Une étude menée au Royaume-Uni dans le secteur de la santé révèle qu’une chirurgienne sur trois a été victime d’une forme d’agression sexuelle dans le cadre du travail, allant parfois même jusqu’au viol.
Une étude récente menée par l’université du Surrey et l’université d’Exeter révèle des problèmes de comportement sur le lieu de travail au sein du personnel chirurgical du Royaume-Uni, soulignant que les femmes sont touchées de manière disproportionnée.
L’étude montre que de nombreux chirurgiens, hommes et femmes confondus, ont été victimes de comportements sexuels déplacés sur leur lieu de travail au cours des cinq dernières années. En effet, 63 % des femmes ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part de collègues, tandis que 24 % des hommes ont déclaré de même.
Publiée le 12 septembre dans le British Journal of Surgery, cette étude a été menée dans le cadre d’une enquête anonyme en ligne auprès de 1 434 médecins participants, dont 51,5 % étaient des femmes. L’objectif était d’attirer l’attention sur les différentes formes de harcèlement sexuel subies par les professionnels de la santé, en particulier les femmes, sur leur lieu de travail.
Harcèlements au travail dans le domaine de la santé au Royaume-Uni
Le harcèlement va de commentaires déplacés à des contacts physiques, de toucher les parties génitales de la personne au viol. Au moins 11 cas de viol ont été enregistrés – au cours d’opérations, de formations, de conférences et d’événements après le travail – bien que les auteurs de l’étude soulignent que les chiffres réels pourraient être beaucoup plus élevés.
L’étude montre également que 30 % des femmes ont été victimes d’agressions sexuelles de la part de leurs collègues, ce qui est le cas pour 7 % des hommes. La coercition sexuelle ou les contacts physiques forcés en vue d’une promotion professionnelle ont été signalés par 11 % des femmes. Outre l’expérience personnelle, la majorité des participants ont déclaré avoir été témoins d’une forme ou d’une autre de comportement à caractère sexuel déplacé.
L’étude estime que le National Health Service (NHS), le General Medical Council (GMC) et le Health Education England and Royal Colleges, les organismes chargés d’assurer la sécurité des professionnels de la santé, n’abordent pas de manière adéquate ce type de comportements entre professionnels de la santé et au sein des soins de santé. Pour le moment, aucune de ces trois organisations n’a réagi officiellement à l’étude.
Au début du mois de mai, une enquête conjointe du British Medical Journal et du Guardian a révélé que les établissements du NHS ont documenté plus de 35 000 incidents de viol, d’agression sexuelle et de harcèlement entre 2017 et 2022.
Par ailleurs, l’enquête a conclu que moins d’un établissement sur dix avait mis en place des politiques pour traiter le problème et qu’il n’avaient donc pas réussi à protéger le personnel médical.
7 % des médecins britanniques qui sont victimes de harcèlement sexuel ont quitté leur emploi
Cela a incité le GMC à publier en août de nouvelles lignes directrices qui entreront en vigueur en janvier 2024. Le nouveau protocole stipule pour la première fois que le personnel médical ne doit pas « agir de manière sexuelle envers ses collègues dans le but de les offenser, de les embarrasser, de les humilier ou de les perturber », ce qui peut inclure – sans s’y limiter – des commentaires verbaux ou écrits, l’affichage ou le partage d’images à caractère sexuel, ainsi que tout « contact physique malvenu ».
Mais l’étude a également révélé un manque de confiance dans les réponses des organisations. Seules 16 % des femmes considèrent que les NHS Trusts traitent correctement les cas de comportements à caractère sexuel déplacés, et seulement 15 % ont confiance dans l’efficacité du GMC à ce sujet.
La situation a également des conséquences sur le personnel disponible pour s’occuper des patients, puisque 7 % des médecins ayant été victimes de harcèlement sexuel ont quitté leur emploi, selon un rapport de 2019 des médecins britanniques.
Fleur Curtis, 43 ans, qui confectionne désormais des chapeaux, a décidé de partager son histoire, considérant la situation au Royaume-Uni de « décourageante ». En tant qu’ancienne assitante médicale à l’hôpital Princess Royal de Telford, une ville moyenne au nord-ouest de Birmingham, elle a été agressée sexuellement par un médecin débutant en 2016 et 2017 à trois reprises. Elle a signalé l’incident et demandé la suspension de ce dernier. L’enquête a révélé une série de plaintes similaires contre le médecin, qui ont finalement abouti à son licenciement. Mais bien qu’il ait été mis en examen pour agression sexuelle, le médecin fut acquitté.
Ainsi, quand bien même les hôpitaux agissent à la suite d’une plainte, la justice ne prévaut pas toujours. Selon les données du NHS obtenues par The Telegraph, 807 membres du personnel de santé au Royaume-Uni ont été accusés d’avoir harcelé sexuellement un collègue ou un patient entre 2017 et 2022, mais seuls 45 furent finalement reconnus coupables.