La Serbie a ouvert gratuitement ses services de vaccination contre le Covid-19 aux étrangers et certains membres de l’Union européenne sont prêts à s’y rendre pour se faire vacciner. La Serbie fait également don de doses à ses voisins. Quelles sont les conséquences de cette publicité pour le pays des Balkans ?
Le début d’un tourisme vaccinal
Une quinzaine de personnes ont déjà fait appel aux services de Party in Belgrade, une petite agence de voyage néerlandaise, pour se faire vacciner en Serbie.
Jusqu’à présent, toutes les demandes provenaient de personnes de plus de 60 ans qui trouvaient que « la vaccination [était] trop lente aux Pays-Bas », selon le fondateur de l’agence dans Algemeen Dagblad.
La société avait l’habitude d’organiser des voyages en Serbie, de proposer des formules de pour faire la fête, des enterrements de vie de garçon ou de jeune fille et des activités telles que la dégustation de vins serbes ou dés séances de tir en plein air.
L’agence a désormais ajouté l’offre « Vaccination corona en Serbie ».
Ainsi, le forfait inclut les traditionnels billets aller-retour et la réservation d’hôtel, mais aussi le test PCR et un rendez-vous pour se faire vacciner. Contrairement aux autres forfaits, le prix n’est pas disponible publiquement.
Alors que les voyages sont soumis à de fortes restrictions dans le monde entier, cela marque-t-il le début d’une nouvelle forme de tourisme médical ? Après les voyages de chirurgie dentaire ou de greffe de cheveux, voici le tourisme vaccinal.
En effet, la Serbie autorise désormais les étrangers à se faire vacciner gratuitement.
La Serbie évite le gaspillage du vaccin d’AstraZeneca
Le pays a inoculé des doses à 22 000 étrangers, pour la plupart originaires des pays voisins, en seulement trois jours après l’annonce faite le 28 mars. « Nous livrons nos vaccins gratuitement à tout le monde », avait tôt le président Aleksandar Vučić au Financial Times.
Malgré ces dons, le taux de vaccination de la Serbie est encore deux fois plus rapide que celui de l’Union européenne. Environ 19 % de la population adulte a reçu une 2e dose en date du 4 avril.
Cependant, les étrangers ont reçu le vaccin d’AstraZeneca, tandis que les Serbes ont été protégés par Sputnik V, Sinofarm et Pfizer. Les doses d’AstraZeneca étaient en fait proches de la date d’expiration.
Contrairement à certains membres de l’Union européenne, le gouvernement serbe n’a pas interrompu l’inoculation du vaccin anglo-suédois.
Mais les Serbes éprouvent une certaine réticence à se le faire administrer.
La Serbie administre des vaccins provenant de 4 sociétés différentes.
Le pays a également reconnu qu’il n’avait pas le luxe de pouvoir choisir et a donc rejeté toute décision basée sur la politique.
En février, la Première ministre Ana Brnabic a déclaré à la BBC que le pays ne se préoccupait pas de la provenance des vaccins, « du moment qu’ils sont sûrs et que nous les recevons le plus rapidement possible ».
Mais cette apparente générosité a aussi des conséquences politiques.
Un soft power serbe en hausse
Les autorités s’inquiètent d’une baisse récente du nombre d’inscriptions à la vaccination. Accusant les militants antivax d’être responsables de la baisse des admissions, la police a récemment interrogé certains d’entre eux.
Lorsque l’Afrique du Sud a décidé de ne plus utiliser les doses d’AstraZeneca, elle les a envoyées à d’autres pays africains plutôt que de laisser les personnes venir et ainsi éviter le risque de propager le virus.
Mais le président Aleksandar Vučić a également expédié 10 000 doses de vaccin d’AstraZeneca en Bosnie-Herzégovine, ainsi que des respirateurs et d’autres équipements médicaux.
Le vaccin d’AstraZeneca n’est pas le seul que la Serbie a donné. Au début du mois de février, elle a envoyé 4 680 doses du vaccin Pfizer et 2 000 doses du Sputnik V russe en Macédoine du Nord.
Tout cela fait de la Serbie, pays candidat à l’adhésion à l’UE, un leader régional dans les Balkans.
De plus, « l’action efficace de la Serbie pour résoudre les conséquences de la pandémie de COVID-19 […] est le meilleur indicateur que notre pays fonde sa politique sur les valeurs européennes », selon un communiqué de presse serbe à l’issue d’une réunion avec Chypre.
Le programme de vaccination de la Serbie repose en grande partie sur les vaccins chinois de Sinopharm et les vaccins russes Sputnik V, qui ne sont pas encore approuvés par l’Union européenne, le Royaume-Uni ou les États-Unis.
Le président serbe a reconnu avoir pris un risque politique en déployant le Sinovac avant que des résultats complets ne soient publiés.
Mais d’un autre côté, il craint aussi que l’UE retarde l’envoi du vaccin Oxford-AstraZeneca que le pays a acheté.
Néanmoins, le fait que les Néerlandais soient prêts à se rendre en Serbie pour se faire vacciner réjouit certainement la Russie et la Chine.
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Sources médias :
- President Vučić delivers vaccines to North Macedonia, Président de la République de Serbie, février 2021
- President Vučić presents a donation to Bosnia and Herzegovina, République de Serbie, mars 2021
- Cyprus” sincere support for Serbia’s path to the EU, Gouvernement de la République de Serbie, avril 2021
- Strong support of Greece, Cyprus to Serbia on road to the EU, Gouvernement de la République de Serbie, avril 2021
- Regime of entry into Serbia has not been changed, Gouvernement de la République de Serbie, avril 2021