parfois nécessaire « sur la base d’un besoin légitime pour la conservation de programmes de reproduction, des programmes éducatifs ou des études biologiques ». Et WAZA a étudié la volonté d’importer des éléphants d’Afrique sauvages de Namibie qui implique l’un de ses membres, le zoo émirati de Al-Aïn. L’organisation, dans une déclaration publié sur son site Internet le 4 mars, estime qu’il n’a pas été possible de conclure que la transaction satisfaisait sa charte éthique.
Vendre à un zoo, au contraire d’un parc naturel par exemple, peut être vu comme un intérêt purement commercial sans objectif de conservation.
Il reste environ 400 000 éléphants d’Afrique sauvages sur le continent, dont 24 000 sont en Namibie selon un recensement datant de 2016.
La Namibie en a vendu 57 aux enchères entre décembre 2020 et janvier 2021. Elle en avait offert 170 à la vente.
Le gouvernement de la Namibie justifie ces ventes d’animaux sauvages par le besoin de gérer les problèmes de cohabitation avec les humains. Les éléphants endommagent les cultures d’agriculteurs. Les autorités ont enregistré 923 cas de dégâts sur les récoltes causés par les éléphants entre 2019 et 2021. Cela a couté 13,9 millions N$ (924 000 US$), selon le gouvernement. Les éléphants sont aussi accusés d’avoir causé la mort de 3 personnes l’an dernier.
Avec 57 éléphants vendus, le ministère de l’Environnement espère récolter 5,9 millions N$ (392 000 $), parmi lesquels 4,4 millions N$ ont déjà été reçus selon un communiqué du 15 février.
Le zoo d’Al-Aïn a acheté 22 éléphants pour un prix moyen de 150 000 N$ (10 000 US$) par éléphant, pour un montant total de 3,3 millions N$ (219 000 US$) versé à la Namibie. Un autre lot de 15 éléphants ont été achetés pour 75 000 N$ chacun. Le coût du transfert de l’animal est à la charge de l’acquéreur.
Le revenu issu des enchères va à un fonds afin de le réinvestir dans la gestion de la cohabitation entre l’Homme et la vie sauvage, dans des parc nationaux, dans la conservation d’espèces et la protection de la vie sauvage.
Selon le gouvernement namibien, les 22 éléphants sont arrivés aux Émirates arabs unis le 5 mars. L’un des éléphanteaux était faible.