La première ministre de Moldavie, Natalia Gavrilita, a annoncé sa démission le 10 février. La présidente Maia Sandu a nommé le secrétaire général du Conseil suprême de sécurité, Dorin Recean, comme le candidat pour devenir le prochain premier ministre.
En poste depuis août 2021, la première ministre de Moldavie Natalia Gavrilita a annoncé sa démission le 10 février.
La présidente Maia Sandu a nommé le secrétaire général du Conseil suprême de sécurité, Dorin Recean, comme le candidat pour devenir le prochain premier ministre. Dorin Recean a maintenant deux semaines pour former un nouveau gouvernement et recevoir la majorité de confiance du parlement. Pour M. Recean, la ligne de conduite du nouveau gouvernement restera son intégration à l’Europe et la première priorité sera « l’ordre et la discipline dans les institutions ».
Mme Gavrilita a justifié sa démission en affirmant que son travail ne recevait pas suffisamment de soutien dans son propre pays.
Lors de son annonce, Mme Gavrilita s’est félicitée que les progrès réalisés par son gouvernement « aient été grandement appréciés par l’Union européenne » mais a regretté que « si le gouvernement avait eu le même soutien et la même confiance dans son pays que ce que nous avons ressenti chez nos partenaires européens, nous aurions pu avancer plus loin et plus vite. »
Dans le contexte de la guerre chez son voisin ukrainien, de la vulnérabilité énergétique face à la Russie, des craintes d’instabilité en Transnistrie et de complots russes pour déstabiliser le pays, la désormais ex-première ministre a exhorté les Moldaves à « rester unis et solidaires, dans un pays où les droits et libertés de chaque citoyen sont respectés. » Elle n’a pas répondu aux questions des journalistes après sa déclaration.
Selon Radio Europe Liberă, une société de médias financée par le Congrès des États-Unis, cette démission intervient dans un contexte de spéculation sur l’émergence de camps divergents au sein du Parti de l’action et de la solidarité, le parti au pouvoir fondé par Mme Sandu, la présidente pro-européenne en poste depuis décembre 2020.
Le Parti de l’action et de la solidarité dispose actuellement d’une majorité confortable au parlement avec 63 sièges sur 101.
Plus tôt cette semaine, la première ministre anti-corruption Mme Gavrilita était à Bruxelles pour rencontrer des représentants de l’OTAN et de l’Union européenne afin de renforcer leur coopération. La Moldavie est un nouveau candidat à l’adhésion à l’Union européenne depuis juin dernier.
À l’issue de leur entretien, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a tweeté que la Moldavie pouvait continuer à compter sur l’Union européenne en continuant à soutenir l’économie et la sécurité énergétique du pays. L’U.E. a proposé 145 millions d’euros de nouveaux financements la semaine dernière.
Josep Borrell, le vice-président de la Commission européenne, a salué « l’engagement fort de la part du gouvernement moldave en faveur de réformes visant à rapprocher l’Ukraine de l’UE, en particulier la réforme globale du système judiciaire et celles visant à lutter contre la corruption et à faire en sorte de dépolitiser les institutions publiques. »
Depuis octobre 2021, l’Union européenne a mobilisé plus d’un milliard d’euros de prêts et de subventions, dont 250 millions d’euros pour le soutien énergétique. L’approvisionnement énergétique est en effet l’une des clés de la stabilité du pays, la Moldavie étant vulnérable à la Russie pour ses approvisionnements en gaz. Le prix du gaz naturel russe pour la Moldavie a augmenté de façon spectaculaire dès octobre 2021.
L’inflation en 2022 comparée à 2021 atteint un taux moyen de 29 % en Moldavie. Les prix du gaz ont été multipliés par sept, les prix de l’électricité ont été multipliés par trois en un an, a déclaré Mme Gavrilia en début de semaine à Bruxelles.
Selon Mme Gavrilita, l’augmentation spectaculaire des prix de l’énergie est la principale raison du taux d’inflation élevé. L’une des principales tâches de son gouvernement était de « maintenir la stabilité dans le pays, y compris la situation socio-économique et la gestion de la récession économique », avait-t-elle alors déclaré lors de sa rencontre avec des représentants de l’OTAN.
Une heure avant la démission de Mme Gavrilita, les autorités moldaves ont confirmé qu’un nouveau missile russe avait survolé leur espace aérien dans la matinée en direction de cibles en Ukraine. Il a également survolé la Roumanie. L’ambassadeur russe a été convoqué au ministère des affaires étrangères en conséquence.
Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré avoir intercepté le plan russe de déstabilisation de la Moldavie et en avoir informé la présidente Sandu. Dans un communiqué, le Service de renseignement et de sécurité de Moldavie a confirmé que « des activités subversives ont été identifiées dans le but de porter atteinte à la République de Moldavie, de déstabiliser et de violer l’ordre public. »
Les autorités moldaves et américaines affirment que les manifestations dans le pays sont payées par des personnes proches de la Russie et soutenues par Moscou pour déstabiliser le pays.
Mme Sandu a déclaré qu’elle prenait note de la démission de la première ministre et l’a remerciée « pour son énorme sacrifice et ses efforts pour diriger le pays en ces temps de tant de crises. Malgré des défis sans précédent, le pays a été gouverné de manière responsable, avec beaucoup de soin et un travail dévoué. Nous avons la stabilité, la paix et le développement – là où d’autres voulaient la guerre et la faillite. »
La présidente a donc nommé Dorin Recean comme le candidat pour devenir le prochain premier ministre. Il a occupé le poste de ministre de l’Intérieur de 2012 à 2015 et est l’un des hommes politiques les plus proches de Mme Sandu. En tant que secrétaire général du Conseil suprême de sécurité, M. Recean est le conseiller présidentiel pour les questions de sécurité. Il avait été nommé début février 2022, quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Il a mené les discussions avec Vadim Krasnoselski, le dirigeant autonomiste de la région de Transnistrie et favorable à une annexion par la Russie, en avril l’année dernière alors que la Moldavie craignait qu’une série d’explosions dans la région ne soit utilisée par la Russie comme une raison d’intervenir en Transnistrie de la même manière qu’en Ukkraine.
L’axe principal du programme du nouveau gouvernement reste l’intégration européenne, selon M. Recean. Il a également présenté ses trois principaux points d’action, le premier étant « l’ordre et la discipline dans les institutions. Les institutions doivent être au service des citoyens, de l’économie. Oui, il y a de la résistance, mais nous la surmonterons ». Le deuxième est de « donner un nouveau souffle à l’économie » en apportant plus de « ressources, notamment pour l’investissement, dans le secteur des petites et moyennes entreprises ». Le troisième est « la paix et la stabilité », car le pays est confronté aux « risques de provocations les plus élevés depuis la Seconde Guerre mondiale ».