Les Pays-Bas ont enregistré plus de signalements de discrimination en 2021, en hausse pour la troisième année consécutive, principalement en raison de personnes qui se sont senties discriminées avec les restrictions sanitaires liées à la pandémie de COVID-19.
Les commissariats de police et les structures de lutte contre la discrimination aux Pays-Bas ont reçu plus de signalements de discrimination pour la troisième année consécutive en 2021 selon le ministère de l’Intérieur qui a publié les statistiques pour l’année le 24 mai.
La police a enregistré 6 580 plaintes pour des discriminations en 2021, soit une augmentation de 7% par rapport à 2020, et les structures de lutte contre la discrimination ont reçu 6 922 plaintes, en hausse de 26% sur un an.
Le médiateur national et l’Institut des droits de l’homme ont également reçu davantage de plaintes et de demandes de renseignement. Les 4 098 signalements émis en 2020 pour une chanson satirique, Voorkomen is beter dan Chinezen (La prévention est meilleure que les Chinois) diffusée sur Radio 10, l’une des stations de radio historiques des Pays-Bas, ont été retirés des comparaisons.
Les raisons de cette augmentation s’expliquent principalement par « les personnes qui se sont senties exclues » par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19, selon le ministère. L’obligation de porter un masque et le passe sanitaire pour les lieux publics ont notamment fait l’objet de nombreuses plaintes. Les personnes ne se conformaient pas aux règles par conviction, et dans de moindres proportions pour des raisons médicales.
À partir de septembre 2021, les personnes devaient être vaccinées, avoir un test négatif ou un certificat de rétablissement pour obtenir le passe, ce qui a entraîné une augmentation des plaintes. Les restrictions sanitaires mises en œuvre par les autorités ont parfois entraîné de violentes manifestations et des émeutes aux Pays-Bas. En octobre, la justice néerlandaise a jugé que le « corona pass » ne violait pas les lois anti-discrimination.
« Un nombre important et hétéroclite de Néerlandais ont fait l’expérience d’être exclu ou traité de manière inégale parce qu’ils ne veulent pas ou ne peuvent pas se conformer aux mesures COVID. De nombreuses personnes ont signalé aux services de lutte contre la discrimination qu’elles étaient en colère et blessées par cette situation », a déclaré Stefano Frans, président du site web Discriminatie.nl sur lequel les personnes peuvent signaler une discrimination et recevoir des conseils.
En conséquence, les personnes qui se sont senties discriminées en 2021 l’ont été principalement dans des lieux publics (28%), comme les hôpitaux ou les bâtiments administratifs. Le lieu de travail est le deuxième endroit où des faits perçus comme discriminant ont été le plus signalés en 2021, alors qu’il était le premier les années précédentes.
De manière générale, les signalements de discrimination à cause de l’origine de la personnes sont les plus nombreux, que ce soit dans les structures de lutte contre la discrimination (34%) ou dans les commissariats de police (42%). Mais le nombre de signalements a diminué par rapport au moment du mouvement Black Lives Matter en 2020 et des mois qui suivèrent.
En septembre dernier, la justice néerlandaise a considéré que l’utilisation par la police de l’ethnicité comme motif de contrôle d’immigration n’était pas discriminatoire.
Dans les commissariats, la deuxième raison des rapports de discrimination concerne l’orientation sexuelle d’une personne (32%). Les cas d’antisémitisme ont également augmenté, mais ils restent inférieurs à ceux enregistrés deux ans auparavant. Près d’un signalement sur trois contenait des motifs non interdits par la loi, ce qui incluait un grand nombre de plaintes concernant les règles liées au COVID-19.
Les événements signalés à la police comme discriminant consistaient en des déclarations comme des insultes dans 62% des cas. La violence associée à des déclarations représentait 11% des signalements, et les menaces un autre 11%.