La Birmanie est désormais le premier producteur mondial d’opium

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18 décembre 2023

Une baisse de la production d’opium de 95 % en Afghanistan et une économie incertaine en Birmanie qui a entraîné une augmentation importante de la production font du pays le premier producteur d’opium au monde.

Fleur de pavot, source d'opium
La Birmanie est le plus grand producteur d’opium suite à l’interdiction de la drogue en Afghanistan. | © hasan kurt

Selon le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la Birmanie (Myanmar) est désormais le premier producteur mondial d’opium, après une baisse de 95 % des opiacés en Afghanistan, suite à l’interdiction de la drogue dans ce pays par les talibans en 2022.

La valeur brute de la production actuelle de la Birmanie, « y compris la consommation et l’exportation d’héroïne et d’opium, représentait entre 2 et 4 % du PIB du Myanmar, estimé entre 1 et 2,5 milliards de dollars », selon le rapport. On estime que 1 080 tonnes ont été cultivées l’année dernière.

Après des années de baisse des rendements entre 2014 et 2020, la production d’opium dans ce pays d’Asie du Sud-Est est aujourd’hui à son plus haut niveau depuis 20 ans.

Les agriculteurs birmans gagnent désormais 75 % de plus grâce à la culture du pavot à opium, les prix moyens de la fleur ayant atteint environ 355 dollars par kilogramme. Il est également estimé que la superficie cultivée a augmenté de 18 % rien que l’année dernière.

L’ONUDC affirme également que la culture du pavot dans le pays devient plus sophistiquée en raison de l’augmentation des investissements, de pratiques plus élaborées et de l’utilisation possible d’engrais, qui ont augmenté les rendements des cultures.

La principale zone de culture du pays serait l’État de Shan, qui est également l’un des plus grands producteurs de méthamphétamines de la région. L’État de Shan, en proie à des luttes intestines ces dernières semaines, représente 88 % des 41 300 hectares de pavot à opium du pays, soit une augmentation de 20 % par rapport à l’année dernière, selon le rapport. Le Shan occupe près d’un quart de la superficie du pays.

La situation économique difficile et la prise du pouvoir par les militaires en 2021 « semblent avoir joué un rôle important dans la décision des agriculteurs, fin 2022, de cultiver davantage de pavot », indique le rapport.

Un accès plus limité aux services publics et aux infrastructures, des revenus annuels moindres provenant de sources licites et un environnement social et économique difficile, notamment l’inflation et l’instabilité politique seraient parmi les facteurs qui favorisent la culture du pavot dans les États Shan et Kachin. « Les ménages et les villages du Myanmar qui s’adonnent à la culture du pavot et à l’économie de l’opium au sens large le font pour compléter leurs revenus ou parce qu’ils n’ont pas d’autres possibilités légitimes », selon le rapport.

La région frontalière du « Triangle d’or » entre la Birmanie, le Laos et la Thaïlande est depuis longtemps connue pour être un point névralgique de la production et du trafic de substances illicites. Au début de l’année, le chef du comité central de lutte contre la toxicomanie de Birmanie a déclaré que ses efforts pour mettre fin au trafic de drogue n’avaient aucun impact.

Mais les analystes affirment que l’armée n’a pas l’intention de mettre un terme à ce trafic. L’armée est « en fait l’ultime cartel de protection du trafic, et ce depuis de nombreuses années », a déclaré à l’AFP l’analyste indépendant David Mathieson au début de l’année.

Il existe aussi la spéculation que le retrait soudain de l’Afghanistan, longtemps dominant dans le commerce de l’opium, pourrait conduire à une pénurie mondiale et à une augmentation continue de la production de la Birmanie pour des raisons économiques.

Scott Murphy

Scott est journaliste pour Newsendip.

Scott est américain et vit à Hong Kong depuis de nombreuses années. Il possède une vaste expérience comme journaliste lifestyle, intervieweur et producteur de télévision. Ses articles sont également parus dans d'autres médias tels que CNN, Hollywood Reporter ou encore South China Morning Post.