Une étude montre que pour la plupart des étudiants qui obtiennent un diplôme au Royaume-Uni, avoir de bonnes notes est plus rémunérateur dans les années qui suivent que la réputation de l’université.
Une étude réalisée par l’Institute for Fiscal Studies (IFS) et publiée le 20 avril montre que l’obtention de bonnes notes dans les universités britanniques est souvent plus importante que la réputation de l’établissement. Toutefois, les plus hautes distinctions dans les universités prestigieuses peuvent augmenter les revenus de manière substantielle, enfin surtout pour les hommes.
En Angleterre, les diplômés ayant obtenu des mentions de première (first class honour) ou deuxième classe supérieure (upper second class honour ; 2,1) gagnent plus d’argent à l’âge de 30 ans que ceux ayant obtenu des mentions inférieures (2,2 ou moins). Cette tendance s’est révélée ne pas être liée à l’établissement fréquentée par les étudiants, suggérant que les notes comptent davantage que la réputation d’une université.
Plus facile d’obtenir de bonnes notes dans les universités moins sélectives
Dans les universités britanniques, l’obtention d’un diplôme avec les honneurs de première classe, l’équivalent d’une mention très bien, signifie que les notes, exprimées en pourcentage, atteignent une moyenne pondérée généralement supérieure à 70 %. Environ 20 % des étudiants obtiennent une moyenne supérieure à 70 %, une proportion qui augmente avec le temps puisque la part des personnes obtenant un diplôme de première classe a plus que triplé entre les cohortes de diplômés de 1999 et 2015. Les mentions de deuxième classe se situent généralement dans une fourchette de 60 à 69 % (diplôme de classe 2,1) et de 50 à 59 % (2,2).
Et même si les étudiants des meilleures universités ont tendance à avoir de meilleures notes, l’étude montre qu’il est plus facile d’obtenir de meilleures notes dans des institutions moins sélectives.
À la demande du ministère de l’éducation, les auteurs ont recoupé les données des universités du Royaume-Uni, des revenus des britanniques et les dossiers scolaires de toutes les personnes qui ont passé le General Certificates of Secondary Education, l’équivalent du baccalauréat, en Angleterre (et non dans tout le Royaume-Uni) depuis 2002.
Ben Waltmann, senior economist à l’IFS et co-auteur de l’étude, a conseillé aux futurs étudiants de prendre connaissance des résultats et à être « plus détendus » quant aux écoles qu’ils souhaitent fréquenter à la lumière de ses conclusions. « Les résultats montrent que la catégorisation des diplômes peut avoir autant d’importance que la fréquentation d’une université pour les revenus futurs », a déclaré M. Waltmann au Guardian.
Les étudiants ayant obtenu de bonnes notes pour leurs diplômes de bachelor (Bac+4) ont tendance à s’inscrire à des études de troisième cycle, master ou doctorat. Mais les différences de salaire sont encore plus importantes lorsqu’ils sont exclus du champ de l’analyse, montrant qu’obtenir de bonnes notes pour son diplôme est d’autant plus rémunérateur si l’on ne poursuit pas ses études ensuite. Les auteurs suggèrent également qu’un diplôme de troisième cycle peut être moins utile pour ceux qui ont déjà une bonne connaissance de leur domaine ou qu’un master ou doctorat n’est pas bénéfique en termes de revenu avant l’âge de 30 ans.
Les différences de salaires avec les notes obtenues varient selon la filière
L’étude a également révélé que les différences de salaire en fonction des notes varient énormément selon la filière choisie.
« Pour de nombreux domaines, la différence entre un diplôme de première classe et un 2.1 est insignifiante pour les revenus », a déclaré Jack Britton, directeur associé de l’IFS et co-auteur de l’étude. Le fait de se spécialiser en anglais ou dans l’enseignement et de ne pas avoir les meilleures notes ne se traduit pas nécessairement par un salaire plus ou moins élevé. Cependant, pour d’autres domaines comme l’économie, le droit, le commerce, l’informatique et la pharmacie, un diplôme avec les plus haut honneurs (supérieur à 70 %) peut entraîner des différences de salaire substantielles, près de 15 % par rapport à un 2,1 (supérieur à 60 %).
Dans l’ensemble, ceux qui ont obtenu au moins 2,1 ont un salaire nettement supérieur à ceux qui n’ont pas atteint ce seuil, ce qui se matérialise par une différence de 3 800 pounds (4 500 euros) dans le salaire annuel médian avant impôt cinq ans après l’obtention du diplôme. Par conséquent, « de nombreux diplômés qui obtiennent un 2,2 dans une université très sélective auraient pu obtenir un emploi mieux rémunéré s’ils avaient fréquenté une université légèrement moins sélective et obtenu un 2,1″.
De plus, les résultats de l’étude suggèrent qu’il faut obtenir au moins un 2,1 (60% minimum) pour accéder aux emplois les mieux payés, à l’exception notable de la médecine, un domaine qui ne récompense pas forcément l’obtention de meilleures notes.
Obtenir de bonnes notes semble d’autant plus important dans les universités prestigieuses car avoir un 2,1 devient beaucoup plus rentable dans les universités plus sélectives. Une personne ayant obtenu un diplôme de classe 2.1 (60−69 %) dans une université comme Oxford, Cambridge, Imperial College London ou la London School of Economics gagnera en moyenne 20 % de plus qu’une personne de la même école ayant obtenu un diplôme 2.2 (50−59 %) à l’âge de 30 ans.
Cela renforce donc l’idée que les universités sélectives peuvent être très rémunératrices, mais que les étudiants doivent pour cela obtenir d’excellentes notes.
Cette dernière donnée fait néanmoins apparaître des « différences marquées entre les genres » dans les universités de haut niveau, puisque le gain en termes de revenu d’un diplôme avec mention très bien par rapport à un diplôme de 2,1 est presque nul pour les femmes, mais substantiel (environ 14 %) pour les hommes.
Pour les auteurs, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes diplômés s’explique en grande partie par le choix de la filière. Mais parmi les hommes et les femmes diplômés de la même matière, un écart de rémunération apparaît dès l’âge de 30 ans, et même si la maternité en est une « raison importante » ce « n’est pas uniquement ce qui l’explique ».