À l’approche de l’hiver et alors que les prix de l’énergie s’envolent, la Slovaquie envisage plusieurs manières de faire des économies au sein de l’administration.
Les pays européens travaillent à atténuer les conséquences de la hausse des prix de l’énergie et de la baisse de l’approvisionnement en gaz en provenance de Russie, et le ministère slovaque de l’environnement a envisagé plusieurs domaines dans lesquels l’administration publique pourraient économiser de l’énergie.
Dans un document de travail que Dennik N a relayé, le ministère de l’environnement a présenté certaines propositions qui furent ensuite débattues en conseil des ministres le 21 septembre.
Les mesures mises sur la table peuvent être de simples incitations tout comme des changements plus contraignants. Les analystes ont proposé par exemple d’équiper les bâtiments de détecteurs de mouvements et d’ampoules LED moins consommatrices en électricité, mais aussi des mesures plus controversées comme la fermeture des écoles le vendredi.
À l’instar de ce que d’autres pays tenteront de mettre en œuvre, les températures dans les bâtiments publics pourraient être réduites à 20 degrés maximum dans les bureaux. Les couloirs et cages d’escalier auraient deux degrés de moins. Le chauffage dans les bâtiments pourrait également commencer à une date plus tardive que d’habitude.
En France, les discussions tournent plutôt autour d’une température dans les bureaux à 19°C, alors que la ville de Paris a annoncé que la température des bâtiments publics sera progressivement abaissée à 18ºC le jour et à 12ºC la nuit. À Berlin, la température des bâtiments publics sera abaissée à 19ºC, et à 17ºC dans les couloirs et les cages d’escalier. En Hongrie, un décret va limiter le chauffage à 18ºC maximum au sein des bâtiments publics.
Comme en France, l’éclairage extérieur des monuments historiques slovaques pourrait s’arrêter plus tôt la nuit, tandis que Berlin les a complètement éteints.
D’autres économies pourraient être réalisées en ordonnant aux fonctionnaires de télétravailler les lundis et/ou vendredis et pendant les périodes de vacances scolaires. Selon les analystes, les mesures sur le télétravail pourraient permettre d’économiser jusqu’à 20 % d’énergie. Il s’agirait des mesures envisagées qui économiseraient le plus d’énergie à ce jour, selon le ministre du travail Milan Krajniak.
Mais les employés de la fonction publique pourraient ne pas uniquement constater une baisse de température dans les bureaux. Ils pourraient également ne plus avoir d’eau chaude et se voir retirer les appareils électriques qui ne sont pas liés au travail, comme les réfrigérateurs et les micro-ondes par exemple. La ville de Berlin a déjà coupé l’approvisionnement en eau chaude dans les bâtiments publics, excepté pour les douches et sanitaires des complexes sportifs.
À Bratislava, capitale de la Slovaquie, les températures ne dépassent guère les 5 degrés durant les journées de décembre à février.
Selon Zuzana Eliášová, porte-parole du ministère de l’intérieur, des notices d’information pour limiter une aération excessive ou encore pour faire attention à la température de l’eau pourront être distribuées aux employés.
Les écoles et les hôpitaux seront prioritaires
Les changements proposés par le ministère de l’environnement pourraient également affecter les établissements scolaires. Le projet suggère de fermer les écoles le vendredi et de prolonger les vacances de Noël de deux semaines supplémentaires pour éviter de chauffer les classes.
Ces idées interviennent quelques jours après que le secteur universitaire a exprimé ses inquiétudes quant à la hausse des coûts de l’électricité qui menacerait le fonctionnement des universités et des écoles.
La Conférence des recteurs slovaques, l’un des trois organes représentant les universités en Slovaquie, dans une déclaration soutenue par plusieurs autres syndicats et représentants de l’éducation, a publié le 13 septembre que « les universités sont au bord de l’effondrement ». Elle a prévenu que les universités devraient fermer leurs portes à partir de la mi-novembre si elles continuaient à subir des coupes budgétaires et ne recevaient pas davantage de moyens pour pouvoir payer les factures d’énergie.
Mais le lendemain, le Premier ministre Eduard Heger a réagi en déclarant que le gouvernement ferait des établissements scolaires et de santé une priorité pour le chauffage des bâtiments publics cet hiver et a recommandé aux recteurs de ne pas paniquer face à la crise énergétique. « Pensez-vous que nous allons laisser les élèves et les étudiants geler dans les écoles ? Pensez-vous que nous allons laisser les patients geler dans les hôpitaux ? Il n’en est pas question », a‑t-il déclaré.
En Hongrie, certains bâtiments publics comme les écoles, les établissements de santé, de protection sociale, les crèches – mais aussi la Banque nationale hongroise selon Telex – ne sont pas soumises aux mêmes restrictions de température. Les écoles primaires devront toutefois être à 20°C maximum.
Le premier ministre slovaque a demandé aux écoles de fournir des informations précises sur leur consommation annuelle d’électricité afin de calculer les conséquences sur leurs budgets.
Il a également assuré que les écoles ne seraient pas fermées en raison des prix élevés de l’énergie et a rejeté l’idée que l’apprentissage à distance se reproduise comme lors de la pandémie de Covid-19.
Début septembre, le Premier ministre a signé à Rome un contrat d’approvisionnement en gaz naturel liquéfié en provenance d’Italie afin de réduire sa dépendance au gaz russe.
Mais une grande partie des mesures prises par la Slovaquie dépendront des discussions entre les membres de l’Union européenne, notamment pour un gel des prix commun. Le nouveau ministre de l’économie, Karel Hirman, a estimé que le plafonnement des prix de l’énergie était l’un des mécanismes de base permettant de porter les prix « à un niveau tolérable que chacun pourra se permettre ». Le gouvernement prévoit également de mettre en place des chèques énergie pour les familles les plus modestes.
Et au cas où il n’y aurait pas d’accord à l’échelle de l’UE, le gouvernement a approuvé un projet de loi qui faciliterait la déclaration de l’état d’urgence, afin que le pays puisse appliquer son propre plafonnement des prix de l’énergie.