Deux des entreprises sanctionnées par les États-Unis sont basées en Suisse et en Corée du Sud, qui ont déjà leurs propres sanctions à l’encontre de la Russie. Les entreprises sanctionnées pour avoir fourni l’armée russe sont principalement basées en Chine, aux Émirats arabes unis et en Turquie.
L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor des États-Unis a publié le 12 décembre une liste de 150 entités sanctionnées pour avoir fait des affaires avec certaines sociétés russes. Des « sanctions de blocage ou de court-blocage » ont été imposées aux entreprises qui travaillaient pour l’univers militaro-industriel russe.
Certaines des entreprises sanctionnées, qui ont travaillé directement ou indirectement avec l’armée russe, sont basées dans des pays qui ont manifesté leur soutien à l’Ukraine. De nombreuses entreprises figurant sur la liste font également des affaires avec des entités basées aux États-Unis, d’où les sanctions.
Les sanctions imposées à chaque entreprise varient selon les cas. Certaines entreprises peuvent voir leurs exportations vers les États-Unis totalement bloquées. C’est ce que prévoit un décret signé par Joe Biden en avril 2021 pendant l’état d’urgence, avant le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Toutefois, les sanctions ont été explicitement influencées par la réunion du G7 qui s’est tenue au début du mois.
Le 6 décembre, les dirigeants du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis ont longuement échangé sur le conflit ukrainien. Les États-Unis ont clairement indiqué à l’issue du G7 que le renforcement des sanctions était devenu une priorité et que de nouvelles sanctions seraient mises en place d’ici 2024.
Un grossiste suisse sanctionné
Une entreprise d’électronique basée en Suisse a été sanctionnée : Thamestone SA. L’entreprise se décrit comme un « partenaire commercial » et un grossiste, facilitant les échanges entre les entreprises de différentes régions. Selon l’OFAC, Thamestone a contribué à l’envoi de centaines de cargaisons à l’entreprise russe Streloi Ekommerts, un grossiste d’équipements et de pièces électroniques destinés au domaine militaro-industriel russe.
La Suisse a publiquement affiché son soutien à l’Ukraine et fait partie de l’Accord européen de libre-échange (AELE), qui a accepté les sanctions commerciales de l’Union européenne (UE) à l’encontre de la Russie. L’UE et l’AELE ont notamment des interdictions de commerce avec la Russie plus strictes que les États-Unis, et peuvent imposer un blocage complet sur le commerce pour les entreprises européennes. L’annonce de l’OFAC a été la première sanction imposée à Thamestone SA pour avoir travaillé avec des responsables militaires russes.
Mercredi, le gouvernement suisse a annoncé qu’il « suivait de près les sanctions internationales sur les actifs russes ». Il envisage d’élaborer de nouvelles règles à la suite de la récente réunion du G7 et de la directive de l’UE. Il n’est toutefois pas parvenu à une conclusion, car la directive de l’UE n’a pas encore été adoptée. Ni Thamestone SA ni la liste en question n’ont été mentionnées. Étant donné l’accord de l’AELE avec les sanctions de l’UE, la Suisse pourrait prendre des mesures à l’encontre de Thamestone SA.
Une personne coréenne sous surveillance
Une autre entité figurant sur la liste est un Sud-Coréen, Dongjin Lee, qui a mis en place des « sociétés écrans et des réseaux de paiement complexes » afin de dissimuler ses activités avec l’armée russe. M. Lee est présenté comme l’agent d’approvisionnement de la société russe AK Microtech, qui fournit de l’électronique aux entreprises qui distribuent des produits à l’armée russe.
Depuis l’annonce, le gouvernement sud-coréen a ouvert une enquête sur le rôle de M. Lee. La Corée du Sud s’est engagée à aider l’Ukraine dans le conflit en cours avec des contributions financières. Récemment, elle a augmenté son aide à l’Ukraine pour la porter à 394 millions de dollars par an.
Sanctions futures
Bien que la liste de l’OFAC comprenne plus de 150 entités, il ne s’agit pas des mesures les plus strictes prises à l’encontre des entreprises russes. L’Union européenne a imposé des interdictions plus strictes, sanctionnant toute entreprise européenne ayant un contact quelconque avec la Russie.
À la suite de la récente réunion du G7, de nouvelles sanctions contre le commerce international russe vont être mises en œuvre.
« Nous introduirons des restrictions à l’importation de diamants non industriels, extraits, traités ou produits en Russie, d’ici le 1er janvier 2024 », indique la déclaration collective du G7.
L grande majorité des sociétés sanctionnées par l’OFAC sont basées en Chine, aux Émirats arabes unis (EAU) et en Turquie. La Chine reste neutre dans le conflit, selon ses dires, mais elle est le plus grand fournisseur d’électronique de l’armée russe. Les Émirats arabes unis et la Turquie sont également des partenaires de l’armée russe.