La Hongrie va appliquer une « taxe spéciale sur les bénéfices excessifs » aux compagnies aériennes alors que Ryanair et consorts perdent de l’argent. Le PDG de Ryanair Michael O’Leary a qualifié le ministre du développement économique d” »idiot fini ».
Le 14 juin, le patron de Ryanair, Michael O’Leary, a déclaré qu’il pensait que Márton Nagy, le ministre hongrois du développement économique, était un « idiot fini », alors que le pays instaure une taxe aux compagnies aériennes à partir du 1er juillet.
Le nouveau gouvernement de Viktor Orbán, après avoir déclaré l’état d’urgence dans le pays, a annoncé fin mai une série de mesures visant à améliorer les finances de l’État. Il s’agit notamment d’une taxe sur les « extra-bénéfices » durant les deux prochaines années qui s’appliquera aux grandes entreprises du secteur bancaire, des assurances, de l’énergie, l’industrie pharmaceutique, la grande distribution et les compagnies aériennes
Cette taxe sur les bénéfices excessifs, les superprofits, devrait rapporter 800 milliards de forints (2 milliards de dollars) par an à l’État, dont 30 milliards de forints des compagnies aériennes.
Mais pour le PDG de Ryanair, habitué aux déclarations fleuries, « nous ne pouvons pas comprendre son argument selon lequel une taxe spéciale sur les bénéfices excessifs devrait être imposée à l’industrie de l’aviation alors que nous avons subi des pertes record l’année dernière à cause de Covid » et qu’ils pâtissent aussi de l’invasion de l’Ukraine.
Ryanair Holdings a annoncé le 16 mai une perte de 355 millions d’euros pour 2021. L’entreprise irlandaise est l’une des plus grandes compagnies aériennes opérant en Hongrie avec Wizz Air, une compagnie aérienne hongroise low-cost, qui a déclaré des pertes avoisinant les 650 millions d’euros en un an. Le directeur général de Wizz Air a également estimé qu’une telle taxe n’avait aucun sens et que l’entreprise pourrait augmenter ses prix.
Le même jour qu’une interview de M. O’Leary accordée à hvg.ru, Ryanair a dénoncé sur son site une taxe « idiote » sur les bénéfices anormaux et condamné ce « vol éhonté d’un gouvernement ». M. O’Leary a demandé au ministre Mr Nagy d’annuler cette taxe « ou au moins de la limiter aux industries pétrolières ou gazières qui réalisent des profits exceptionnels, et non aux compagnies aériennes qui enregistrent des pertes record ».
Il a également déclaré que la compagnie enverrait à M. Nagy un exemplaire de L’économie pour les nuls.
Avec la nouvelle taxe qui entrera en vigueur le 1er juillet, la Hongrie percevra 3 900 forints (10 euros) pour chaque passager d’un avion décollant de la Hongrie vers un État membre de l’Union européenne, l’Albanie, Andorre, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, l’Islande, le Kosovo, le Liechtenstein, la Moldavie, Monaco, le Monténégro, la Grande-Bretagne, la Norvège, Saint-Marin, la Suisse, la Serbie ou l’Ukraine. Les vols en partance pour d’autres pays seront facturés 9 750 forints (25 euros) en plus, selon Télex. Les voyageurs en transit ne sont pas soumises à cette taxe.
Le décret du gouvernement impose la taxe sur les services au sol dans les aéroports hongrois, mais les sous-traitants peuvent transférer cette charge aux compagnies aériennes, selon Ryanair.
Ainsi, la compagnie low-cost dont le siège est à Dublin a envoyé une lettre aux clients qui ont acheté des billets après le 4 juin pour les informer qu’ils devront payer un supplément de 3 900 forints pour les vols à partir du 1er juillet en raison de la taxe sur les superprofits.
Les clients ont la possibilité d’annuler leurs billets et de se faire rembourser intégralement avant le 16 juin, faute de quoi l’argent sera prélevé directement sur le compte de la carte bancaire utilisée pour acheter les billets. Ryanair prévient également qu’il y aura moins de vols vers la Hongrie à cause de la taxe à l’avenir, bien qu’elle n’envisage pas de fermer de liaison pour le moment.
Le gouvernement avait averti que la taxe ne devait pas être appliquée aux clients. Le ministre du bureau du premier ministre Gergely Gulyás a signifié que le gouvernement aurait les moyens légaux de retirer des bénéfices si les compagnies aériennes facturaient des frais supplémentaires aux consommateurs pour la taxe et qu’il prendrait des mesures si elles y avaient recours de manière importante.
Après que Ryanair a annoncé qu’elle appliquait la taxe aux consommateurs, le ministre du développement économique, M. Nagy, a lancé une enquête sur la protection des consommateurs afin de déterminer si la compagnie aérienne appliquait des tarifs déloyaux.
Il espérait également que « les réponses de la compagnie aérienne seraient aussi rapides lorsque les citoyens hongrois » s’adressent à leur SAV pour une plainte. « Nous espérons que les passagers ne seront pas traités avec une telle arrogance ». M. Nagy a également affirmé ne pas comprendre pourquoi Ryanair fait deux poids deux mesures en payant une taxe similaire en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et en France mais a des « problèmes » avec celle de la Hongrie.
Mais M. O’Neill affirme qu’un gouvernement de l’Union européenne ne décide pas des politiques tarifaires des compagnies aériennes. Il a également déclaré que « nous ne perdons pas notre temps à négocier avec un gouvernement qui a ce ministre stupide ».