Les autorités ghanéennes sont sur le qui-vive contre les tentatives de coup d’État. Elles ont emprisonné un dirigeant d’une organisation civique protestant contre l’E-Levy, car il aurait suggéré un coup d’État contre le gouvernement. Il s’agit de la dernière arrestation en date de plusieurs critiques du gouvernement.
Le militant Oliver Barker-Vormawor a été arrêté par les autorités ghanéennes le 11 février à l’aéroport d’Accra, où il avait atterri en provenance du Royaume-Uni.
Oliver Barker-Vormawor est le leader de Fix The Country, un mouvement civique lancé en mai 2021.
Lundi, le tribunal de district d’Ashaiman a placé Oliver Barker-Vormawor en garde à vue jusqu’au 28 février. Il est accusé de trahison.
Les autorités considèrent qu’il a appelé à un coup d’État. « Si cette E‑Levy passe après ces conneries de Cake, je ferai le coup d’État moi-même. Armée inutile ! », a posté Oliver Barker-Vormawor sur Facebook le 9 février.
Le communiqué de la police indique que son « message contenait une intention claire avec une possible volonté d’exécuter un coup d’État dans sa déclaration d’intention de subvertir la constitution de la République du Ghana ».
L’E-Levy est un projet de loi controversé au Ghana qui a donné lieu à plusieurs manifestations depuis son annonce.
En novembre 2021, le ministre des finances du Ghana annonçait l’introduction d’une taxe de 1,75 % sur toutes les transactions électroniques, y compris les paiements mobiles, à partir de janvier 2022.
L’E-levy, abréviation de Electronic Transaction Levy, s’appliquerait à partir de 100 cedis (16 dollars) dépensés en ligne par jour. La taxe a ensuite été réduite à 1,5 %. La nouvelle directive devrait rapporter 9 milliards de cedis (1,5 million de dollars) à l’État chaque année.
La taxe E‑Levy est très critiquée alors que les services bancaires mobiles et les paiements électroniques peuvent contribuer à réduire l’exclusion financière dans les zones reculées. Les détracteurs du projet de loi affirment que la population se tournerait vers l’argent liquide pour éviter la taxe.
Le projet de loi n’a pas encore été adopté.
Une « criminalisation de la parole » pour l’ancien président du Ghana
Les autorités ghanéennes ont récemment arrêté un certain nombre d’opposants au gouvernement. Depuis décembre, trois journalistes et le directeur d’un groupe de réflexion ont été arrêtés.
L’ancien président John Dramani Mahama, qui a échoué à se faire réélire pour un second mandat en 2016, a écrit une lettre ouverte au président Nana Akufo-Addo. Il s’est dit « consterné par la criminalisation croissante de la parole et du journalisme au Ghana », dénonçant « des incidents troublants de harcèlement de journalistes dans l’exercice de leurs fonctions » ainsi que le meurtre d’un journaliste d’investigation « dans des circonstances très concernantes ».
Le vice-ministre ghanéen de la défense, Kofi Amankwa Manu, a déclaré que les agences de sécurité étaient prêtes à empêcher toute tentative de coup d’État : « Si nous voulons prendre la décision de changer le gouvernement de ce pays, nous irons aux urnes et nous n’utiliserons pas de balles », a déclaré le ministre.
Kofi Amankwa Manu a par ailleurs estimé que les mentions d’un coup d’État nuisent à l’image internationale du Ghana, effrayant les investisseurs et avec un effet dévastateur sur l’économie ghanéenne.
L’Afrique a été touchée par plusieurs coups d’État récemment, comme au Soudan, au Mali ou au Burkina Faso.